Ah ! Le fameux chaudron des Balkans, voilà que – par ricochet historique – il brûle encore et s’ingénie à faire parler la poudre, chez nous, à Marseille.

Il y a quinze jours, les policiers de la BAC nord ont saisi un lot important de fusils d’assaut AK 47. Arme de guerre soviétique, mythique, dévastatrice et cinématographique (cf : The Lord Of War, film basé sur la vie du marchand d’armes russe Viktor Bout).

Le mur de Berlin écroulé, ce fut l’aubaine pour les trafiquants de tout poil, puisque s’offraient à eux un extraordinaire arsenal russe, frais et dispos, des généraux cinq étoiles avides, prompts à la négoce, et totalement décontenancé par cette paix embarrassante.

Depuis la fin du conflit en ex-Yougoslavie, jamais les marchands d’armes n’ont autant prospéré, parfois main dans la main avec des hommes d’affaires français peu scrupuleux.

Ces derniers ayant négligé deux leçons inhérentes à leurs trafics :

1/ Le propre d’une arme c’est qu’elle peut se retourner contre vous. Tant que ces français exportaient au-delà de nos frontières, nous étions à peu près tranquilles. Là, il s’agit d’import massif. Intra-muros.

2/ Le risque, quand des trafiquants d’armes se cherchent querelle, c’est qu’ils ne sont jamais à court de munition.

La réalité, c’est que ces réseaux demeurent toujours actifs, telles de vieilles affaires familiales et contaminent désormais la nouvelle et jeune génération, plus encline aux manières radicales et aux violences expéditives.

Jusqu’à la dernière décennie, à part quelques braqueurs chevronnés qui s’attaquaient à des fourgons bancaires, outillés avec le lance roquette RPG 7 ou le fusil d’assaut M16, les armes de guerre gros calibre n’intervenaient pas dans les cités. Encore moins chez la délinquance mineure.
Les bandes rivales faisaient la loi à coup d’armes classiques, fusils à pompe, 22 long rifle, pistolet Beretta (vieux modèle), Smith & Wesson, 357 Magnum. Même le très prisé pistolet mitrailleur Uzi restait du domaine du fantasme par son coût trop cher. De plus, il est passé de mode. Telle la dernière Play Station.

Ce temps béni à la Walt Disney est révolu. Aujourd’hui, les gamins nocifs s’éclatent à la Kalach’ …
Oui ! Le célèbre AK 47, ou l’Avtomat Kalashnikova avec sa cadence de 30 balles en trois secondes, est devenu la Rolex des voyous.
Comment cet engin de mort, est-il parvenu jusqu’aux mains des baby killers phocéens prospérant au nez et à la barbe des services de renseignement ?
Profitant des réseaux vieux de vingt ans – Croate, Serbe, Russe – les Guns dealers ont simplement permuté leurs cibles commerciales vers un nouveau Mercato florissant – l’Europe – et la clientèle de ses banlieues-ghettos.

Auparavant, le business de la Kalachnikov s’éloignait des terrains déjà saturés, comme ceux du terrorisme, des guérillas d’Amérique du sud, d’Afrique, d’Afghanistan ou des lignes de front arabes.
L’AK 47, célébrée jadis par le Djihad, s’offre une nouvelle jeunesse au dam des policiers français (et donc InterPol) déroutés par cette nouvelle menace et ces intrusions clandestines.

Avec un prix de base de 500 à 2000 euros, la Kalachnikov trouve de plus en plus d’acquéreurs, par sa fiabilité, sa résistance et sa puissance de feu.
Si encore, notre arme nationale avait été choisie : Le FA-MAS… Mais non. Son design et sa maniabilité relative, découragent même nos alliés.
Regardez l’armée Monégasque : quand il a fallu renouveler son arsenal pour ses trois cents militaires, policiers et hommes de sécurité, et ainsi signer un gros chèque pour notre industrie, c’est le fusil d’assaut M16 américain qui a remporté le marché.
Personne de la presse n’a moufté !

Notre FA-MAS modèle G2 coûte 3000 euros pièce. Faites la multiplication.
Et voilà que chez nous, face aux forces de l’ordre, la Kalach s’installe en tête de gondole de la panoplie du parfait mini Al Pacino/Scarface de la Cannebière.
La guerre froide a beau être terminée, il n’est pas improbable que nous risquions bientôt de prendre du plomb russe dans les fesses.

Je préfère le caviar, Ivan Rebroff et le top modèle ukrainien Svetlana Pouchkine.