Nous tous, hommes ou femmes, voulons et désirons intensément, comme il nous importe, mourir d’amour. Mais il n’y a jamais eu de «séducteur». Ni à l’Etat de la Nation ni au Sénat de Kamasutra. La séduction est un de nos mythes. Une hâblerie masculine.

Exceptionnellement, il se peut qu’un homme ou une femme ait séduit plus d’une personne. Mais on ne peut répéter nos mensonges exponentiels. Les craques pleines de fatuité ou les vantardises et jactances des Casanova, des Molière, des Zorrilla ou des Lorenzo da Ponte (le librettiste de Don Giovanni). L’hirondelle est de retour même si elle et revenue de tout.

Le négoce le plus lucratif a été et est toujours le lupanar. Lieu qu’à présent et fréquentent encore les meilleurs d’entre nous. Comme Nietszche, comme Casanova, comme François Ier, comme Maupassant, comme Baudelaire, comme les piranhas de bains douches.

Nombre de nos ancêtres, rouges et blancs, croyants ou athées, surdoués ou stupides, rhapsodes ou rimailleurs, triomphateurs ou arrivistes, patrons ou employés sont morts syphilitiques. Liszt et Lord Byron, Lénine et Feydeau, Antonio Machado et Balzac, Howard Hughes et Van Gogh, Flaubert et Schubert, Gauguin et Manet, etc, etc.

Car aucun d’eux ne pouvait, ni ne pouvions, ni ne pouvons dominer nos envies de « forniquer » avec un balai affublé d’un soutien-gorge. C’est pourquoi nous choisissons, nous autres hommes, contraints par nos « pulsions », le plus simple et le plus dangereux. Nous payer une prostituée.

Hier nous savions qu’il n’existait pas de remède contre la syphilis. Que nous allions mourir dans les pires tourments, dans d’horribles désordres mentaux et germes de tortues ninjas. Nos parties nobles étant pénétrées par de fers chauffés à blanc comme les pneus d’Alain Prost.

Mais même en connaissant la fin barbare de nos vies nous ne pouvions renoncer à adopter l’unique solution à notre désir frénétique   de nous « accointer avec la première venue ».

Tous les jours on loue les services tarifés de la professionnelle la plus recherchée ou la plus bizarre. Que, bien souvent, le clients font mine de violer.

D’ailleurs, selon les statistiques, loin de séduire, les hommes violent depuis la nuit des temps. Et, pour commencer, leurs propres compagnes ou épouses. Par la force des baïonnettes, ou de l’habitude, ou par manque d’attention.

Les « sé-duc-teurs », en effet, savent que la syphilis est à présent une maladie curable. Ouf! Eureka! Et que l’effroyable sida…

Mais grâce à notre « merveilleuse » civilisation nous avons, en outre, violé le mythe de « Don Juan » lui-même.

Il n’est plus tel qu’il a été conçu et écrit par le génial Tirso: un « abuseur de Séville ». C’est-à-dire un menteur incapable de séduire. Exactement comme nous. Incapable de se fai-re-ai-mer de ses seules quatre possibles et désirées « fiancées promises ». Celles du mythe.

Malgré tous ses boniments et embrouilles le « sé-duc-teur » de Tirso ne peut rendre les femmes amoureuses de lui par ses propres charmes. Pas même en se faisant passer dans l’obscurité pour le fiancé de la victime. Exactement comme tous les mâles.

Mais nous avons changé le personnage du mythe en un conquérant, un titan et demi-dieu. Et mieux encore, en un authentique « superman ». Capable de, selon son valet Leporello d’emballer à tout-va, à bride abattue, à toute allure et  sans désemparer. Tout comme aujourd’hui.

Élégants métrosexuels qui, comme Don Juan font des ravages, séduisent et couchent enfin avec « quatre-vingt-onze Turques, cent Françaises, deux cent trente et une Allemandes ou six cent quarante Italiennes ». Et même avec « mille trois Espagnoles »!

Les vrais bordels pleins à craquer son évidemment aussi nombreux qu’ils l’ont toujours été. Ils se baptisent en général « sites de rencontres », « puticlubs » ou « salons de massage ». Et, en particulier, « Attractive Château », « Very easy flirt », « Pour célibataires exigeants », « Elite RDV », « En quête de sensations », « Sérieuses rencontres », « Fiancées russes »,  » Love your imperfections », « Club love plus ».

Ou bien « Adopte un gars » ou de « naïves innocentes rêvent de te mettre dans leurs nids », alors que ce qui intéresse vraiment, c’est le « cinq à sept » avec « péchés mortels ».

Tous ces sites sont fréquentés majoritairement, et de loin, par des hommes . Plus de 95% d’inscrits. Face à une minorité de femmes. Moins de 5%.

Les hackers (ce groupe de bénévoles) publient les données réelles des « sites » de « rencontres adultérines ». Les coordonnées privées de millions de membres. Les révélations comportent les noms, prénoms, adresses, mails et dépenses des usagers.

Les pirates bénévoles menacent de divulguer les renseignements si les « sites de rencontres » et les « salons de massage » et autres lupanars ne ferment pas. Ils dénoncent les mensonges des richissimes mafias. Puisqu’elles osent proposer une option de rétribution qui permettrait de supprimer tous les renseignements fournis par le site. Ce qui, affirment les bénévoles, est « évidemment faux ».

Et, cependant, notre formidable (sans aucune ironie) civilisation occidentale n’a créé que deux mythes. Quant à moi je dirais que le premier, le plus étonnamment définitif, est celui de Tirso. A juste titre pour Ortega y Gasset donjuan est « le problème le plus secret, le plus abstrus, le plus aigu de notre temps ». Bien que nous tous, les Terriens, rêvions d’amour fou.

Le mythe est un mensonge qui dit la vérité.

Fernando Arrabal

(Selon certains, Andrès de Claramonte est l’auteur de « L’abuseur ». Bien évidemment Claramolina ou Tirsomonte devait être un génie espagnol. Quelques gouttes de pluie permettent à la tarentule de couvrir de diamants sa toile.)


« ¡Nunca ha habido un « seductor! (en español) :  de Fernando Arrabal

le Monde fr

ABC Cultural del 1°-V-16


Le circonspect roman de Fernando Arrabal:

« …érudition, humour , passion , élan  moral,  et déchaînement… »

(double page de l’ABC » de Madrid de Juan I. García Garzón)

978-84-15973-76-8

ABC-Cultural-30-04-2016-12ABC-Cultural-30-04-2016-22

¡Nunca ha habido un « seductor »!  (ABC Cultural 1°-V-16)

Fernando Arrabal

Todos, hombres o mujeres, queremos y anhelamos, como nos importa, morir de amor . Pero nunca ha habido un « seductor ». Ni en el Estado de la Nación ni en el Senado de Kamasutra. La seducción es un mito nuestro. Un infundio masculino.

Por excepción, puede ser que un hombre o una mujer haya seducido a más de una persona. Pero no se pueden repetir nuestras trolas exponenciales. Las patrañas encopetadas o los tufos y altanerías de los Casanovas, los Molière, los Zorrillas o los Lorenzo da Ponte (el libretista del Don Giovanni). La golondrina retorna incluso si está de vuelta de todo.

El negocio más lucrativo ha sido y es el prostíbulo. Lugar que ahora y siempre frecuentan los mejores de nosotros. Como Nietzsche, como Casanova, como Francisco I, como Maupassant, como Baudelaire, como todos los pirañas de tocadores y duchas.

Muchos de nuestros antepasados rojos y blancos, religiosos o ateos, superdotados o estúpidos, rapsodas o poetastros, triunfadores o arribistas, patrones o dependientes murieron sifilíticos. Liszt y Lord Byron, Lenin y Feydeau,   Antonio Machado y Balzac, Howard Hughes y Van Gogh, Flaubert y Schubert, Gauguin y Manet, etc y etc

Porque ninguno podía, ni podíamos, ni podemos dominar las ganas de « juntarnos » con una escoba con sostén. Por eso los hombres elegimos, forzados por nuestras « pulsiones », lo más peligroso y sencillo. Pagarnos una prostituta.

Ayer sabíamos que no había remedio contra la sífilis. Que moriríamos entre las peores torturas, entre horrorosos trastornos mentales y gérmenes de tortugas ninha. Con nuestras partes más nobles atravesadas en su interior por hierros candentes como la Bultaco de Nieto.

Pero aun conociendo el bárbaro final de nuestras vidas no podíamos dejar de adoptar la única solución a nuestro deseo frenético de amontonarnos con « cualquiera ».

Cada día se alquilan los servicios pagados de la profesional más impar o más chocante. A la que a menudo, los clientes hacen como que la violan.

Por cierto, según las estadísticas, lejos de seducir los hombres violan desde el año catapún. Para comenzar, a sus propias novias, compañeras o esposas. Por la fuerza de las bayonetas, o de la costumbre, o   por descuido.

Los « se-duc-to-res », en efecto, saben que la sífilis es ya una enfermedad curable. ¡Uf! ¡Eureka! Y que el horroroso sida…

Pero gracias a nuestra « maravillosa » civilización además   hemos conseguido vio-lar al propio mito de « Don Juan ».

Ya no es como fue pensado y escrito por genio-Tirso: un « burlador de Sevilla ». Es decir un mentiroso incapaz de seducir. Exactamente como nosotros. Incapaz también de ha-cer-se- a-mar por sus únicas cuatro posibles y deseadas « novias ». Las del mito .

A pesar de todos sus camotes y embrollos « el-se-duc-tor » de Tirso no puede enamorar por sus propios encantos. Ni haciéndose pasar en la obscuridad por el novio de la víctima. Exactamente como todos los machos.

Pero al personaje del mito lo hemos convertido en un adalid, un titán y un semidiós. Y mejor aún en puro « supermán ». Capaz de abarraganarse,   según su criado Leporello, a todo trapo, a rienda suelta, a toda prisa, y a todo gas. Como hoy en dí. Apuestos metrosexuales que  como Don Juan enamoran, seducen y duermen, al fin, « con noventa y una turcas, cien francesas, doscientas treinta y una alemanas o   seiscientas cuarenta italianas ». E incluso ¡con « mil tres españolas »!

Los auténticos prostíbulos llenos a rebosar  son evidentemente tan numerosos como siempre. Se llaman en general « sitios de encuentro », « puticlubes » o « salones de masaje ». Y en particular « Attractive Castillo », « Very easy flirt », « Para solteros exigentes », « Élite RDV », « En busca de sensaciones », « Encuentros serios », « Novias rusas », « Love Your Imperfections », « Club love plus ».

O bien « Adopta un chorbo » donde « ingenuas inocentes sueñan con meterte en su nido », cuando solo interesa « el 5 a 7 » con « pecados mortales ».

Todos estos sitios los frecuentan una inmensa mayoría de hombres. Más del 95% de los inscritos. Frente a una minoría de mujeres. Menos del 5%.

Los hackers (ese grupo de benévolos) publica los datos reales de los « sitios » de « encuentros adulterinos ». Los datos privados de millones de miembros. Las revelaciones comportan nombres, apellidos, direcciones, mails y los gastos de los usuarios.

Los piratas benévolos amenazan con divulgar los datos si los ‘sitios de encuentros’ y ‘salones de masaje » y otros prostíbulos no cierran. Denuncian las mentiras de las riquísimas mafias. Puesto que se atreven a proponer una opción de pago que permitiría suprimir todos los datos del sitio. Lo cual, aseguran los benévolos, es « obviamente falso ».

Y, sin embargo, nuestra formidable (sin ironía ninguna) civilización occidental solo ha creado dos mitos. Y yo diría que el primero, el más asombrosamente definitivo, es el de Tirso. Con razón para Ortega y Gasset donjuán es « el problema más recóndito, más abstruso, más agudo de nuestro tiempo ». Aunque todos los terrenales soñamos con locura de amor.

El mito es una mentira que dice la verdad.

 

Fernando Arrabal

(Premio Mariano de Cavia)

[Según algunos, Andrés de Claramonte  es el autor del « Burlador ». Obviamente ¿Claramolina o Tirsomonte? tenía que ser un genio español. Una pizca de lluvia permite a la tarántula cubrir de diamantes su tela.]