Aujourd’hui, nous savons que l’«acteur» William Shakespeare a aussi «produit» des pièces infidèles aux classiques ou au sexe des protagonistes. Et on ne l’accusa pas d’être avant-gardiste, parce que ce terme si laid n’avait pas encore été orchestré, pas même par les  Anglais. L’«acteur» Molière interpréta le rôle de Sancho Pansa (dans «Dom Guichot») en 1660. Quand il dut se raccrocher au décor. Décor qui fut jugé «moderniste» comme Molière lui-même.

L’ange labourait tandis que le saint patron de Madrid Saint-Isidore [ou Driss?] rêvait. Van Gogh, rêveur, à trente-six ans reçut ce message bien intentionné: «Si tu veux avoir un accueil plus ou moins unanime cesse de rêver: mets-toi au niveau du lieu et de l’époque où tu te trouves. Fais de toi un personnage le plus médiocre possible. Voilà le secret. Toi tu veux soulever de terre le citoyen et l’emporter dans les cieux. Avec ton amour fou des hommes et de la vie. Cela les inhibe et les intimide et finalement les humilie. C’est pourquoi ils ne se rapportent ni à toi ni à ton oeuvre, ils te repoussent et finissent par te haïr». Car la photocopie de la photocopie ne parvient pas à reproduire l’original.

Déjà en 1672 un respectable messager, profitant de la soudaine mode du café, prédit: «Racine passera comme le café». Comme, plus tard, «passeront» les James Joyce ou les Man Ray. On les taxa, par exemple, de provocateurs. Bien qu’aucun d’entre eux ne l’ait été, pas même de loin. Mais ils ont préféré le contrôle des échecs aux imprévisibles dés. Ils ne sont pas parvenus au «consensus», pas même en apprenant à dessiner leurs empreintes digitales.

Pourquoi ne pas anticiper, voire deviner, que les douanier Rousseau ou les Marcel Duchamp étaient tellement ailleurs qu’ils croyaient même, en rêvant, qu’ils éblouissaient ceux qu’ils provoquaient? Même si la vie et l’oeuvre de ces créateurs exigeants montrent tout le contraire.

Avec la meilleure bonne volonté, les officiels, dans leurs expressions, tentent de parquer les Anciens pour les opposer aux Modernes. Démembrement aussi cocasse et drolatique qu’étranger à l’art ou la science. C’est pourquoi, totalement imprudents, ils voient ceux d’avant contredire ceux d’après. Ou tout le contraire. Homère peut-il remonter le temps avec une patinette?

Un jour, lors d’une causerie, je me suis entretenu avec le mathématicien Benoît Mandelbrot. Il a affirmé qu’Euclide avait les connaissances suffisantes pour pouvoir concevoir ses «avant-gardistes» fractales. Et il a ajouté : «…comme Sophocle pour réaliser “Le cimetière des voitures” et aujourd’hui pour écrire “Oedipe roi”». Bien évidemment, jusqu’à son occultation, aveugles à sa modeste découverte, ils n’ont pas manqué ceux qui ont attribué à Mandelbrot la volonté d’imposer une «mode avant-gardiste» aux mathématiciens d’aujourd’hui. Si Adam avait été végétarien il aurait mangé le serpent.

«Avant-garde» est un terme militaire qui désigne et désoriente la troupe envoyée devant l’armée. Et plus encore les meilleures artistes, scientifiques ou écrivains dans tous les siècles des siècles.

Un autre jour, alors que je jouais aux échecs avec Samuel Beckett (dans sa minuscule chambre mansardée), il a ouvert un paquet reçu par courrier. Un livre. Sur la couverture, nous étions quatre auteurs sous ce titre: «Théâtre de l’absurde». Beckett, en souriant, a commenté:

– Théâtre de l’absurde, comme c’est absurde! Bien qu’un peu moins que le nom sous lequel généralement on nous connaît: Théâtre d’avant-garde! Alors que la plupart d’entre nous n’ont pas même fait leur service militaire.
A la fin des réunions parisiennes (dans lesquelles on tâche de rassembler les personnes… les moins incapables d’aujourd’hui?), nous tirons, photographiquement, avec des armes en plastique. Personne ne dit, pas même pour plaisanter, comme les meilleurs administrateurs d’aujourd’hui:

– Nous exigeons l’avant-garde! Mais pas la néoavant-garde, ni l’extra-avant-garde, ni l’ultravantgarde, ni la postavant-garde! La véritable avant-garde!
Les mots «avant-garde» ou «nouveau» sont en général employés par les nations les moins modestes pour répartir leurs prébendes. Et pour quelque distrait, comme pierre d’achoppement (de scandale)? L’Etat le plus conformiste ou dictatorial n’accorderait jamais de prix au poète le plus âgé ou à des théories d’arrière-garde. Depuis l’ «homo sovieticus» ou le «coreanus» jusqu’à «l’assis» mussolinien, tous rêvent ou rêvaient d’avenirs radieux et de mouvements de jeunesse ou de pionniers très nouveaux. A présent, ils ne dénigrent plus: ils subventionnent. Même si on ne peut juguler le mal de mer en se baignant dans la piscine du transatlantique.
«Modernistes» (avant-gardiste n’avait pas encore été découvert), ainsi, en Espagne, ses détracteurs  nommèrent-ils «l’inoubliable» (aujourd’hui) Maria Guerrero quand elle interprétait des rôles masculins. En 1896 Sarah Bernhardt choisit le rôle de «Lorenzaccio» d’Alfred de Musset (inspiré, pour plus de dérision, par George Sand!). La «divine» Sarah représenta le personnage de Lorenzo pendant dix-neuf ans alors qu’elle aurait pu être sa grand-mère. Musset baptisa son «drame romantique»: «une pièce pour un fauteuil». Mais ce qu’il ne put jamais imaginer, c’était que son oeuvre était si «moderniste» qu’il fallut attendre 62 ans pour qu’on la voie sur les planches.

On affirme que le premier acte de l’Inquisition, à Buenos Aires, fut d’interdire le théâtre. «Ce piège moderniste». Les plus sensés brandirent des condamnations à son propos. Sans soupçonner que les «nanas» allaient piétiner des millénaires de machisme.

Seuls ceux qui connaissent les limites de l’ancien et du moderne peuvent expliquer si les oeuvres des nonagénaires Michel-Ange, Picasso, Marc Chagall ou Sophocle étaient ou non meilleures que celles qu’ils réalisaient à dix-huit ans. Entre mille exemples: actuellement la presse guatémaltèque annonce la représentation pour la troisième fois d’une nouvelle version d’«Oraison» (de 1952) parce que l’auteur «est une personnalité bien connue de  l’avant-garde théâtrale». Ou dans un théâtre de Tokyo on joue «Picnic» (1946) parce que son auteur, non seulement est «avant-gardiste», mais aussi un «angry man». Scrupuleux mille-pattes qui avancent en pieds et pouces avec mille yeux.

Aucun des auteurs évoqués, depuis Tristan Tzara jusqu’à Andy Wharol, comblés dans leurs univers, ne mérite ces atours officiels et conformistes. Quant à moi je crois que telles ne furent pas leurs aspirations. Finalement il est préférable que ceux qui appartiennent à la lignée des décideurs se répartissent ces livrées. Comme Dieu n’est pas anthropomorphe il laisse tout bien ficelé avec la rigueur mathématique du tohu-bohu.

En réalité tous rêvent, bucoliques, comme Saint Isidore, tandis que l’ange laboure. Et seuls visent juste ceux qui se trompent.


¡¡Vanguardistas!!

Hoy sabemos que el “actor” William Shakespeare también “produjo” obras infieles a los clásicos o al sexo de los protagonistas. Y no se le acusó de vanguardista porque aún el feo vocablo no  había sido repentizado ni por los ingleses. El “actor” Molière hizo de Sancho Panza (en su representación de “Dom Guichot”) en 1660. Cuando  quedó enganchado en una bambalina. Decorado que fue juzgado tan “modernista” como el mismísimo Molière.

El ángel araba mientras San Isidro (¿¡o Driss!?)  soñaba. Van Gogh, soñador, a sus treinta y seis años  recibió este bien intencionado mensaje: “Si quieres tener una acogida más o menos unánime deja de soñar: ponte al nivel de tu lugar y de tu tiempo. Haz de ti un personaje todo lo mediocre posible. Ese es el secreto. Tú quieres alzar al ciudadano de la tierra, llevarle a los cielos. Con tu amor loco de los hombres y de la vida.  Eso les inhibe o les cohibe y finalmente  les humilla. Por ello nunca se refieren ni a ti ni a tu obra, te rechazan y terminan por odiarte”. Puesto que la fotocopia de una fotocopia no consigue el original.
Ya en 1672 otro  pundonoroso mensajero, sentenció, aprovechando la súbita moda del café: “Racine pasará como el café”. Como más tarde “pasarán” los Rimbaud, o los Julio González. Se les tachó, por ejemplo, de provocadores. Aunque ninguno de ellos lo fue ni remotamente. “¡Pero hubieran podido serlo!”. La provocación es rotatoria, rudimentaria y, sobre todo, inesperada  e incontrolable. Todos prefirieron el control del ajedrez a los imprevisibles dados. No llegaron al “consenso” ni aprendiendo a dibujar sus huellas digitales.
¿Por qué no anticipar e incluso adivinar que los Alfred Jarry o Marcel Duchamp eran tan despistados que incluso creían, soñando,  que deslumbraban a los provocados? Aunque la vida y la obra de estos exigentes creadores muestran todo lo contario.
Con la mejor buena voluntad los oficiales, en sus enunciados, intentan aparcar a los antiguos contra los modernos. Desmembramiento tan chusco, y sandunguero como ajeno al arte o la ciencia. Por eso en plena imprudencia ven a los de antes contra los de después. O todo lo contrario. Homero ¿puede remontar el tiempo con un patín?

Un día, en una charla pública, conversé con el matemático Benoît Mandelbrot. Afirmó que Euclides tenía los conocimientos suficientes para haber descubierto “sus vanguardistas” fractales. Y  añadió: “…como  Sófocles para realizar ‘Cementerio de coches’ y hoy  para escribir el ‘Edipo rey’. Obviamente hasta su ocultación, ciegos a su modesto hallazgo, no faltaron los que atribuyeron a Mandelbrot querer imponer una “moda vanguardista” en las matemáticas de hoy. Si Adán no hubiera sido vegetariano se habría comido a la serpiente.

“Vanguardia” es un término militar que designa y desorienta a la tropa enviada delante del ejército. Y aún  más a los mejores artistas científicos o escritores por los siglos de los siglos.

Otro día, jugando al ajedrez con Samuel  Beckett (en su ínfima habitación abuhardillada) él abrió un paquete que le llegó de Correos. Un libro: en portada estábamos cuatro autores bajo este título “Teatro del absurdo”. Beckett risueño, comentó:
– Teatro del absurdo ¡qué absurdo! Aunque un poco menos  que el nombre por el que  generalmente se nos conoce: ¡Teatro de vanguardia! Cuando la mayoría de nosotros no hemos hecho ni el servicio militar.
Al final de las tertulias parisienses (en las que se procura reunir a las personas ¿menos incapaces de hoy?), fotográficamente disparamos, con armas de plástico. Ninguno dice, ni en broma, como los mejores administrativos de hoy:

– ¡Exigimos vanguardia! ¡Pero no neovanguardia, ni extravanguardia, ni ultravanguardia, ni postvanguardia! ¡La verdadera vanguardia!

La palabra “vanguardia” o “nuevo”, por lo general lo utilizan las naciones menos modestas para distribuir sus prebendas. Y para algún distraído ¿como piedra de escándalo? El estado más conformista o dictatorial nunca premiaría al poeta más viejo o a teorías de retaguardia. Desde el “homo sovieticus” o el “coreanus” al “sentado” mussoliniano, todos sueñan o soñaban con porvenires radiantes  y  frentes de juventud o pioneros novísimos. Ya no vilipendian: subvencionan. Aunque no se pueda domesticar el mareo bañándose en la piscina del trasatlántico.

“Modernista” (“vanguardista” no se había aún descubierto) llamaron en España sus detractores a María Guerrero cuando interpretaba papeles de hombre. En 1896 Sarah Bernhardt hizo el papel de “Lorenzaccio” de Alfred de Musset (¡inspirado para, más inri, por George Sand!). La “divina”  Sarah eligió representar el rol de Lorenzo de diez y nueve años cuando hubiera podido ser su abuela. Musset bautizó su “drama romántico”: “Una obra para una butaca”. Pero lo que nunca pudo imaginar  era que su obra  era tan  “modernista” que hubo que esperar 62 años para que se representara en un teatro.

Se afirma que el primer acto de la inquisición en Buenos Aires fue el de prohibir el teatro. “Esa trampa modernista”. Se esgrimieron condenas del teatro por los más sensatos. Sin sospechar que las “nanas” iban a pisotear milenios de machismo.
Solo los expertos oficiales que conocen los límites de lo antiguo y lo moderno pueden explicar si las obras de los nonagenarios Miguel Àngel, Picasso, Marc Chagall o Sófocles ¿eran mejores que las que realizaron a los diez y ocho años? Entre mil ejemplos: en estos momentos la prensa guatemalteca anuncia la representación “por tercera vez de una nueva versión de “Oración” (de 1952) porque el autor “es una conocida personalidad de la vanguardia teatral”. O en un teatro de Tokio, se representa « Picnic”(1946) porque su autor, no solo es un  «vanguardista», sino  también  un «angry man». Escrupulosos ciempiés que no dan pie con cola andando con mil ojos.

Ninguno de ellos, desde Juan Gris hasta  Tristan Tzara, felices en sus universos, merecen las galas más oficiales y normativas. Yo creo que ni se lo propusieron. Finalmente es  preferible que estos atavíos  se los repartan quienes pertenecen a la estirpe de los decidores. Como Dios no es antropomorfo lo deja todo bien atado con el matemático rigor del tohu-bohu.
En realidad todos ellos sueñan, boyantes, como Van Gogh y como San Isidro, mientras el ángel ara. Y solo aciertan cuando se equivocan.