L’intervention publique de Nafissatou Diallo prévue ce jeudi 28 juillet aurait eu de quoi surprendre si nous ignorions de quoi est faite la pierre angulaire du système : l’émotion. Qui entend attaquer, qui prétend se défendre, se doit d’émouvoir quitte à oublier jusqu’à la signification du mot “pudeur”. La probité de la plaignante sera d’autant plus convaincante qu’elle s’exposera elle-même, en toute « simplicité », avec ses propres mots, et, en outre, dans un lieu hautement symbolique, en l’occurrence ici, un centre chrétien situé dans un quartier pauvre de Brooklyn.

« Avec ma fille, je pleure tous les jours », a-t-elle confié devant les journalistes, ajoutant que “la seule raison pour laquelle je suis ici est parce que les gens m’ont traitée de plein de mauvais noms, c’est pour ça que je suis là, pour que les gens comprennent que beaucoup de choses que l’ont dit sur moi ne sont pas vraies. Je vais être forte pour toi, ma fille, et pour toutes les autres femmes dans le monde… “

Et de poursuivre, entourée de son avocat, du pasteur A.R. Bernard, directeur de ce centre, et de plusieurs dirigeants d’organisations de défense des femmes : « Ma fille m’a dit : ‘s’il te plaît maman, arrête de pleurer, les gens t’appellent par de mauvais noms, les gens disent des mauvaises choses sur toi parce qu’ils te connaissent pas. Tu dois te rappeler : ce gars est puissant, tout le monde sait ça, mais pour toi, seuls les gens avec qui tu travailles, ou tes voisins qui te connaissent… Ces gens disent des bonnes choses sur toi parce qu’ils te connaissent, s’il te plaît maman arrête de pleurer, pour moi…’, a-t-elle affirmé. Je me dis: Dieu, pourquoi moi ? Pourquoi moi ? ».

Son intervention ne devait pas être suivie d’une conférence de presse. Ce qui n’a évidemment pas empêché les journalistes d’affluer, camions et antennes satellitaires d’être installés dans le parking de l’immeuble qui héberge notamment des lieux de prières, une garderie d’enfants, une bibliothèque, une école.

Son avocat s’est exprimé en affirmant que même si la justice concluait à un non-lieu au pénal, sa cliente engagerait des poursuites au civil pour demander des dommages et intérêts.

L’ancien directeur du FMI est toujours sous le coup de sept chefs d’accusation aux Etats-Unis, notamment tentative de viol, agression sexuelle et séquestration, qui peuvent lui valoir de nombreuses années de prison. Il a été libéré sur parole au terme de sa dernière comparution, le 1er juillet, après que les procureurs eurent déclaré avoir découvert des failles dans le récit de la jeune femme. Il est toujours privé de son passeport et ne peut quitter le territoire américain.

4 Commentaires

  1. Il est vrai qu’avec tous les violons envoyés par les pro-dsk sur sa dignité perdue, il vous était nécessaire de réaffirmer votre monopole de l’émotion.

  2. hum..
    si j’ai bien compris vous lui demandez une sobriété que nous ne nous sommes pas appliqués à nous-mêmes..
    amicalement

  3. Eh oui, la bataille de l’opinion, les amis de DSK s’en sont charge en France, c’est « la regle du jeu » de notre monde moderne. Certains en habit de pasteur, d’autres en costume de philosophe, c’est communaute contre communaute, bienvenue dans un monde de rapport de force, bien loin du monde des idees et de la philosophie.

  4. Je suis pour un procès, afin que tous les faits de l’acte soient exposés dans leur intégralité et par les 2 parties.
    C’est la solution qui me semble la plus équitable, ça donnerait sinon l’impression que l’affaire veuille être étouffée.
    A suivre…