J’accuse la vente illégale à Compiègne d’un morceau du patrimoine national français inaliénable depuis Charles V, actuellement instruite par la Cour de justice de la République, d’être un des déclencheurs responsable objectivement, nécessairement, historiquement, statistiquement, des suicides de fonctionnaires de l’Office National des Forêts.

J’appelle “sous-France” non pas moins de France mais au contraire sa base. Son soubassement. Avec ces morts insupportables, inexcusables, c’est la France atteinte au cœur de son histoire et de son espace qui appelle à l’aide. Pour qui ces malheureux ont-ils tiré le signal d’alarme ? Pour les électeurs, les électrices. Pour leur dire que c’est politique. Et c’est précisément en osant entendre leur message, et en le portant au premier plan de la campagne présidentielle, qu’il est possible de stopper la contagion de suicides à l’ONF.

Le peuple est le souverain. Il est le propriétaire des forêts de la République. Elle a hérité de cinq siècles de préservation et de construction. Depuis deux cents ans elle a encore musclé et affiné sa réflexion dans le même sens. Continuant les rois, elle a dynamisé cet admirable bâtiment vivant diversifié sur tout son territoire, ce sublime édifice où l’orgueil de tous ses habitants se sent légitime et généreux. Voici un des métiers les plus enviés et respectés. Les professionnels de la forêt sont depuis des siècles un corps d’experts de la substance France au plus sûr de sa longue durée, au plus intime de sa confiance en elle-même… D’où vient que ces hommes se tuent ?

Que nous disent-ils par là ? Que leur répondrons-nous ?

Par quoi, par qui, sont-ils trahis ?

Je persiste et signe : j’accuse la vente illégale à Compiègne d’un morceau du patrimoine national français inaliénable depuis Charles V, actuellement instruite par la Cour de justice de la République, d’être un des déclencheurs responsable objectivement, nécessairement, historiquement, statistiquement, des suicides de fonctionnaires de l’Office National des Forêts.

Le président Valéry Giscard d’Estaing vient de sauver l’honneur du peuple et de la nation en réimposant leur droit de propriété sur l’hôtel de la Marine place de la Concorde. Une vérité vitale de salut public. Merci à lui. Heureusement qu’il est là. Le jugement qu’il a rendu est empreint de la vraie grandeur : genre “De Gaulle pas mort”. Pour le coup, comme dirait Laurent Gerra, « ça m’émeut ». J’étais prêt à faire la grève de la faim au pied de l’Obélisque ; et je n’aurais pas été le seul. Mais qu’on ait pu en arriver là ! Il y a vraiment des gens dangereux dans ce pays, qui n’ont plus le moindre sens des vérités élémentaires et intouchables.

Le Canard enchaîné restera-t-il le seul journal en France à avoir retrouvé sans barguigner dans l’affaire (sic) de la vente illégale à Compiègne le sens thérapeutique et libérateur du patrimoine, de la propriété collective inaliénable du peuple souverain ? En tout cas par cette sensibilité immédiate, informée, endurante et pointue, sévère et persévérante, il procède par résurgence et résilience de la sincérité patriotique des poilus des tranchées, ses fondateurs. Je salue le rassemblement gaullien du Canard et de Giscard contre les prédateurs et les bradeurs. A quoi bon des défilés militaires du Quatorze-Juillet si c’est pour nous priver de nos forêts et pousser à la mort nos forestiers ? La patrie, la nation, c’est elles, c’est eux. Ce ne sont pas les discours à tambours, les coups de mentons, les tralalas de machos ; c’est le silence des hautes futaies renouvelées depuis Colbert, ce sont des milliers de gestes efficaces et modestes pour augmenter ces forces de vie et les projeter dans le futur. C’est l’endurant désir de durer de la sous-France réelle.

Il reste l’isoloir pour transmettre la protestation des suicidés. Comment avons-nous pu ne pas les entendre ? Que leurs collègues s’expriment ! Qu’ils disent leurs vérités au grand public, pour déplacer sur l’ensemble des électeurs les pressions qu’ils subissent, intenables et inadmissibles. Que le pessimisme de leur raison retrouve un optimisme de la volonté commune. Cela s’appelle la politique. Le temps est venu pour eux de prendre parti dans la campagne électorale : oui, il existe des voies pour sauver le patrimoine ; pour le rendre à la fois encore plus beau et encore plus rentable. Ce n’est pas le moment de lâcher, d’abandonner. Que de leur expérience, de tout leur savoir, ils nous aident à voter dans l’esprit qu’ils cultivent : l’amour de conserver par amour de l’avenir. Tout ce que les arbres enseignent : s’enraciner pour mieux bondir, sortir, attraper la lumière. Croître et se développer.

J’ai exprimé cela dans mon livre Manifeste archaïque il y a vingt-cinq ans. J’y rappelais la grave, très grave, fatale erreur d’un certain Michel Rocard déclarant en 1980 : « François Mitterrand ne sera pas président de la République parce qu’il est archaïque ». Cette sottise
crasse au comique aujourd’hui intersidéral, et qui s’était “pensée” (?) comme une morsure venimeuse définitive (oui, oui !), fut aussitôt contresignée avec dévotion par la plupart des éditorialistes pontifiants (vérifiez). Au contraire elle me décida à m’engager pour le dit “archaïque”.

Parce que je savais du grec, ma sœur : “arkhê” est le premier mot de l’Evangile de Jean (Jokhanaan, fils de Salomé et Zébédée) ; il signifie à la fois l’origine et la direction aux deux sens du terme. Le point d’appui, le lancement, la source, et leur maintien en vie, en croissance, en puissance et solidité, par le commandement, la volonté des dirigeants qui connaissent la direction et y maintiennent, y tiennent la main. Que l’“archaïque” garantisse et ré-assure sans cesse pour diriger (aux deux sens), s’entend dans la boutade célèbre de l’humoriste Aristote : « Le commencement est plus de la moitié d’un but » (on résume parfois par : « est la moitié du tout »). C’est à partir de la base qu’on s’arrache à la base ; le “retour à la terre”, cette connerie, se contredit par le départ pour de la Terre (majuscule : pour du mondial). Toujours quitter, mais en gardant l’appui, indissociable de la poussée et de la direction. La bonne image est celle de la fusée. Par exemple une élection présidentielle, qui est un lancement dans l’espace-temps : si j’ai publié ce livre en 1986 (Grasset), c’était en vue de celle de 1988. Pour élargir à une philosophie politique générale de l’archaïque, fondée sur l’histoire et la psychanalyse, ma certitude que François Mitterrand allait être réélu. Alors que Michel Rocard raterait toujours le coche de la modernité à force de s’en faire la mouche. La seule modernité est la réalité. Elle est toujours “archaïque”, en mon double sens grec (devenu judéo-chrétien).

La raison, la science, la sagesse, l’histoire, la politique, le mitterrandisme et le freudisme tiennent compte de l’archaïque ; pour garantir les chances de créer, d’inventer, d’innover. L’irrationnel malsain, incompétent, vicieux, sous ses airs de technocrate et d’arrogance, est du côté du jeunisme, de la table rase, de l’inculture (trois synonymes).

Lors d’un déplacement en Alsace le 19 mai 2009, l’actuel président de la République avait reconnu à Ürmatt que « le bois, c’est l’économie nouvelle ». Suivait un catalogue de promesses dont on constate aujourd’hui qu’elles n’ont pas été tenues alors que les destructions de postes à l’ONF ont continué leur rouleau compresseur, suicidaire pour les forêts françaises en écrasant ceux qui travaillent à leur excellence compétitive.

Je cite Le Monde de ce jour-là ; on put entendre : « la filière bois-et-ameublement française souffre d’un déficit commercial absurde de 6 milliards d’euros, alors que le massif forestier français a augmenté de moitié depuis 1950. La filière bois doit fournir le tiers de l’effort de la France, qui s’est engagée à faire passer la part des énergies renouvelables de 9 % à 23 % de sa consommation d’ici à 2020.» Mais le récitant commit l’imprudence de préciser : « C’est l’équivalent de six centrales nucléaires. »

Or, exactement deux ans après, l’Elysée invitait à venir auditionner une nouvelle fois le même intervenant sur les mêmes problèmes de la filière du bois. Il remettait le couvert. Les annonces précédentes étant restées du vent dans les branches de sassafras, les montées d’angoisse des forestiers avaient quand même un peu percé jusqu’au cruel autisme narcissique du Château. Las ! Le 28 avril 2011, à Egletons, en Corrèze, on allait assister à une séance hallucinante où en lieu et place d’engagements qui permettraient un début de rattrapage de l’atroce régression française en matière d’environnement pour cause de militantisme d’Etat pro-nucléaire fanatisé, fut servie une digression interminable (mais dans ce mot l’“inter-” est de trop), forcément haineuse anti-allemande, sur la merveilleuse pureté de cristal du tout-nucléaire franchouillard. Annoncer la forêt, le bois, et de l’oxygène pour les forestiers qui étouffent, et puis occuper ce temps de parole à délirer sur le nucléaire : sans doute une démonstration de “l’humour corrézien”.

Je rappelle que l’éolien, en France, en 2010, a fourni 1,7% de la production française d’électricité. Je dis bien : un virgule sept pour cent. Un chiffre parmi d’autres de l’horrible retard français qui s’accentue par rapport au superbe courage allemand de bond dans la modernité industrielle, voté au parlement de Berlin par tous les partis de gouvernement à la quasi-unanimité (à part les ex-communistes, anti-nationaux, anti-mondialisation, anti-européens). Une honte française. Effarante de bêtise et d’insulte à l’avenir. L’enfer du nihilisme. Il faut refuser cet emballage, cet emballement, vers un suicide collectif. On veut un président de la République, pas un gourou de la secte du nucléaire.

La catastrophe japonaise n’est pas un accident. Elle est cette conséquence logique du nucléaire qui fut désignée, refusée et condamnée en Europe depuis des années par de hauts responsables des Eglises chrétiennes, parce que c’était la morale même fondée sur la mathématique, donc durement et clairement pascalienne : dès lors qu’il existe un pourcentage de risque même mince, même de deux décimales après la virgule, d’une explosion de centrale nucléaire détruisant des régions entières __ par exemple l’Alsace de Fessenheim et de là l’Allemagne du Bade-Wurtemberg __, la multiplication de ce pourcentage minime par un grand nombre de facteurs de risques dont l’augmentation est accélérée par la course effrénée à l’implantations de centrales, par la
désinformation délirante des démarcheurs serial killers d’Areva, rend l’“accident” de plus en plus probable, prévisible, prévu, incontournable, inévitable. Il y a là une conséquence nécessaire, suffisante pour définir le nucléaire comme suicidaire par définition.

Ce n’est pas le tsunami qui a causé un “accident” nucléaire. C’est le nucléaire qui est un tsunami permanent. Qui appelle les accidents nécessairement.

Voilà comment Sarkozy incarne la catastrophe nucléaire rampante, c’est-à-dire les forces noires du suicide. Vive la forêt et à bas le nucléaire ! Messieurs de l’ONF, restez vivants : nous avons besoin de vous.

2 Commentaires

  1. Ce n’est pas un homme ou quelques uns qui trouvèrent la manière de s’y prendre pour fissurer l’atome, c’est la voie humaine pour employer une métaphore lactée, qui en est l’étourdissante responsable. Son histoire est l’Histoire de la Conscience et de la Connaissance. La solution à un problème posé par l’architecte d’une ziggourat se découvrira à un métèque phénicien venu étudier la mathématique auprès d’un Athénien qu’il laissera passer devant lui après lui avoir ouvert une porte dérobée vers un problème que ce dernier ne se serait jamais posé dont l’énoncé une fois consigné devra se résoudre à patienter vingt siècles à l’intérieur d’une boule brûlante qu’on se repassera des quatre coins du monde connu avant qu’un chimiste écossais n’en tire une conclusion parmi des myriades possibles utile à ses propres recherches. Ainsi va le monde intelligent, d’abyme en abyme, plus ignorant à mesure que son savoir s’accroît. Personne se sait ni prédire ni prévenir le fait que la fuite en avant des cerveaux sera un jour sur le point de nucléariser ses sources énergétiques. Et c’est là que ça se gâte. Avez-vous essayé de juxtaposer les planches illustrées d’une salle d’opération et d’une chambre de torture? Vous voyez où je veux en venir… Vous n’empêcherez jamais un esprit retors de détourner l’usage pour lequel fut conçue la mécanique la plus salvatrice. Or le mal est fait. Enfin, la machine à faire le plus de mal est faite. Et cela condamne l’homme qui sera capable de distinguer entre le bien et le mal à savoir la manier avec davantage d’efficacité que ne saurait le faire un homme rendu insensible et amoral suite à un court-circuit traumatique. En somme, c’est le meilleur des deux qui doit se montrer le meilleur tueur des deux. Sans quoi, le triomphe du méchant sonne l’avènement planétaire d’un royaume du mal taillé à ses propres mesures.
    Quoi faire, dès lors que le pire peut se faire. Sortir du tout nucléaire, pourquoi pas, à condition que tout nucléaire sorte de notre condition humaine. Or il y aura toujours un petit coin du monde où un Tournesol tournera le dos à la sagesse, un petit coin de paradis avec des missiles pointés sur nous. Le nucléaire civil est la vitrine de notre force de frappe. Et si une femme ne sera jamais à moitié enceinte, la France ne sera jamais à moitié nucléaire.
    Quoi faire. Défaire serait précisément faire ce que le mal veut nous faire faire. Une conversion au tout écologique, entendez-vous par là une conversion forcée à l’écoïsme? Parce que moi, je l’entends très distinctement. Pour autant, rejeter terre et ciels comme certain croyant se distancie du mécréant qui n’avait pas cessé de situer Dieu en eux, ne nourrissant dans ce but qu’un désir stupidement secret d’être aimé de Celui qui voit tout aux dépens de celui qui ne voit rien, c’est non seulement voir la nature par ces yeux-là, mais c’est aussi cracher sur la Création, et mieux encore, sur son Auteur. Autrement dit, abandonner aux écoïstes une Terre dont les terriens sont les dépositaires. Et pourquoi pas se livrer pieds et poings liés à Torquemada! La nature mérite mieux qu’une secte assignée à son entretien. Alors, oui, il est peut-être temps, aux ténèbres de ce constat, de revenir avec ce qui pourrait passer pour de l’obsession mais qui me semble mieux correspondre à de l’obstination, sur l’injustice que les Allemands ressentent à leur endroit de la part des Français. Ce serait trop bête que nous passions sans nous en rendre compte à côté de ce qui aurait des chances d’offrir au monde un trésor inestimable, un renouvellement des noces franco-allemandes sur des bases polygames au sens d’un mariage des esprits ouvert à d’autres épousailles, non plus faussement mais humblement universalistes, débarrassées de l’animisme barbare dont se déterra le dragon racialiste. Dans une autre vie, j’ai passé de longues années à avancer dans la nef infinie du génie de la musique, plaçant le noyau de mon être au service des chefs-d’oeuvre dans lesquels une âme vivante doit s’injecter entièrement, éperdument, afin que la révélation ne cesse pas d’avoir lieu. Il me semble voir dans cette race de vie lorsqu’elle n’est pas feinte celle que l’on peut rapprocher le plus près de ce que doit être une vie consacrée au service de Dieu. Et je dois bien avouer, quoi que puisse être ma séparation nette d’avec l’espace qui fut un temps le pire ennemi de mon humanité, que je n’ai jamais atteint dans le langage de la mathématique parlante des hauteurs comparables à ces heures arrêtées, où je cheminais avec Bach ou Beethoven. C’est l’Allemagne de Moritz-Daniel Oppenheim, au beau milieu de l’année 1856 on pouvait y voir Lavater et Lessing rendant (jusqu’à la nuit des temps) visite à Moses Mendelssohn. Il est temps, et sans doute plus que temps que nous apprenions à haïr ensemble ce qui de part et d’autre mérite de l’être par les deux en sorte que nous puissions recommencer à aimer ensemble ce que nos histoires mises bout à bout sur papier calque dans ce livre translucide qui se lit sans s’ouvrir nous ont légué de bénéfique. Cette chose. Pour ceux qui l’ont ressentie elle n’a rien de barbare, rien d’excluant, rien d’inhumain, rien de stupide, rien de méchant. Faut-il encore ne pas prendre l’autre pour elle car les deux sont collées l’une à l’autre.
    S’il est un Arkhè au sens anaximandrin du terme, il est commandement génésiaque, intervention au principe des choses, coup de poing dans l’hypersurface causant la courbure de l’espace-temps. Au sens platonicien, il serait arkhè-typique de tout re-commencement. C’est en unissant ces deux sens qu’une nation affirme son existence sans confondre celle-ci avec une essence qu’elle doit apprendre à partager avec les autres re-naissances de la nation originaire. Or, il n’y a pas de raison que la vérité d’une seule de ces dimensions s’autorise à phagocyter la vérité des autres, la précédant ou lui succédant. La chrétienté a dû pour surmonter les affres de la conversion, arracher à Israël son statut biblique. Nous savons comment tout cela s’est terminé. Nous en sortons progressivement, chaque jour un peu plus, c’est cela qui m’émeut. Combien de siècles avant qu’un rétablissement comparable ait lieu entre les deux premiers monothéismes et un islam dont le fondateur fut poussé après eux et par eux à opérer dans son secteur propre une même permutation identitaire lui laissant les mains libres pour mener, dans une version adaptée aux populations sur lesquelles il exercerait une emprise plus tenace, la transition nécessaire vers une défragmentation du peuple archétypal? En attendant, il fallut que les Juifs attendent mille huit cents ans pour que les chrétiens soient prêts à reconnaître ce qu’ils étaient et ce qu’ils leur étaient. Nous ne laisserons plus un Justin de Naplouse, qu’il se pose en martyr ou même en philosophe, brouiller une vérité inamalgamable à quelque fantasme anhistorique que ce soit. Il y a une tradition d’ouverture au sein du judaïsme remontant à la plus haute époque, pensez à la façon dont Iosseph fait esclave des Égyptiens, puis condamné à tort pour n’avoir pas cédé aux avances de la femme de Potiphar, sut malgré tout cela conquérir le cœur de ses persécuteurs, les sauvant d’une famine fatale où un faux-ami des nations les auraient entraînés, en kamikaze antique. Mais revenons des temps toraniques. Il y a une vérité pour un événement. Vous pouvez transgresser cette vérité par travestissement, au moyen d’une greffe ou d’une ablation, mais alors vous entrez dans l’univers de l’allégorie ou du rêve éveillé. Une vérité, cela donne par exemple : Clément d’Alexandrie, maître d’Origène, lui-même père des pères de l’Église, avança dans les pas de Philon qui le premier a observé les Écritures inspirées par IHVH au prisme de la philosophie. J’aurai beau dire que les Stromates que je retire des cendres de l’École d’Alexandrie me prouvent que c’est bien Clément qui relia la loi juive à la pensée grecque, cela ne fera pas taire l’archétype philonien. Cette miraculeuse honnêteté nous inonde de ses lumières. Il faut profiter sans attendre qu’elle soit tuée dans l’œuf d’en répandre le virus là où il n’est pas encore, que toute chose voie où elle a commencé et par où elle est passée et comment tout se tient et à quel point la disparition d’un rouage de cette horlogerie causerait l’interruption instantanée des inénumérables dimensions qui furent à l’origine imparties au carquois dont les commencements multiples de l’humanité ne cessent plus d’être décochés. Le commencement est un commandement, le commandement est un ordre, et l’ordre a mauvaise presse auprès des ana(r)chorètes néo68ards n’ayant jamais abandonné leur retraite précoce. Or l’ordre n’est pas hiérarchique-ou-pas. Il est des ordres dont nul élément qui s’y soumette n’est prioritaire sur les autres. L’ordre positionnel, par exemple. Intervertissez les places d’une soupe et d’une serviette de table, vous verrez ce qu’engendre un désordre, vous le sentirez sur vos cuisses, et vous vous rappellerez à l’ordre.
    L’idéal des droits de l’homme n’est pas d’inspiration divine mais bien d’inspiration humaine. Et pas de n’importe quel arc de cercle intrahumain. Lorsque Johnny Clegg décide de fonder une famille avec une femme zoulou au sein d’une société zoulou, il s’immerge dans la culture de la société zoulou. Lorsqu’un zoulou décide de fonder une famille avec une femme française au sein d’une société française, il s’immerge dans la culture de la société française. Si la première partie de la proposition est belle, sage, humaine, humble et digne, je ne vois aucune raison pour que la seconde soit laide, folle, inhumaine, arrogante et indigne. Refuser que soit affirmé le fait que l’idéal des droits de l’homme n’est pas d’origine sénégalaise ni vietnamienne mais bien d’origine judéo-gréco-romano-chrétienne, j’aimerais que l’on m’explique la différence qu’il y aurait entre cela et le révisionnisme. Que Rama Yade représente splendidement cet idéal n’induit pas que les hommes et les femmes ne se soient pas représentés la cité idéale d’une autre façon en d’autres temps provenus d’autres espaces. Rien n’empêche par ailleurs ceux-là quels qu’ils soient d’adhérer à l’idéal de l’autre. L’universalité n’est pas dans la culture mais dans la nature humaine. Un homme peut choisir sa culture, or une culture possède une histoire, et ce n’est pas faire un cadeau à un homme que de ne pas le prévenir du chemin qu’il devra retracer avant d’avoir une chance de conquérir ce qu’il doit acquérir. Clegg le sait. Yade idem. J’aime la voir, un jour, placée à notre tête. Cette contrainte libère du carcan des infinis comme la commande stimule un créateur, elle n’interdit pas à Héctor Roberto Chavero, fils du chef de gare de Fortín Roca, de nouer le dernier empereur des Incas au cacique suprême des Quechuas et d’en bander à son front un nom de guerrier des mots ni à un Yupanqui immense de gravir l’Athénée plongeant sur un parterre quadrarépublicain, et dans la langue de Pizarro abreuver sa milonga des déchirantes scansions d’Atahualpa. Ce qu’elle lui interdit en revanche, c’est la pratique de la chasse à l’homme fournissant aux prêtres du Torreón de Machu Picchu l’offrande sacrificielle qu’ils réclament.

  2. A tous les amoureux de la forêt…et aux décideurs publics !

    Ancien forestier, je ne peux passer sous silence les atteintes possibles à la forêt baujue. Des risques de surexploitation existent, ils sont le résultat de directives nationales qui demandent à la forêt française de « produire plus ». Et cette demande n’est pas acceptable sur le principe, surtout en ce qui concerne la forêt publique déjà largement exploitée, parfois au-delà de ses possibilités réelles. Je vous livre à la lecture ce long commentaire qui est fait uniquement pour poser les questions et aussi pour permettre à la forêt de mieux se porter à l’avenir. Merci.

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    Quelques remarques…pour mieux comprendre les dérives d’un système qui risque de malmener durablement les milieux forestiers
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    A propos du Grenelle de l’Environnement et des directives nationales concernant la forêt française, il a été dit : « En 25 ans, la production biologique de la forêt française a progressé de 30%, la récolte est restée stable ! »
    Dans son rapport sur la forêt, Hervé Gaymard, président de l’ONF dit : « De 1966 à 2010, la récolte en forêts publiques a progressé de 64 % » ( voir le graphique sur les prélèvements forestiers et les ressources financières)
    Alors, que faut-il croire ?
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    « Gérer, c’est prévoir pour demain, après-demain…pour les générations futures. Le court terme n’existe pas en matière forestière. L’unité de mesure est le siècle ! »
    Sur le fond, Natura 2000 est une bonne chose car ses objectifs sur le papier, impliquent un respect de la nature avec un développement raisonné de l’activité humaine. C’est donc un objectif défendable.
    Sur la forme, on est hélas bien loin de la réalité et en ce qui concerne la forêt publique : on peut même être inquiet !
    Si l’ONF « joue le jeu Natura 2000 en réunion » pour les forêts qu’il gère… sur le terrain il en est tout autrement.
    Lors de débats, après des discours optimistes sur ce dossier, il semblerait que la forêt baujue n’ait pas de problèmes…on ne parle que de croissance, d’expansion et de sous exploitation…que les rendements nationaux indiquent un accroissement de la forêt en surface (ce qui est vrai depuis 100 ans ! ce n’est pas nouveau…) et donc qu’il faudra exploiter d’ici à 2020, 21 millions de M3 supplémentaires soit 50% de plus qu’actuellement (lettre Sarkozy à Gaymard, président de l’ONF) dont 5 millions pour les seules forêts publiques ( + 25%). Les gros efforts de reboisements en France remontent à l’après guerre, ils ont déjà 60 ans d’existence pour la plupart et l’IFN les a déjà pris en compte et inventoriés plusieurs fois ! La montée en puissance de la forêt est progressive et les différentes structures de gestion et d’exploitation ont déjà pris en compte cette problématique…ce n’est pas quelque chose de nouveau. Sur les trente dernières années, la progression des volumes mobilisés a été de + 43% en forêt domaniale et + 40% en forêt des collectivités (source : rapport de la « Cour des Comptes » et de + 64,28% entre 1966 et 2010 ! (rapport GAYMARD) où est donc la sous-exploitation ?
    La problématique du réchauffement climatique et l’accroissement forestier supposé ne se sont pas non plus fait du jour au lendemain…Le fonctionnement de la nature n’est pas aussi rapide et réactif que les décisions ministérielles !Du jour au lendemain, son rendement en volume ne peux pas passer à + 40% !
    Out ! La tempête de 1999 et ses 45 millions de m3 par terre, 1,5 million d’hectares détruits pour une longue période de 50 ans à 150 ans, le 1/10 ème de la forêt française ! Et pourtant, tout va bien puisqu’il est prévu d’augmenter la production nationale de 40% en quelques années, d’ici à 2020 ! et pour toujours …
    A une réunion à la Maison du PNR des Bauges au Châtelard, la « sous-exploitation de la forêt » a été relevée à de multiple reprises par les intervenants et chaque participant a pu entendre cette messe que l’on nous rabâche un peu trop.
    L’ONF et ses responsables départementaux confirment une forêt publique en bonne santé, sous-exploitée et qui peut encore supporter des prélèvements plus forts ! ! C’est un discours politique, conforme aux directives nationales… Quel irréalisme inquiétant ! On a parlé que de son rôle de production de bois, de volumes à récolter tout cela avec un discours rassurant sur l’écologie de la forêt ( écologie-spectacle avec ses deux arbres creux à l’hectare pour rassurer le public) !…impasse totale sur ses fonctions écologiques, environnementales, sociales et culturelles et son rôle de protection en montagne qui devrait être une préoccupation majeure pour des gestionnaires de milieux naturels : les avalanches, l’érosion des sols, les chutes de pierres et la préservation des habitats faunistiques et floristiques…sans oublier l’aspect visuel du couvert forestier. Pour répondre à des besoins accrus de bois, doit-on déstabiliser des forêts de montagne, sur forte pente, en faisant l’impasse sur les plans de gestion de l’ONF ? Qu’en pensent les Co-gestionnaires de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage des Bauges ? Et le PNR ? Quelle position ? Je suivrai de près l’installation programmée de lignes de câbles pour exploiter en forêt domaniale de Bellevaux, au cœur de la Réserve Nationale de Chasse des Bauges, des forêts sur forte pente, autrefois préservées de toute exploitation, déjà traversées par plusieurs couloirs d’avalanches où les enjeux de protection et d’impact visuel seront très importants, sans oublier les risques humains de chutes de pierres lors de l’exploitation, dans un secteur très fréquenté par les randonneurs…tout cela pour un revenu financier négatif !( Forêt domaniale).
    La réalité écrite et chiffrée de la forêt publique, c’est : source IFN, une production nationale inférieure à la forêt privée : 6 m3/ha /an pour 8 m3/ha/an en forêt privée. C’est bien le résultat direct d’une exploitation plus forte, plus intensive en forêt publique avec comme conséquence, un volume total sur pieds à l’ha plus faible de 25% (moins d’arbres, moins de volume). L’ONF dit que la forêt privée est sous-exploitée (parfois) mais c’est surtout la forêt gérée par l’ONF qui est trop exploitée, le constat de terrain est sans appel ! (Voir aussi les plans de gestion de l’ONF pour chaque forêt)
    L’ONF a également confirmé que les rotations (passages en coupe dans la même parcelle) seraient raccourcies, elles sont passées progressivement de 15 ans à 10 ans…(voir moins) c’est vicieux car invisible de la plupart des personnes, de même le diamètre d’exploitabilité est lui aussi revu à la baisse ce qui fait que l’on coupe des arbres de plus en plus petits et jeunes, les éclaircies seront également plus fortes, pour paraît-il résister aux tempêtes…(lire le rapport de l’INRA !) La densité des peuplements forestiers est déjà faible pour beaucoup de forêts…voir les normes sylvicoles avec les surfaces’ terrières’ ainsi que les rendements volume à l’hectare… les conséquences en seront : disparition de certaines classes d’âge ( les plus vieux), des arbres plus courts mais aussi plus branchus, plus coniques et avec une structure des peuplements bouleversée avec une régularisation des peuplements qui va à l’encontre de la futaie irrégulière préconisée en montagne !Que fait-on du guide de sylviculture des forêts des Bauges qui préconise la futaie irrégulière, le respect de toutes les classes d’âge…et les directives de Natura 2000 ?…Des chercheurs du CEMAGREF ( institut de recherches en Ingénierie de l’Environnement) disent que la « sylviculture intensive menace la diversité biologique…les forêts exploitées intensément abritent un éventail d’espèces vivantes plus réduit…Ces résultats mettent en évidence la nécessité de conserver des forêts anciennes… » Message de scientifiques qu’il faut prendre en compte !
    Les chercheurs de l’INRA, eux aussi, dans une note de juillet 2009 sont très critiques sur la gestion forestière actuelle de l’ONF, ils disent : « L’association d’une sylviculture de type intensif et en même temps de la biodiversité est écologiquement impossible… » Ils disent aussi : « Les gens bien informés le savent bien…Il reste à espérer que ce honteux camouflage en vert ne soit pas suivi trop à la lettre dans les régions forestières françaises, et que des initiatives locales positives de forestiers compétents et responsables puissent s’exprimer pour sauver réellement ce qui reste de biodiversité forestière… » Au moins, c’est clair !
    Ces constats de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) sont sévères, et il y a aussi d’autres remarques qui concernent l’accumulation de carbone, la nécessité de conserver des forêts anciennes, la résistance des peuplements forestiers au vent et les densités forestières trop faibles… Des notions qui contredisent les discours actuels…A lire obligatoirement !
    En SAVOIE Il a même été dit que certains scieurs ne voulaient que des arbres plus petits en diamètre à cause de leurs machines à scier…c’est un comble ! Ce serait une sylviculture faite pour l’industrie ! Pauvre forêt ! Out son fonctionnement naturel…son écosystème et ses fonctions sociales… On est loin de NATURA 2000 qui préconise une forêt équilibrée dans ses classes d’âges, variées dans sa composition et exploitée raisonnablement en préservant aussi les gros bois…
    La réalité de la forêt gérée en Bauges est (sources plans de gestion ONF pour chaque forêt, à consulter en mairies.) :
    Une productivité de 2 à 5m3 / ha /an…on est loin des chiffres officiels de l’IFN….Des volumes sur pieds en baisse presque partout, forêts communales, forêts domaniales et départementales, des rendements à l’ha.en baisse aussi…reconnus par ces plans de gestion où parfois les mots surexploitations sont prononcés et également les phrases « réduction des prélèvements avec augmentation de gros bois. » ! (C’est bien de l’admettre).
    Alors ? Comment prélever plus ? Comment répondre à la demande de l’Etat d’augmenter la production ANNUELLE de 5 millions de mètres cubes à prélever dans les forêts domaniales et communales ?
    Les conséquences de ces surexploitations seront catastrophiques pour les forêts concernées ! On ne pourra pas sans risques, récolter des bois n’importe où ! Il y a des zones d’altitude ou de forte pente où le forestier a un devoir de préserver ces peuplements pour des raisons d’éthique, de protection contre les avalanches ou phénomènes d’érosion, et aussi pour préserver certains milieux forestiers très fragiles que sont les forêts d’altitude appelés ; zones de combat » où vivent une flore et une faune très particulières. Classons ces forêts « haut perchées » en réserves biologiques intégrales, si utiles pour la biodiversité et sans aucun intérêt sur le plan économique.
    Trop couper maintenant se paiera obligatoirement dans les années futures par une baisse importante de la récolte que l’on perçoit déjà sur certaines forêts communales.
    Ecoutez les forestiers de terrain (sur le net), ils souffrent en silence des atteintes portées aux forêts qu’ils défendent ! Ils savent d’expérience que la situation est grave ! Pourquoi les belles forêts de certains secteurs du massif des Bauges, seraient-elles devenues parce qu’elles sont riches en bois, riches en diversités, riches en gros bois…des exemples à ne plus suivre ! Ecoutez aussi les anciens bûcherons, exploitants forestiers…usagers de la forêt, ils parlent !
    Dernière interrogation : comment se fait-il que l’on puisse faire l’impasse sur tous les aménagements forestiers en vigueur ! Sont-ils faux ? Et pourquoi l’ONF ne défend-il pas son outil de gestion ? Sa crédibilité future en ce qui concerne l’élaboration des plans de gestion pourrait en être remise en question ! Juste un peu de courage ! Respectons ces documents de gestion actuels et non les nouvelles directives nationales déconnectées de la réalité de terrain ! Il ne peut pas y avoir de double discours de la part des gestionnaires, celui de dire « Qu’il y a trop de gros bois et qu’il faut éclaircir plus fortement » et en même temps de dire que les forêts sont trop pauvres à cause de la gestion passée !
    Personnellement, je préconise, au vu des documents d’aménagements forestiers actuels et de la situation de terrain, un moins coupé de 25% en forêts publiques !
    En 2010, une coupe définitive (coupe rase) a été réalisée en forêt communale de Doucy en Bauges, conjointement avec une coupe privée sur forte pente,( exploitation par câble)…un bel exemple de (non) gestion forestière conforme aux directives du PNR et Natura 2000… ? Une parcelle forestière détruite pour plus d’un siècle, pour quel bénéfice… ?
    A qui le tour ? Domaniale de Bellevaux… ?
    Il n’est pas trop tard pour réagir.

    Respectons les rythmes de la vie forestière, la sylviculture doit être dictée par les réalités du milieu et non par des impératifs économiques ou politiques !…il en va de la crédibilité des gestionnaires…
    Guy ROCHON
    janvier 2011

    Références consultables :

    – Lettre de mission du président SARKOZY et discours à URMATT
    – Rapport Hervé GAYMARD
    – Rapport de la Cour des Comptes
    – Rapport au Sénat
    – Note technique du CEMAGREF sur la sylviculture et la biodiversité.
    – Note technique de l’INRA sur la gestion sylvicole et le réchauffement climatique…
    – La charte forestière du Massif des Bauges
    – Charte Natura 2000
    – Charte forestière du Territoire
    – Plans de gestion forestière de l’ONF …
    – Histoire du service forestier en France
    – Journal « L’élu d’aujourd’hui » : service public forestier en danger…
    – ALERTE Monin…appel à mobilisation…la disparition du Régime forestier…
    – Les forestiers de l’ONF mobilisés….
    – Petit diaporama sur la forêt des Bauges