Toutes mes pensées, ce matin, vont à Gilad Shaar, Naftali Frenkel et Eyal Yifrah.
Toutes.
Je suis à Paris, à ma table d’écriture, mais j’ai devant moi leurs trois photos, sans doute anciennes, mais pas trop, ils ont l’air de tous les enfants du monde, ils semblent insouciants, heureux.
Je suis à Paris, censé travailler, mais j’ai CNN branché en permanence, silencieux mais branché, je guette une nouvelle, une minuscule nouvelle, mais hélas il n’y a rien, ce sont les mêmes images en boucle, les mêmes minuscules informations usées jusqu’à la corde, essorées.
Je suis comme tous les pères d’Israël, et peut-être comme tous les pères juifs du monde, incapable de détacher ma pensée de ces trois innocents qui ont, en un instant, basculé en enfer – ont-ils chaud ? froid ? ont-ils peur ? les a-t-on frappés ? ligotés ? séparés ou laissés ensemble ? comment le rapt s’est-il déroulé ? ont-ils vu venir les ravisseurs ? les a-t-on circonvenus ? forcés ? j’ai tellement écrit sur ces choses ! tellement réfléchi (Daniel Pearl…) sur ce moment où tout bascule et où un enfant, ou un presque enfant, bascule dans cet autre monde qu’est le monde des kidnappés !
Bref, je veux bien parler de paix.
Rien n’est plus important, sans doute, que de parler aujourd’hui, et aujourd’hui plus que jamais, de la paix entre Israël et ses voisins palestiniens.
Mais je ne peux le faire, pardonnez-moi, que dans la lumière noire de ce triple enlèvement.
La paix est nécessaire parce que les enfants d’Israël doivent, comme tous les enfants du monde, pouvoir faire de l’auto stop quand ils ont envie de faire de l’auto stop – mais  que Goush Etzion n’est, en ce début de siècle, et l’état du monde étant ce qu’il est, pas un endroit pour faire de l’auto-stop.
La paix est, non seulement nécessaire, mais urgente parce qu’il faut que les enfants d’Israël puissent vivre, rêver, aimer, circuler en sécurité mais que Bethléem, Hébron et les autres villes de la rive occidentale du Jourdain ne sont, dans l’état de guerre non déclarée mais larvée où Israël se trouve avec ses voisins, pas près d’être des villes sûres pour eux.

La paix est une obligation, et elle l’est maintenant, sans délai, parce qu’il faut aux enfants d’Israël un Etat aux frontières sûres, reconnues par la communauté internationale, défendues par une armée efficace, bien renseignée – et que cela n’est possible, politiquement et militairement  possible, qu’à l’intérieur de la formule, pour laquelle je plaide depuis quarante ans, des deux Etats.
Le Hamas restera le Hamas, probablement – balançant ses roquettes sur les civils de l’autre côté de la frontière et jouant, pour le moment, au sale petit jeu de saluer sans le revendiquer, d’approuver sans l’assumer, le rapt abominable.
Catherine Ashton restera Catherine Ashton, se réjouissant de l’accord de gouvernement inter-palestinien, appelant Israël à s’en réjouir aussi – mais n’ayant, à l’heure où j’écris ces lignes, pas trouvé le temps ni les mots pour se soucier du sort de Gilad, Naftali et Eyal.
Les ennemis d’Israël en général resteront les ennemis d’Israël ; ils ne désarmeront pas pour autant ; et ils ne seront vraisemblablement pas touchés par la grâce, ou par le courage, d’un Premier Ministre prenant, pour le bien de ses enfants, la décision historique d’engager en Cisjordanie le processus qu’Ariel Sharon, naguère, mena à terme à Gaza.
Mais un pas important aura été fait.
Mais le rapport de forces symbolique, et pas seulement symbolique, entre Israël et ses ennemis aura changé.
Mais les enfants d’Israël vivront, non seulement dans un pays, mais dans un monde qui leur sera un peu moins hostile et où ils ne risqueront plus leur vie quand ils sortiront de leur yeshiva pour rentrer chez eux.
Et puis, last but not least, je ne connais toujours pas d’autre solution que cette solution des deux Etats pour permettre à ces enfants, et aux enfants de ces enfants, de vivre dans un pays qui reste l’Etat des juifs, qui ne devienne pas insensiblement l’Etat binational dont rêvent les plus subtils des négateurs d’Israël et qui ne tourne, donc, pas complètement le dos à la promesse de nos pères.

7 Commentaires

  1. Bonjours monsieur Bernard Henri Lévy,
    Je ne connais pas très bien le monde géo- politique,mais je connais votre attachement à Israël et c’est simplement pour cela
    Que Je souhaite vous interpellez sur ce qui se passe actuellement en gaza
    Ces crimes barbares d’un côté comme de l’autre, que cela soit clair je n’excuse aucun crimes d’aucune sorte.
    J’aimerais juste comprendre le silence des dirigeants politique à ce sujet et surtout le silence des gens comme vous qui appelez la paix de tout vos vœux. C’est ce silence qui fabrique des Mohamed Merah
    Avec tout le respect que je vous dois
    Bien cordialement
    Et que la paix soit triomphante

  2. Il y a, en ce monde, des entêtements pétainistes à observer une neutralité de façade entre Juifs assumés d’Israël et Arabes cryptohitlériens de Gaza, — qui a dit «Gazaouis»? pas moi, en tout cas, — une insistance à cracher à la gueule du peuple juif, qui me consterne. Je ne pense pas que les personnes concernées par ce penchant obscène aient embrassé la cause djihadiste. Reste alors l’autre cause. Celle de l’antisionisme dont nous savons, vous comme moi, que son ancien ancrage théocratique a dérivé hors de l’Église. Retirons donc la Terre sainte de l’équation antisioniste. Qu’obtenons-nous?
    Il y a aussi le Hamas modéré que l’on a vu faire sa petite entrée dans la ronde des stup. Les abonnés à la panne d’insp en feront leur pitance. Ils nous resserviront du Hamas tempérant les ardeurs des radicaux-islamistes. Les tempérant à peu près autant que le Dey d’Alger retenait ou lâchait sur ses proies sa propre piraterie. Je ne doute pas que ces idiots utiles ait sous la main un Zemmour de gauche, bien pratique à citer pour se prémunir contre une engeance de mon espèce. Qu’ils se le gardent! bien au(x) frais! les leurs, évidemment. Mes poches sont vides de compassion pour les suceurs de sang honteux.
    Il y a encore des chrétiens pour renâcler à l’idée que Iéshoua‘ n’ait jamais fait que répéter, sous couvert d’autres allégories, les prophéties de ses prédécesseurs. Laissons-les creuser le sujet deux mille ans de plus. Et continuons à conscientiser les hommes qui tuent pour tuer. À la chrétienne ou à la juive! Quant aux chiens de l’enfer des exfiltreurs du SS-Grossmufti, le fait qu’ils cessent — jusqu’au moment où ils recommenceront de plus belle — de tabasser leurs femmes — juives et arabes — ne les exonère pas du châtiment — hilare? — que prévoit pour des criminels de leur espèce le Tribunal pénal postnational.

  3. Il n’y a pas de réciprocité qui tienne entre le gouvernement israélien et et le gouvernement palestinien, et donc, aucunes menaces réciproques définissables comme telles entre Israël et le Hamas, la violence légitime et l’agression djihadique renvoyant à des logiques de nature opposée.
    Il n’y a pas d’autre solution que deux États de droit coexistant au minimum, coopérant au mieux en vue de profiter l’un l’autre de leur prospérité mutuelle. Et c’est bien là que ça lasse. Abbas ne conçoit pas de jouissance pour un autre que lui. Selon lui, une seule solution équivaut à un seul État de non-droit basé sur la restitution de l’antique Judée aux descendants des colons mahométans de la Palestine byzantine. Or sa seule chance d’obtenir un État a priori et non posteriori de l’existence d’un peuple, est pourtant notre solution à deux États de droit, la reconnaissance de l’État israélien prévalant pour une reconnaissance réciproque, laquelle comprend la reconnaissance d’un État palestinien par les prétendants à la succession de l’empire ottoman qui ont en tête de réduire ce dernier au statut, ô combien stratégique, de Terre sacrosainte.
    Le fait que quelques réseaux-sociopathes oublient — symptôme — que Moshè a trouvé refuge chez le noble Itro, que la fille de son bienfaiteur lui donna deux enfants, que le prêtre madianite aida les Benéi Israël à conquérir la Terre promise, qu’il refusa le territoire que ses alliés réservèrent à son peuple parce qu’il jugeait ne rien avoir fait de significatif pouvant justifier pareille distinction de sa tribu dans le plan incompréhensible de IHVH, que le comportement du juste valut à ses descendants de siéger au Sanhédrin, — on sait ce que représente la justice au royaume du fils de David, — ne me fait pas renvoyer dos à dos les crimes d’État visant trois Israéliens des territoires autonomes de Cisjordanie et le crime de justice personnelle qui frappe un Jérusalémite d’origine arabe. Le gouvernement de coalition dirigé par Abbas est empoisonné par la pensée extermina(tionniste) du Hamas. Et c’est Abbas et non Mechaal qui réaffirmait il y a quelques mois sa politique du refus catégorique et permanent de reconnaître Israël — jusqu’où va sa dénégation? — Aujourd’hui c’est l’identité ouverte, lumineuse et prodigue de l’Israël postdiasporéen et néanmoins éternellement diasporéen — ? — qui risque, une nouvelle fois, l’embrasement inver(sionniste) de l’image de résistance héroïque et peut-être miraculeuse que devrait se voir attribuer la fronde davidique dans ce Proche-Orient vert de rage. C’est pour cette raison-là que Nétanyahou ne doit pas prendre une seule décision qui ne reçoive la faveur de ses alliés américains et européens (s’il en reste). La force d’Israël ce sont ses valeurs occidentales. Israël doit conserver sa place au sein de l’Ouest. Un Ouest ouvert aux Arabes musulmans ou non, aux musulmans arabes ou pas mais en tout cas prêts à lutter avec les universalistes de tous poils et toutes plumes contre un panarabislamisme s’avérant prêt à toutes les hérésies pour conserver sa domination sur eux.

  4. MERCI POUR CET ARTCLE
    EN ISRAEL NOUS PLEURONS
    J ETAIS SURPRISE DE VOTRE SILENCE DEPUIS L ENLEVEMENT DES ENFANTS
    MEME INQUIETE
    CE SONT NOS ENFANTS ET JE SUIS SOULAGEE DE COMPRENDRE QUE CE SONT AUSSI LES VOTRES
    VOTRE MESSAGE EST TRES IMPORTANT POUR LES JUIFS DE FRANCE ET D ISRAEL
    MERCI

  5. Je crois comme baucoup de personne que vous avez mal evaluèce problems qui est vieux de plus de 60 ans, les voisins, qu on appele Palestinians et que c est un peuple inventè, vous font croire á une paix? Alors qu ils ne tolère aucun Juifs dans ces territories disputèes d Israel. Faut pas rèver, c est pas demain la vielle ou après avoir èduquè tous ces enfants avec la Haine des Juifs et d Israel comment ovules vous qu il y est un avenir de vivre en commun sans avoir un jour la Peur au ventre de savoir nos enfants ensemble.

  6. LA SEULE SOLUTION SERAIT QUE CE GENRE D’ASSASSINS DE JEUNES JUIFS ISRAÉLIENS SOIENT MONDIALEMENT PUNIS… DEUX ÉTATS NE GARANTISSANT PAS LEUR EVICTION.

    HERMINE LEBOUTTE
    BELGIQUE