Promeneur érudit et infatigable, l’artiste espagnol goûte depuis trente ans les charmes de ce quartier, dont il connaît tous les secrets.

Se balader avec Fernando Arrabal dans les rues de Paris par un après-midi très ensoleillé du mois de mars est un privilège. L’artiste aux dons multiples, romancier, essayiste, peintre, poète, dramaturge, champion d’échecs et membre actif du Cercle de pataphysique, est un homme d’une érudition vertigineuse. Il sait tout. Il sait tout parce qu’il s’intéresse à tout. De l’École Vatel aux maisons d’Edmond Rostand ou de Sarah Bernhardt, de l’église des Batignolles au Café Dad, dans une zone en profond renouvellement, des sculptures dédiées aux trois Dumas, place du Général-Catroux, à l’Hôtel du Théâtre, le long d’Hébertot, où vécut la Nadja de Breton, et aux libraires de la rue de Lévis, avec qui il s’entretient de Simon Leys, pour lui le plus grand écrivain français, Arrabal nous conduit d’anecdote savoureuse en notation insolite. Il aime parler aux passants. Rien ne lui échappe. Il a récemment reçu la médaille d’honneur de la Société des auteurs. C’est à Madrid, le 23 avril, qu’il faudra se rendre pour assister à la création de sa nouvelle pièce jouée par vingt-trois comédiennes chevauchant… des motos!

Un graffiteur inspiré

Café Dad
Café Dad

Non loin du pont Cardinet, là où la ville est en transformation profonde et où les immeubles nouveaux poussent dans le ciel vaste, près du nouveau parc qui mène en face des Ateliers Berthier de l’Odéon, ce restaurant est très agréable. On y mange bien. La clientèle est jeune. Et j’admire ce tableau du grand graffiteur américain JonOne, un artiste remarquable.

Café Dad. 3, rue Marie-Georges-Picquart (XVIIe). Tél.: 01 46 22 05 21.

Cuisine de rêve

On me demande parfois pourquoi, à 82 ans, je suis si mince! C’est que je me nourris bien et, parmi mes adresses

préférées, il y a le restaurant de l’École Vatel. J’aime y déjeuner avec des amis. Tout est délicieux, les produits sont excellents et, évidemment, le service est impeccable. J’avoue un faible pour le chariot des desserts et les explications savantes que l’on veut bien me donner.

Vatel Restaurant. 122, rue Nollet (XVIIe). Tél.: 01 42 26 26 60.

Le choix de Verlaine

Église Sainte-Marie des Batignolles.
Église Sainte-Marie des Batignolles.

Lorsque Verlaine – qui avait grandi et vécu dans ce quartier, où il est d’ailleurs enterré – vit ce christ de bois, il en fut tant impressionné qu’il lui consacra un beau texte. «Il y a dans l’église dartreuse de Sainte-Marie des Batignolles, à droite en entrant par le bas-côté, un christ en croix, grandeur naturelle, effroyable de merveilleux…» Verlaine pense que ce christ en croix vient d’un couvent espagnol.

Église Sainte-Marie des Batignolles. 77, place du Docteur-Félix-Lobligeois (XVIIe). Tél.: 01 46 27 57 67.

Ivre de livres

La rue de Lévis est connue pour ses merveilleux étalages de fruits, de légumes, ses commerçants excellents, bouchers, charcutiers, pâtissiers, cavistes. Mais ce sont les librairies qui m’attirent, évidemment. Je ne saurais me passer de livres et j’aime m’entretenir avec les libraires, qui prennent toujours le temps de conversations très intéressantes.

Le Temps des Livres. 94, rue de Lévis (XVIIe). Tél.: 01 42 27 79 65.

L’Astrée. 69, rue de Lévis (XVIIe). Tél.: 01 48 22 12 21.

Trois Dumas et Sarah

La statue de Sarah Bernhardt sur la place Général Catroux.
La statue de Sarah Bernhardt sur la place Général Catroux.

Alexandre Dumas fils fut l’un des premiers écrivains à habiter la plaine Monceau. Il figure sur la place, comme son père et son grand-père, le célèbre général né à Haïti. Pour lui, il y a Fers: des chaînes brisées, comme l’esclavage. Le grand Alexandre Dumas a son monument, dû à Gustave Doré et, non loin de lui, il y a Sarah Bernhardt, dont l’hôtel se trouvait au coin de la rue Fortuny et de l’avenue de Villiers.

Place du Général-Catroux. Carrefour avenue de Villiers/boulevard Malesherbes (XVIIe). Métro Malesherbes.

Le rouge est mis

À deux pas de la rue de Rome où, au 87, vécut Mallarmé – qui réunissait ses amis le mardi (j’ai réussi, un jour, à visiter ce minuscule appartement) -, il y a, le long du Théâtre Hébertot, un hôtel que j’aime beaucoup. Tout y est très théâtral… et rouge dans l’entrée. Tout le monde l’a oublié, mais c’est ici que vécut Nadja, la femme qui inspira à André Breton, que j’ai tant fréquenté, un amour de quatre jours et un grand livre…

Hôtel du Théâtre. 5, rue du Cheroy (XVIIe). Tél.: 01 43 87 21 48.

 

Texte publié sur Le Figaroscope, par Armelle Heliot

Photos : Le Figaro