Jacques Henric nous a averti, à plusieurs reprises, de l’accueil par l’Iran du 21 au 23 novembre prochain de la Journée mondiale de la philosophie 2010, un événement qui a pour initiateur l’UNESCO et pour thème  » la Philosophie, la diversité culturelle et le rapprochement des Cultures ». Malgré la vague de protestations internationales suscitée par cette désignation, on vient d’apprendre de la radio d’État iranienne que la République islamique allait réviser les programmes des 12 matières universitaires jugées trop influencées par la pensée occidentale.

Sont principalement visées, la philosophie, la gestion, la psychologie, mais aussi les cursus en Droits de l’Homme, en études féminines et en sciences politiques, des domaines actuellement en vogue en Iran. « Le contenu des cours actuels dans ces 12 matières n’est pas en harmonie avec les fondements de la religion », a déclaré à la radio Abolfazl Hassani, un haut responsable de l’éducation, reprochant à ces cours d’être « basés sur des écoles de pensée occidentales ».

Non seulement, les programmes seront passés en revue, mais les universités ne peuvent à présent plus ouvrir de nouveaux départements pour enseigner ces matières. Sur 3,5 millions d’étudiants iraniens, deux millions se consacrent aux sciences humaines et sociales, d’après les statistiques gouvernementales.

Cette annonce intervient alors que Gholam Ali Hadad Adel, ancien porte-parole du Parlement iranien, qui est en charge de la Journée mondiale de la Philosophie à Téhéran, a décrit l’événement à venir comme « le rassemblement des philosophes et des penseurs dans le but de discuter et d’échanger des idées philosophiques, de soutenir l’enrichissement de la philosophie comme l’un des piliers vers l’excellence, pour une plus grande compréhension des principes irano-islamiques de philosophie ainsi qu’une familiarisation des étudiants et des chercheurs iraniens avec les dernières découvertes scientifiques et accomplissements dans le monde », selon l’agence de presse iranienne ILNA.

Adel a ajouté que la ville iranienne de Qom, le quartier général du Clergé chiite iranien, était directement impliquée dans l’organisation de cet événement et que seuls des écrivains venant de cette ville étaient habilités à écrire des articles pour la Journée. Celle-ci a invité près de 400 philosophes du monde entier, dont les organisateurs ont préféré taire les noms afin d’empêcher que les partisans du boycott ne les contactent.

Il n’y a pas que les matières qui soient désormais victimes de purges dans les universités iraniennes. « L’université libre », établissement privé d’enseignement secondaire en Iran, qui rassemble près de 400 000 étudiants dans tout le pays, a annoncé la semaine dernière qu’elle avait licencié tous les professeurs laïques évoluant en son sein, une « minorité absolue » selon elle, pour ne pas avoir été en phase avec les doctrines de la République islamique.