Nous étions plus de quatre cents, ce vendredi 17 août, rassemblés à la mi-journée en soutien aux trois filles de Pussy Riot, dans l’attente du verdict que devait finalement rendre un peu plus tard le tribunal moscovite qui leur a infligé une invraisemblable peine de deux ans de camp. Mobilisation parisienne réussie place Stravinsky, devant le centre Pompidou, en cette journée accablée de chaleur, alors que la mi-août est d’ordinaire peu propice aux initiatives militantes. L’appel à manifester avait été lancé par l’association Russie Libertés ainsi que par Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l’homme, Sud-PTT, les Jeunes socialistes, les Jeunes écologistes, Osez le féminisme… La Règle du Jeu s’était associée au rassemblement. Dans la petite foule on voyait des militants du NPA tenant leurs bannières, des anarchistes regroupés sous leurs drapeaux noirs. Visiblement le cas des trois punkettes russes sensibilise à gauche et à l’extrême gauche, ce dont on ne peut que se féliciter.

Les propos tenus par la juge moscovite, estimant que par leur concert et leur «prière anti-Poutine» dans la cathédrale du Christ-Sauveur les filles avaient «violé l’ordre public» et «offensé les sentiments des croyants», relevaient d’un registre chrétien archaïque et obscurantiste qui ne passe pas en terre laïque. D’autant que la magistrate aux ordres du Kremlin en a rajouté : insistant sur le caractère «sacrilège» de l’espèce de happening punky de Pussy Riot et sur leur «haine de la religion», elle a écouté avec une compassion émue les témoignages des personnels travaillant dans la cathédrale, dont certains avaient porté plainte pour les «souffrances morales» occasionnées par la «prière punk» des jeunes femmes.

Tout comme à Moscou au même moment, les manifestants parisiens ont scandé des slogans contre Poutine, qu’avait précisément ciblé les trois inculpées. Nul n’est dupe de l’instrumentalisation démagogique de la religion orthodoxe par le chef de l’Etat russe, religion orthodoxe dont les dignitaires se reconnaissent d’ailleurs parfaitement dans le national-populisme autoritaire du régime.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont donc été lourdement condamnées. Mais leur cas a heureusement suscité une forte réaction internationale de solidarité, pointant la nature peu ragoûtante du climat politique anti-démocratique qui prévaut à Moscou. Les médias occidentaux ont donné un large écho à l’affaire, des célébrités du show-biz se sont engagées pour demander leur libération. Il ne faudra pas relâcher la pression tant qu’elles seront emprisonnées. Dans la foulée de cette réconfortante mobilisation pour Pussy Riot, nous osons espérer qu’une protestation d’une même ampleur s’exprimera en faveur de la pakistanaise Asia Bibi, chrétienne, mère de cinq enfants, condamnée à mort pour blasphème et emprisonnée depuis juin 2009. Ou pour Ghazi Béji et Jabeur Mejri, ces deux jeunes Tunisiens auxquels un tribunal de Tunis a infligé, en juillet dernier et dans l’indifférence quasi-générale, sept ans de prison pour avoir publié sur le Net des documents « de nature à nuire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs » – en l’occurrence ils s’étaient vaguement moqués de l’islam et de son prophète. Jabeur Mejri est emprisonné dans des conditions sordides et se trouve confronté à l’hostilité de ses co-détenus ; quant à Ghazi Béji, il avait pu quitter à temps la Tunisie et se trouve aujourd’hui en Roumanie, d’où il voudrait venir en France. Le pays des bouffeurs de curés saura-t-il aider ces deux bouffeurs d’imams ?

2 Commentaires

  1. Voilà qui doit drôlement inquiéter Poutine, 400 manifestants pro-pussy riot … LOL
    Poutine et les chinois, rien que des méchants qui osent encore soutenir Le dictateur syrien .
    Avec de telles manifs, Bashar a encore de longs moments devant lui à massacrer son peuple.
    C’est dingue comme on ne passe pas un jour dans nos médias français sans nous montrer à quel pojnt les russes et chinois ont des dirigeants anti-démocratiques .
    Qui en France ignore encore qui sont les Pussy-riot ?
    En ce moment en France n’ existent plus dans nos médias que des sujets sur la Syrie, Poutine ou l’ ogre iranien ?

  2. N’oublions pas non plus qu’en France, on peut écoper de 15 mois de prison pour le simple fait de bruler un drapeau national. Et qu’Assange est victime d’une chasse aux sorcières de la part des USA et de ses laquais brittaniques.
    Liberté d’expression, deux poids, deux mesures devrait être votre slogan.