« Le nazisme en Allemagne a été une métastase d’une tumeur qui était en Italie. C’est une tumeur qui a conduit l’Allemagne à la mort et l’Europe, proche de la mort, au désastre complet[1] ».

Cette affirmation de Primo Levi a pris un nouveau sens depuis que l’Italie s’est dotée d’un gouvernement dirigé par le parti Fratelli d’Italia, qui est l’héritier direct du MSI-DN (Mouvement social italien-Droite nationale), lui-même héritier du Parti fasciste. Malgré une pléthore de déclarations — en réalité toutes ambiguës et caractérisées par une série de réserves mentales ou de jeux rhétoriques par trop évidents —, Fratelli d’Italia est une force politique qui n’a nullement coupé le cordon ombilical avec cette terrible matrice culturelle et politique : comme le montre de la manière la plus synthétique et irréfutable le symbole du parti de Giorgia Meloni, une flamme perpétuelle brûlant sur la tombe de Benito Mussolini. Une fidélité presque caricaturale au pacte atlantique — y compris leur soutien enthousiaste à un engagement militaire de plus en plus direct de l’OTAN dans la guerre en Ukraine — et leur soumission parfaite aux dogmes de l’économie néolibérale et à l’« agenda Draghi[2] » ont valu aux Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni un traitement médiatique et politique très différent de celui qui est réservé au Rassemblement national de Marine Le Pen : or, la vérité toute nue, c’est que Fratelli d’Italia est un parti d’extrême droite présentant une effrayante continuité idéologique avec ses origines fascistes. Je pense que l’Italie est de nouveau tombée malade de cette tumeur dont parlait Primo Levi, et que l’Europe devrait isoler cette tumeur avant d’être envahie par ses métastases : l’histoire nous enseigne que l’Italie est le laboratoire politique des pires solutions possibles — cela a été aussi le cas avec Silvio Berlusconi, et avec ses clones que sont Trump et Bolsonaro ; sans oublier qu’il existe aujourd’hui des dégénérescences semblables dans d’autres pays de l’Union européenne comme la Hongrie et la Pologne. Norberto Bobbio disait que les démocrates doivent toujours être sur le qui-vive : l’heure est maintenant venue pour nous de prendre au sérieux ce sage avertissement.

À cette fin, il est vital que les intellectuels européens prennent au sérieux les idées, les déclarations et les images du discours public de Giorgia Meloni et de ses hommes, et qu’ils reconstruisent sa généalogie culturelle.

Je voudrais me concentrer ici sur une des pierres angulaires de l’idéologie de cette nouvelle droite d’origine fasciste : la « question ethnique ».

Certains se souviendront en France de la « déclaration de guerre » à la démocratie lancée par Génération Identitaire : en 2013, un message vidéo impressionnant faisait de la « question ethnique » le fondement d’une politique fondée sur la peur et la haine. La ligne suivie était celle du suprématisme blanc. Et, concrètement, comme on sait, ce mouvement a organisé une série d’agressions physiques contre les ONG qui secourent les migrants en Méditerranée. Génération Identitaire n’a pas pour symbole des croix gammées : mais, comme l’explique la vidéo, des « lambdas », les lettres grecques qui figuraient parmi les symboles des Spartiates — « lambda » est l’initiale de « Lacédémoniens », l’autre nom des Spartiates. Le choix du mouvement est donc tombé sur le grand adversaire de l’Athènes démocratique : une ville gouvernée par une minorité — les Spartiates — qui dominait par la violence et la terreur une majorité ethniquement différente, les Ilotes. Ce modèle atroce a été adopté en Italie par Azione Studentesca[3], le mouvement étudiant de Fratelli d’Italia. Un exemple éloquent : le parcours de formation d’Azione Studentesca s’appelle, avec un emprunt au grec classique, « agogé », exactement comme celui des jeunes Spartiates qui s’y formaient à la résistance physique et à la violence, y compris à travers des meurtres rituels et impunis d’Ilotes. Une iconographie abondante montre que les jeunes Italiens qui grandissent à l’ombre de la présidente du Conseil n’ont pas pour symboles des faisceaux de licteurs ou des croix gammées — même si la croix celtique reste le symbole officiel d’Azione Studentesca —, mais ceux de la Sparte antique : un camouflage formel qui met les jeunes militants de l’extrême droite italienne à l’abri des accusations de fascisme nostalgique et leur permet, en lien avec leurs camarades du reste de l’Europe, de s’inscrire sans prendre de risques dans une continuité parfaite avec les « idéaux » fascistes et nazis. Il vaut la peine de rappeler que c’est Azione Studentesca qui a été responsable, en février 2023, du passage à tabac des élèves du lycée Michelangiolo de Florence, et que Fratelli d’Italia, Casaggì — la dénomination locale d’Azione Studentesca à Florence — et la maison d’édition Passaggio al Bosco — un nom explicitement inspiré d’Ernst Jünger évoquant la rébellion contre la démocratie[4] —, dont le catalogue est bien fourni en ouvrages sur Sparte et sur la mystique du racisme violent, ont tous trois leurs sièges dans le même immeuble florentin.

Dans les déclarations des principaux dirigeants du gouvernement italien, la question ethnique a tout de suite pris sa déclinaison la plus radicale et la plus choquante : celle du « remplacement ethnique ». Le 18 avril 2023, intervenant au congrès national d’un syndicat, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Francesco Lollobrigida — qui est aussi, et peut-être surtout, le beau-frère de Giorgia Meloni —, a déclaré : « Nous devons penser aussi à l’Italie d’après-demain. Pour cette raison il faut encourager les naissances […]. Les Italiens font moins d’enfants, alors remplaçons-les par d’autres. Ce n’est pas la voie à suivre. Nous ne pouvons pas capituler devant la question du remplacement ethnique. » Bien entendu, ce n’était pas la première fois qu’un dirigeant de l’extrême droite italienne utilisait l’expression « remplacement ethnique ». Voici, à titre d’exemples, quelques déclarations de Matteo Salvini, leader de la Ligue et vice-président du Conseil du gouvernement Meloni : « La gauche, au niveau mondial, a planifié une invasion, un remplacement de peuples. Je ne capitule pas, je ne marche pas » ; « Le droit du sol en Italie je ne l’accepte pas, c’est un remplacement de peuples, une immigration programmée » ; « L’an dernier, 82 000 Italiens se sont enfuis à l’étranger pour travailler, un record. Entre-temps, cette année, presque 150 000 immigrés ont débarqué, sans travail. Une tentative de remplacement de peuples est en cours, mais je ne me résigne pas » ; « On assiste à une tentative de génocide des populations qui habitent l’Italie depuis quelques siècles, et que certains voudraient voir supplantées par des dizaines de milliers de personnes provenant d’autres régions du monde » ; « Avec le flux incontrôlé de migrants, une tentative de remplacement de peuple est en cours ». Lorenzo Fontana, l’actuel président de la Chambre des députés, dénonce « un affaiblissement catastrophique de l’identité du pays qui accueille [les migrants] » ; tandis qu’Attilio Fontana, le président de la région Lombardie, a déclaré — incroyable, mais vrai — que « nous ne pouvons pas accepter tous les immigrés qui arrivent : nous devons décider si notre ethnie, notre race blanche, notre société doivent continuer à exister ou doivent être supprimées ». Et la présidente du Conseil Giorgia Meloni n’est pas en reste. Parmi ses nombreuses diatribes, en voici une datant de 2016 : « Répétition générale de remplacement ethnique en Italie. En 2015, plus de 100 000 Italiens ont quitté notre nation pour chercher fortune à l’étranger. Parmi eux, plus de 30 % sont des jeunes entre 18 et 34 ans. En échange, toujours en 2015, 153 000 migrants ont débarqué en Italie, dans l’immense majorité des hommes africains. » Et en 2017, Meloni écrivait sur Facebook : « L’UE est complice de l’immigration incontrôlée, de l’invasion de l’Europe et du projet de remplacement ethnique des citoyens européens voulus par le grand capital et par les spéculateurs internationaux. »

Pour répondre aux polémiques provoquées par l’emploi d’une telle formule par un ministre qui a juré d’observer loyalement une Constitution définissant la nation à travers la culture (à l’article 9) et non sur une base ethnique — c’est-à-dire par la voie du sang —, Francesco Lollobrigida a déclaré : « Sur le plan terminologique, je me suis trompé, je le reconnais. Mais par ignorance, pas par racisme. Je ne connaissais pas la théorie du remplacement ethnique de ce type-là, comment s’appelle-t-il ?[5] ». Le ministre faisait allusion au « plan Kalergi », une invention de l’extrême droite complotiste. En réalité, le thème du « remplacement ethnique » est aujourd’hui récurrent, et même de manière obsessionnelle, dans les rhétoriques de l’extrême droite européenne avec laquelle Fratelli d’Italia est en contact. Qu’il suffise de rappeler le manifeste déjà cité de Génération Identitaire, qui répète, dans le sillage des écrits de Renaud Camus, qu’« être identitaires signifie défendre dans tous les domaines l’identité ethnique et culturelle dont nous sommes détenteurs ». Le lien entre la dénatalité et le « remplacement ethnique » est également explicite dans les textes de ce mouvement : « Le vieillissement de la population et le faible taux de natalité cohabitent avec l’introduction forcée, de plus en plus importante, de masses d’immigrés du tiers-monde dans les territoires de l’Europe. Il est facile de prévoir que si elle n’est pas inversée immédiatement, cette tendance, en se prolongeant dans le temps, conduira au remplacement complet des éléments ethniques et des peuples originaires de l’Europe. »

L’astucieuse profession d’ignorance de Francesco Lollobrigida avait pour but évident d’empêcher la recherche des sources, laquelle nous conduit pourtant dans une direction très inquiétante : c’est-à-dire directement à la tradition culturelle fasciste dont le ministre est issu. À ce propos, il suffit de rappeler qu’en tant que vice-président de la région du Latium, Lollobrigida a financé et inauguré un mausolée monumental[6] consacré à Rodolfo Graziani, en déclarant que « pour nous de la vallée de l’Aniene[7], l’affection pour le général Graziani a toujours été une référence ». Rappelons que le général Graziani, vice-roi d’Éthiopie en 1936-1937 et président d’honneur du MSI-DN après la guerre, s’est signalé par une brutalité excessive même pour les critères du colonialisme fasciste : en raison de l’emploi de gaz toxiques, du bombardement délibéré d’un hôpital de campagne et d’une stratégie consistant à semer systématiquement « la panique et l’horreur » (dixit le Dizionario Biografico degli Italiani), il a été considéré comme un criminel de guerre et condamné à dix-neuf ans de prison pour collaborationnisme avec l’occupant nazi. Or, devenu ministre de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida prend régulièrement la parole sur le lien dénatalité-remplacement ethnique — et il est important de rappeler ici que le gouvernement Meloni a même consacré un ministère à la dénatalité : le même que celui de l’égalité des chances[8], ce qui est révélateur de l’idée de la femme qu’ont les héritiers du fascisme. On pourrait se demander quel est le lien entre l’agriculture et les politiques démographiques et de l’immigration : mais dans ce cas aussi, il convient de chercher la réponse dans le débat italien et allemand des années 1920 et 1930. Ce n’est pas un hasard si dans l’Allemagne nazie, un des principaux animateurs de ce débat était justement le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture du Troisième Reich, Richard Walther Darré, un représentant de premier plan de la pensée ruraliste, grâce à qui « le ruralisme nazi introduira progressivement, à l’intérieur des débats démographiques particulièrement en vogue à cette époque et de la polémique anti-urbaine et anticapitaliste traditionnelle, une idéologie inspirée d’un racisme essentiellement biologique[9] ». En ce qui concerne l’Italie, il est intéressant de rappeler la traduction italienne du livre du statisticien bavarois Richard Korherr — bien connu pour un document plus tardif, relatif à la planification de la Shoah —, publiée en 1928 avec une préface de Benito Mussolini. Le Duce présentait aux Italiens un livre qu’il tenait pour important dans — je cite — la « lutte […] en défense de la civilisation occidentale, menacée par un ensemble d’idées fausses et trompeuses telles que la fraternité universelle, le bonheur du plus grand nombre, l’hédonisme va-t-en-paix et le contrôle des naissances ». Mussolini écrit que « la métropole se développe, attirant vers elle la population de la campagne, laquelle, toutefois, dès qu’elle est urbanisée, devient inféconde à l’instar de la population préexistante. Cela est arrivé. Cela peut encore arriver. Cela arrivera et pas seulement dans les villes ou les nations, mais dans un ordre de grandeur infiniment plus important : la race blanche entière, la race de l’Occident, peut être submergée par les autres races de couleur qui se multiplient. Nègres et jaunes sont donc aux portes ? Oui, ils sont aux portes et pas seulement à cause de leur fécondité, mais aussi de la conscience qu’ils ont prise de leur race et de leur avenir dans le monde […]. Les races étrangères, ayant pénétré pacifiquement ou étant attirées dans une certaine région, finiront, dans un avenir lointain, par inonder l’Occident. Plus fécondes, leur nombre dépassera bientôt la race blanche décadente. Les fortes races étrangères se mélangeront aussi avec le sang malade de la race blanche. Le bon sang éliminera le mauvais sang. Ce que les Germains et les Syriaques furent pour la Rome mourante, les races étrangères le seront pour nous. Le mélange avec les races étrangères signifiera la mort de la race blanche. » Dix ans avant la promulgation des lois raciales, un Mussolini déjà franchement raciste expose des théories fondamentalement identiques à celles qui sont actuellement diffusées par des politiciens italiens appartenant à un parti dont le symbole est toujours un hommage rendu au Duce.

On pourrait objecter qu’il s’agit d’un vieux texte, peut-être même inconnu des héritiers actuels du fascisme. Rien n’est plus faux, car le livre de Richard Korherr et la préface de Mussolini ont été republiés au moins trois fois en Italie au cours des dernières années : en 2018, par l’éditeur Aga (la maison d’édition de Maurizio Murelli, un terroriste néofasciste condamné à dix-huit ans de réclusion pour complicité de meurtre, aujourd’hui propagateur en Italie des idées du philosophe russe Alexandre Douguine, et, comme l’a montré une enquête du journaliste Claudio Gatti, passeur actif d’idées et de personnes liées au néofascisme dans la Ligue de Matteo Salvini) ; en 2019, par la plateforme d’autoédition Lulu (sous le titre Il tramonto della razza bianca[10]) ; en mai 2022, par la maison d’édition explicitement néonazie Ultima Thule, accompagné d’un livre de Guglielmo Danzi de 1932 au titre éloquent : Europa senza europei[11]. Il ne s’agit donc pas d’idées oubliées, mais bien au contraire d’idées extrêmement vivantes dans le milieu de l’extrême droite italienne.

Dans son livre, Richard Korherr désignait l’Italie de Mussolini comme le pays exemplaire qui, à travers « la bataille des naissances […] est devenu une grande puissance ». Après avoir exalté le Duce italien, Korherr appelait de ses vœux l’avènement de son équivalent en Allemagne : « Que veut faire aujourd’hui l’Allemagne pour préserver son peuple de la destruction ? La démocratie allemande, avec sa politique démographique entièrement à l’avantage des individus et peu soucieuse de gagner les faveurs de la masse, montre clairement qu’elle est incapable de mener une véritable politique démographique […]. Mais il y a un homme en Europe qui lutte de toutes ses forces pour la puissance et la grandeur de son peuple : Mussolini. Une volonté honnête, qui inspire sa politique démographique césariste, laquelle peut être comparée à celle de l’empereur Auguste pour conserver intactes les caractéristiques du peuple romain. En Allemagne aussi, nous avons besoin du César, du Dictateur qui provienne de la démocratie, mais qui soit son contraire direct. » C’était en 1928 : nous savons comment tout cela s’est terminé. Et c’est aussi à travers le fantasme du remplacement ethnique que la métastase de la tumeur italienne a ravagé l’Allemagne, puis toute l’Europe. Pour cette raison, ce n’est pas le moment de se taire aujourd’hui, mais de sonner l’alarme. Primo Levi a également affirmé : « Beaucoup d’entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que “l’étranger, c’est l’ennemi”. Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d’un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager[12] […]. Puisse l’histoire des camps d’extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d’alarme[13] ».

Traduit de l’italien par Jérôme Nicolas.


[1] Cette déclaration se trouve au début d’une interview disponible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=rWyJ6cGj0R8

[2] On peut définir l’« agenda Draghi » comme la politique menée par Mario Draghi lorsqu’il était président du Conseil et comme les mesures et les programmes s’inscrivant dans la continuité de cette action, après la fin de son gouvernement.

[3] « Action Étudiante ».

[4] Le livre d’Ernst Jünger s’intitule en français Traité du rebelle, ou le recours aux forêts. Le nom de la maison d’édition « Passaggio al Bosco » est une allusion au « recours aux forêts ».

[5] Interview de Francesco Lollobrigida à Alfonso Raimo, Huffington Post Italia, 19 avril 2023.

[6] Dans la petite ville d’Affile, à soixante kilomètres à l’est de Rome, dans la vallée de l’Aniene.

[7] L’Aniene est la rivière qui traverse la ville de Filettino, dans le Latium, où est né Rodolfo Graziani.

[8] Le ministère de la Famille, de la Natalité et de l’Égalité des chances (Ministero per la famiglia, la natalità e le pari opportunità) est dirigé par Eugenia Maria Roccella, membre de Fratelli d’Italia.

[9] A. D’Onofrio, Razza, sangue e suolo. Utopie della razza e progetti eugenetici nel ruralismo nazista, Naples, 2007.

[10] « Le Crépuscule de la race blanche ».

[11] « L’Europe sans Européens ».

[12] Camp de concentration.

[13] Primo Levi, Préface de Si c’est un homme, in Œuvres, Paris, Robert Laffont, 1996, p. 3 [traduction de Martine Schruoffeneger].

4 Commentaires

  1. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat au sud, au nord, à l’est comme à l’ouest, sans oublier le cœur même de l’État d’Israël.
    Nous appelons le méta-empire fournisseur d’énergies destructrices à déposer les armes, y compris les munitions idéologiques, en préalable à la reprise des pourparlers de paix.
    Il ne saurait y avoir de cessation des combats entre le camp des humanités et le camp déshumanisé.
    Israël vit et meurt pour que perdure une certaine conception de l’humanité.
    Les Israéliens font Notre guerre.
    Ils planchent pour le salut de tout homme qui n’œuvre pas à la négation de l’homme ou à la révision de ses fonctions programmatiques. — Salut à eux !

    • PS 1 : Des familles capables de se conduire avec l’inhumanité ludique des civils terroristes chez qui Mia Schem fut retenue captive, on en trouve treize à la douzaine, et pas seulement à Gaza, et pas simplement au Proche-Orient, et pas exclusivement au Sud global. Car Gaza n’est pas un État. C’est un état d’esprit.
      PS 2 : C’est tout à l’honneur de la France de chercher à désobscurcir une autre année sinistre en accueillant quelques petites têtes blondes palestiniennes victimes des ambitions débiles du Quatrième Reich. On imagine qu’en amont de cette décision un tantinet agit-prop, un dispositif de déradicalisation aura été adapté au degré de menace que constituerait l’infiltration humanitarisée d’une idéologie qui refondrait nos programmes scolaires autour de la fabrication et de la manipulation des gilets d’explosifs.
      PS 3 : Exiger, réexiger, et exiger encore d’Israël agressé le cessez-le-feu immédiat à Gaza, encarte de facto la présidence Macron à la France insoumise. Après une absence remarquée dans la marche de la République contre l’organisation métastatique d’un Drumont Revival Festival, ça commence sérieusement à faire désordre.

    • On ne naît pas plus Bête immonde qu’on ne naît homme ; on le devient.
      À aucun moment nous n’avons vu la jeune otage du hamassisme transcendantal qui paralyse l’Orient et l’Occident à la manière d’un Alexandre vénéneux et visqueux, chercher à essentialiser l’électorat de ses bourreaux.
      Elle ne s’en est jamais prise à leur nature mais, prenant soin à bien peser ses mots, à une culture qui chez eux revient vite au galop, une culture de la haine de soi par procuration, une culture de l’agression amnésique déguisée en riposte, une culture de la cruauté comme idée d’occupation favorite.
      Les Palestiniens sont victimes d’un endoctrinement qui les déshumanise en tant qu’il projette leur propre chaos civilisationnel sur ce peuple témoin de la grande imposture que représente une religion spoliée, une ascendance fantasmée, une histoire démembrée afin d’en regreffer de travers les parties.
      La paix dans cette région hypersensible du cerveau global n’adviendra pas sans qu’un sérieux effort de déradicalisation ait permis à l’islam d’en finir avec une tradition aussi totalitaire qu’expansionniste, ou avec les formes spécifiques de la Terreur que celle-ci couve et couvre.
      Seule une réforme puissante des systèmes religieux et politiques propres au bloc de décivilisation faschosphérique dit Oumma, aurait une chance d’extirper le métapeuple de Gaza de son néant jouisseur.
      Ce changement de cap d’une ampleur planétaire n’est pas cause impossible, mais il s’éloigne à proportion du degré de dénégation dans lequel on permet à la majorité silencieuse — ? — d’esquiver le devoir de savoir.

  2. Toute nouvelle vie défouraille un substrat au potentiel inouï, un terrain de jeu dont la règle de base évide la vase que son vide structurel évase.
    Pour notre Adâm, il est primordial de ne pas régresser à l’informe.
    Rien n’est impossible aux vies extracélestes qui n’ont pas craint de sauter à pieds joints dans l’interstice des eaux ; mais en existe-t-il et si oui, où avons-nous le plus de chance d’en débusquer le spécimen catalyseur sur qui ou quoi projeter nos pires angoisses de justice immanente ?
    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur notre Morne Plaine ?
    Toutes les vies se valent — dans l’absolu, sauf que : l’absolu n’est pas de ce monde.
    Ici, les vies d’Adolf Hitler et d’Anne Frank ne sont pas deux êtres-en-soi de valeur égale, mais deux inconscients majeurs d’un temps qui restera le nôtre jusqu’à la refonte des temps, deux sommes d’actions distinctes l’une de l’autre et par là même rétribuables de deux manières différentes dont nous aimerions espérer qu’elles demeurassent dissociables pour les siècles à venir, deux sachets de préactions saupoudrées sur un tempo trop effréné pour qu’il consente à restreindre son champ d’investigation historial de l’hypersurface historique, — je vous parle d’un mouvement dépassé par ses propres aprioris favoritistes.
    Benyamin fait connaître aux Alliés les pré-requis d’Israël pour la paix ; l’après-guerre dépend de la démilitarisation — et de la déradicalisation qui en procède ou, si vous préférez, dont elle résulte — de ce proto-État de Palestine qui s’avère être la tête de pont de l’Internationale islamiste et d’une Djihaderie dont les appels a minima devraient a priori réveiller nos justes en sursaut à l’instant même où l’Arbre de Vie frissonne de tout son long.
    Les conditions fixées par l’État juif lui confèrent-elles des responsabilités particulières à l’égard d’une population composite et néanmoins unifiable sous forme de meute, en excitant l’instinct grégaire d’un camp de réfugiés reproductibles à l’infini, de transfuges du monde libre inassimilables à l’antinéant et dont la rage antisémite est à peu près tout ce qui la fédère ?
    Absolument aucune, hormis celle de rappeler à ses ennemis, de même qu’à ses alliés, par quel chemin de traverse ils pourraient se sortir, et nous avec, d’un malaise colossal qui, hélas, n’a plus rien d’un simple mal de vivre dès lors qu’il fait valoir son droit naturel à être le réactivateur d’une gigantomachie des Civilisations que nous pensions pourtant avoir renvoyée aux calendes idolâtres avec pertes et fracas.
    Non, la neutralisation des frères Kouachi ne doit pas être mise avec l’exécution des frères Cabu et Wolinski dans le même sac fourre-tout d’un humanisme vidé de sa substance et des substrats incorruptibles dont il demeure consubstantiel.
    Non, le fratricide n’est pas un projet viable pour l’universalisme tel que l’appréhendaient Nos pères fondateurs, j’entends par là les concepteurs d’une organisation des mondes qui s’était donnée les moyens de son ambition démesurée en transformant durablement l’espoir de modifier les élans sanguinaires des nations et des peuples en une réalité un peu plus soutenable, après que le pire de ce que l’humanité contient en elle-même eut presque réussi à démentir les Cassandre de la Bible.
    Que reste-t-il de Nous, sublime créature hantant chacun de nos réflexes, les meilleurs s’entend, fissent-ils l’objet d’un détournement funeste ?
    Qui osera apporter une réponse adaptée aux enjeux gauguiniens de cette planète vouée aux ruines en cascade ?
    Homo, entends-tu les bruits sourds du pays qu’on enchaîne ?
    Ami, d’où venons-Nous ? que sommes-Nous ? où allons-Nous ?