Mais d’où provient Trocadéro?  EL PAÍS 2-V-15
[… et Fernando VII rétablit en Espagne la « Sainte Inquisition » en 1823.]
La plupart des Français et des Anglais qui fréquentent le Trocadéro de Paris ou de Londres ignorent d’où vient ce nom. Les plus savants hispanistes recherchent les traces de la presque oubliée Sainte Alliance. Le lion est-il le monarque du zoo qui essaie de bâiller le plus fort?
Que nul ne se hasarde, ni ici ni là-bas, à Trocadéro, à demander d’où provient « Trocadéro ». Comme si les forces vives passaient par les armes leurs épouvantails.
Peut-être les seuls Espagnols qui savent tout de « Trocadéro » sont-ils les parents d’Ana María (néo « Anne ») Hidalgo? Il n’existe même pas d’adjectif d’appartenance pour Trocadéro. On ne sait même pas si là-bas les couples hermaphrodites y sont bisexuels.
Les parents d’Anne Hidalgo (maire de  Paris, de surcroît) se nomment Antonio et María. Malgré le « Anne » leurs aînés continuent d’appeler leur fille « Ana María ». Même depuis que la famille émigrante, andalouse et gaditane s’est « naturalisée » française en 1973. En réalité, ils rient de tout mais pas avec n’importe qui.
Depuis les chantiers navals de San Fernando jusqu’à Lyon (et retour à Chiclana), les parents d’A. Hidalgo contemplent toujours, ravis, la singulière assomption de la Saint-Fernandine. Oh ouiii, je vous en prie! la maire de Paris est saint-fernandine de pure souche.
Pour plus d’émotion, à vrai dire l’élue, (dé-mo-cra-ti-que-ment) parisienne, naquit au pied de l’île du Trocadéro. Mais dans le Paris, Londres ou Cadix d’aujourd’hui il ne reste que peu de souvenirs des forts Luis et Matagorda du Trocadéro, des parages naturels de l’île. C’est pourquoi Boris Vian n’est pas allé cracher sur les tombes.
Pas même les plus âgés du lieu n’évoquent l’ex-célèbre combat de royalistes de l »Ancien Régime » internationaux contre les « Constitutionnalistes » hispaniques (et paniques?). Ou, si l’on préfère, le fameux branle-bas entre révolutionnaires espagnols du triennat et les absolutistes hispano-royalistes du « viva las caenas » (vive les chaînes). Ou l’escarmouche entre les résistants libéraux d’Espoz y Mina et les « saints » du prince de Savoie (au charisme d’experts financiers).
Dans la « Sainte Alliance » – dont on célèbre cette année le deux centième anniversaire – s’engagèrent la Prusse, la Russie, l’Autriche, la France et, ça coule de source, l’Espagne. Avec « Les-cent-mille-fils-de-Saint-Louis » à fond la caisse. Le triomphe de Dieu dans ses églises aurait-il été moins grand s’il n’avait pas créé le dimanche?
Ni l’Italie, ni l’Allemagne, ni la Yougoslavie, entre autres, n’eurent l’honneur de participer à l’espingouinerie des « 100.000 ». Car ces pays n’avaient pas encore été inventés.
Nous n’oublions pas que la première « Sainte Alliance » s’était déjà formée sous le titre de « Sainte Ligue » en 1571. À Lépante elle était constituée, avec le royaume d’Espagne, par quatre chats : les Etats Pontificaux, la République de Venise, l’Ordre de Malte, la République de Gênes et le Duché de Savoie. Pour tous les siècles des siècles l’éléphant a été rabaissé au rang de pachyderme.
Je crois que la dernière coalition (je n’en suis pas très sûr) se nomme (ou se nommait) quelque chose comme « Alliance-de-Dix-Etats-de-l’Otan-pour-combattre-l’Etat-Islamique (EL). Et apparemment n’en font plus partie les Etats Pontificaux. Certains écrivent leurs SMS en bégayant.
A vrai dire des « Cent-Mille-Fils-De-Saint-Louis » il ne reste pas de bien grandes « news ». Et, cependant, à cette époque le roi de France Louis XVIII lui-même [por favor, en chiffres romains, avec des chiffres ordinaires on rabaisse de moitié le plus flambant des Louis] avait dit :
« Les cent mille Français, si  nécessaire, mourraient pour Dieu, la patrie et mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-père, Saint Louis « .
Pour plus de dérision, les « Cent-Mille », comme pour les mille-feuilles, personne ne les a contés. En France on appelle les « ciempiés » mille-pattes.
Assurément « hidalgo/a » signifie « fils/fille de quelque chose ». Nom de la bien nommée maire parisienne. Son prénom Marie signifie Princesse de la Mer et s’applique parfaitement à quelqu’un né près de Trocadéro. Ana, son premier prénom, signifie « la grâce ». On pourrait le latiniser mais… un peu de respect, de grâce!
Seuls deux vestiges à Cadix : un salon de coiffure et un modeste « édifice », rappellent l’ex-fameuse empoignade. Cependant, pour glorifier la victoire des « Cent-Mille », Paris donne le nom de Trocadéro à un somptueux jardin, siège de deux Expositions Universelles, à une station de métro et à un lieu de rencontre. Avec la même fatuité que le « London Trocadéro » : un centre commercial pour jeunes bagarreurs et paisibles touristes, outre une station de métro massive et centrale. Là-bas le cerveau du chou-fleur se mange en entier.
>Le duc d’Angoulême aurait dû recevoir le titre de « Prince de Trocadéro ». Et en prime, le  palais de Buenavista de Madrid. Mais le « généralissime » vainqueur d’une si mémorable geste refusa de recevoir les deux présents que tentait de lui offrir l' »ex-esclave roi » (sic) libéré et toujours absolu jusqu’à sa majestueuse virilité : Fernando VII (par la grâce de Dieu).
J’ai répondu (dit le franc Français) très courtoisement mais par un « refus très positif… »
Cependant le roi espagnol acclama son libérateur. Il le nomma, en guise de certificat d’honneur, cousin. Mais il aurait été plus élégant de l’avoir élevé au rang de frère. Et immédiatement Fernando VII rétablit en Espagne la « Sainte Inquisition ».
Ceux qui ont créé le Trocadéro à Paris et à Londres ont-ils oublié cette date incendiaire?
Fernando VII déclara:
« Mon auguste et cher cousin le duc d’Angoulême, à la tête d’une vaillante armée, vainqueur dans tous mes domaines, m’a affranchi de l’esclavage où je gémissais, en me rendant à mes chers vassaux, fidèles et constants ».
Sans aucun gémissement xenius Chateaubriand, l’inspirateur de la balade espagnole des « Cent-Mille », dit du « généralissime » français :
 » …pour avoir réussi là où Bonaparte avait échoué, pour avoir triomphé dans le pays même où les armées de ce grand homme avait connu l’adversité, pour avoir fait en six mois ce que lui n’avait pu faire en sept ans… »
La véritable « Sainte Alliance » des rois les plus guerriers  (plus violents que le tsunami) la « belle Carolina » Otero va l’obtenir. La belle se nommait en réalité Agustina Otero Iglesias (sans aucun « Caroline »). Elle était née à Ponte Valga lieu-dit de Pontevedra. Comment savoir si la mer se retire ou si elle revient?
La véritable « Sainte Alliance » ce sont les généreux admirateurs « transis » de la belle qui la nouèrent : Guillaume II d’Allemagne, Nicolas II de Russie, Léopold II de Belgique, Alphonse XIII, Edouard VII du Royaume Uni, etc. Le plus fainéant des loirs rêve qu’il dort.
Au cours de la Première Guerre Mondiale la « belle » aida les monarques à supporter les terribles chagrins de la boucherie généralisée avec son nationalisme sans frontières. Officiellement le Gouvernement français lui demanda de « soutenir le moral des soldats français ». Ce qu’elle fit admirablement en pensant que comme les perroquets n’ont rien à dire ils ne se taisent pas.
De nombreux aristocrates devinrent fous à cause d’elle. Ils se rongeaient les ongles de peur que les autres ne le fassent. Certains moururent pour s’être battus en duel. D’autres se suicidèrent. La presse appelait « la » Otero « la sirène des suicidés ». Jusqu’à ce qu’elle se suicide elle-même à 96 ans… heureuse, dit-on!
Mais ce que nous connaissons bien, grâce à « Mon oncle Oswald » de Roald Dahl, c’est la formidable couche royale (et à ressorts) d’Alphonse XIII. Elle imprimait un va-et-vient « romantico-hot » au monarque et à Agustina pendant leurs oraisons et leurs enlacements. Un lit qui, s’il ne parvenait pas à les faire mourir de passion, aurait pu du moins faire mourir de rire la belle Otero.
Texte paru dans le quotidien espagnol El Pais, le 2 mai 2015.

Un commentaire

  1. Curiosamente, el único territorio del reino de España donde los Cien Mil Hijos de San Luis encontraron una decidida resistencia, fué Cataluña.