Mes chers amis, je vais vous faire une confidence qui sonne comme une obscénité : je suis heureux d’être parmi vous. Oui heureux.

On a tellement entendu que cette campagne été ignoble, qu’elle était celle du désespoir, qu’elle était celle d’un pays fracturé où tout le monde se déteste. Je pense exactement l’inverse.

De l’essoufflement des partis, de l’exclusion volontaire ou fortuite de tous ceux qui ont marqué la vie politique des 20 dernières années, de cette campagne menée au tempo des affaires judiciaires, il s’érige un moment rare, un moment sublime que personne n’a voulu, prédit ou anticipé : l’instant que nous vivons est LE moment démocratique.

Combien de fois dans nos vie avons-nous vécu une heure de vérité ; combien de fois avons-nous été confrontés à l’heure des choix?
Malraux a dit : chaque génération a eu sa guerre d’Espagne. Voici la nôtre.

Autrement dit, nous, les enfants gâtés nés de parents qui n’ont pas vécu la guerre ; nous qui n’avons connu que la paix, l’Etat providence, la démocratie, nous mesurons pour la première fois que nous pourrions perdre ce que nous avons reçu et qui nous paraissait aussi naturel que l’air que nous respirons : la liberté. Les libertés. De dire. D’écrire. De rire. De moquer. De vivre.

Nous ne jouons pas à nous faire peur. Nous savons que l’improbable est possible. Ca l’a été avec Trump. Avec le Brexit.

Mes chers amis, l’extrême-droite, violente virulente n’est pas un souvenir, un toussotement du 20ème siècle. Elle est à nos trousses. Elle est à nos portes.

En Russie, on emprisonne les opposants, on annexe son voisin. En Tchétchénie, on déporte des gens sur la suspicion qu’ils sont homosexuels. En Turquie, on emprisonne les journalistes, les professeurs, les avocats, les maires 85 !! , les parlementaires. La Russie, et la Turquie sont des pays membres du Conseil de l’Europe. C’est loin, me direz vous. Et la Hongrie de monsieur Orban, elle est loin? Et la Pologne, qui muselle les medias, congédie son parlement n’est-elle pas dans l’UE?

Mais en France, oui en France. Vous n’avez rien vu?
Pas vu pas la marée noire qui monte?

Pas vu l’immonde Dieudonné qui ricane des déportés et remplit des salles plus grandes que Michel Sardou?

Pas vu le jour de colère début 2014 où l’on a fait des salut nazis aux cris de mort aux juifs dans Paris?

Pas vu les manifestations devant le Parlement pour l’empêcher de délibérer souverainement sur le mariage pour tous?

Pas vu une garde des sceaux traitée de guenon, grimée en singe dans des manifestations de rue et des publications à grand tirage?

Pas vu , cette idéologie du moment, ce fameux dégagisme qui agrège des foules en colère qui ne s’étendent sur rien à part sur le fait de piétiner ceux qui sont en place?

A tous ces moments, devant tous ces évènements, où regardions-nous? Ou étions-nous? Qu’avons-nous dit, écrit, pour protester ou empêcher? On ne parle pas ici de signal, de voyant ou d’alerte. L’incendie est là tout autour de nous. Il se répand. Il se propage. Il progresse. Depuis des années. Ce délitement est le nôtre. Il est le miroir de nos silences et de nos renoncements. Si nous nous retrouvons ce soir c’est que nous avons été trop longtemps absents. Collectivement. Individuellement. Politiquement.

L’effondrement qui guette a un visage, un prénom. Il a aussi un nom et un parti. Et pourtant ce nom et ce parti vous ne les verrez sur aucune affiche électorale de ces élections.

Mais souvenez-vous d’une chose : quand l’on porte un patronyme qui est la marque notoire du racisme en France pour en poursuivre le même emploi, et dans la même formation politique, il est des silences qui valent mieux que des aveux!

Ceux qui ont confondu un ravalement avec une révolution en seront pour leur frais!

Madame Le Pen réfute le fait de minimiser la shoah mais donne son parti au négationniste Jalk. Elle se défend du moindre antisémitisme mais confie les clés de ses campagnes aux adorateurs du III Reich Chatillon, Crochet, Loustau.

Mes chers amis, le sursaut est arrivé. C’est un moment de vérité. Celui où il faut accorder ses pensées avec ses arrières pensées. Où le geste doit suivre la parole. Où l’action prime sur le verbe. Où les calculs de boutiques, les coups de billards à trois bandes, les stratégies à rebours doivent cesser pour disparaître.Dimanche le choix est simple. Binaire. C’est blanc ou noir : Voter ou ne pas voter?
Les électeurs de Monsieur Macron ont un candidat qui poursuit un parcours inédit et une personnalité brillante. On pensera ce qu’on veut de l’homme et de ses idées. C’est un républicain sincère et qui aujourd’hui porte un programme plus grand que lui même qui s’appelle République et une ambition qui se nomme France.

Mais c’est à tous ceux qui ne sont pas ses amis, que je veux m’adresser : Je n’ai jamais été Marcheur, je n’ai pas été électeur, je ne suis pas supporter d’Emmanuel Macron et ne le serait probablement pas plus demain. Mais Dimanche je voterai pour lui. Bien sûr.

A ceux qui comme moi sont restés fidèles à de vieux partis ou à d’autres convictions, je dis que Voter Macron dimanche n’est pas trahir ses idées mais les préserver. Les rendre possible demain. C’est s’entendre sur un désaccord et pour que celui-ci soit fécond. Ce vote ne sera pas une adhésion, mais une solution. Elle n’assurera pas la victoire de Macron mais notre salut!

Avec les électeurs de Le Pen, je ne partage rien. Je peux comprendre leur colère et entendre leur détresse. Ils sont finalement moins fascistes qu’égoïstes. Ils choisissent de voter pour eux-mêmes en se fichant pas mal des autres. Mais je dis et j’assume de dire que j’ai plus de considération pour l’électeur de Madame Le Pen qui ira voter que pour celui de Mélenchon qui n’ira pas! Car a la fin qui ne dit mot consent. Marivaux disait si justement : on accuse le bourreau mais le pire c’est d’être son valet.

Ceux qui n’iront pas voter dimanche, sont non pas les résistants mais les déserteurs du moment, les complices de notre faillite et les associés de leur propre malheur. Ils nous précipitent vers ce qu’ils dénoncent pensant que le chaos leur sera profitable. Ils seront au mieux, les idiots utiles du fascisme.

Mes chers amis, c’est dimanche que tout finit ; c’est dimanche que tout comme commence.

A l’heure des choix, ne nous égarons pas. Ne nous trompons pas de combat ou de moment. Ce n’est pas un second tour d’élection présidentielle ; ce n’est pas Emmanuel Macron contre Marine Le Pen, ce n’est pas le monde qui vient face au monde du déclin : Non c’est la République ou le néant! Choisissons la République!