Il y a 67 ans, le 9 mai 1950, cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, lançait l’appel fondateur de la construction européenne.

«L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait» expliquait-il. L’Europe solidaire par la preuve donc pour repousser définitivement les tentations guerrières qui, depuis des siècles, avaient torturé notre vieux continent.

De toute évidence, la campagne présidentielle qui vient de s’achever n’a laissé que bien peu de temps de parole à ceux qui souhaitaient valoriser la vision européenne des pères fondateurs de l’Europe. Sur 11 candidats, 8 étaient eurosceptiques !

C’est pourtant le candidat le plus pro-européeen Emmanuel Macron qui l’a emporté. Grâce à un projet ambitieux qui plaidait pour une France fidèle à son attachement à l’Union Européenne tout en concédant que l’Europe devait se transformer pour protéger davantage ses citoyens. Ces derniers ayant exprimé à plusieurs reprises lors de consultations électorales leur refus de la construction européenne en se réfugiant dans un vote en faveur des populistes.

Car oui, il faut écouter les peuples qui se sentent laissés pour compte de cette union européenne qui s’est faite sans eux. Minorer et mépriser cette colère c’est préparer demain, partout sur notre continent, comme cela a déjà commencé, le triomphe des extrémistes. Mais vouloir transformer l’Europe ce n’est pas souhaiter la faire mourir. Nous avons toutes les raisons d’être fiers des valeurs démocratiques européennes.

N’ayons pas peur de défendre une souveraineté européenne débarrassée de toutes celles et ceux qui prennent notre continent pour un terrain de jeu et y défendent des intérêts qui ne sont pas les nôtres.

Chaque pays d’Europe fait aujourd’hui face aux menaces de déstabilisations extérieures. C’est unis que nous parviendrons à les déjouer, sûrement pas en instillant de la méfiance entre ses membres, sûrement pas en réclamant moins d’Europe. Les Français, dans leur majorité, ont bien compris que la souveraineté nationale que défendait Mme Le Pen n’avait rien à voir avec la défense des intérêts français mais tout avec la soumission et la dépendance à la Russie de Poutine.

Ainsi, défendre une vraie souveraineté, c’est ensemble avec nos partenaires européens refuser que la Russie dicte nos politiques publiques, c’est s’opposer aux candidats populistes qu’elle finance abondamment, c’est s’opposer à la déstabilisation de l’Europe par la propagande et le hacking du Kremlin, c’est refuser de faire une alliance aveugle avec un pays qui souhaite revoir les frontières de l’Union Européenne pour nous affaiblir, nous Français et nous Européens. Nous n’avons rien à gagner à nous soumettre aux Russes qui veulent nous faire perdre notre souveraineté.

Défendre la souveraineté c’est se protéger ensemble contre la menace terroriste de Daech, et mieux coopérer c’est mieux se protéger. Ce n’est pas telle ou telle nation qui est visée par des attaques terroristes.  Plus nous serons unis, mieux nous nous défendrons contre nos ennemis. C’est aussi refuser en Europe l’intrusion de pays aussi peu démocratiques que le Qatar ou l’Arabie Saoudite qui menacent nos jeunes en finançant un islam fondamentaliste, anti-occidental, sexiste, raciste, antisémite et homophobe, incompatible avec nos démocraties libérales. C’est toute l’Europe qu’ils visent: la France, bien sûr, mais aussi la Belgique ou l’Allemagne. Sigmar Gabriel, le ministre des affaires étrangères allemand s’était d’ailleurs ému il y a quelques années à raison contre le financement de mosquées fondamentalistes à l’étranger par l’Arabie Saoudite qu’il accuse d’«alimenter l’extrémisme et de contribuer à la radicalisation de musulmans modérés».

Puisque chacun des pays européens est soumis aux menaces, la réponse ne peut être que politique et unitaire : nous devons refuser avec nos partenaires européens toute intrusion, toute déstabilisation. Nous devons mieux coopérer, mieux coordonner et regarder ensemble les meilleures pratiques à adopter.

Comment est-il possible que Russia Today puisse impunément diffuser de fausses informations ? Comment continuer à voir nos mosquées en Europe gangrénées par le wahabisme importé du Qatar et de l’Arabie Saoudite ? Pourquoi ne pas conditionner nos partenariats avec ces pays au refus de la propagande antisémite et anti-occidentale et à des avancées concrètes en matière de Droits de l’Homme ?

Nous devons nous défendre, mettre en place des règles claires et être fermes.

Loin de ceux qui y verraient un bradage de notre autorité et de notre pouvoir de décision, loin de ceux qui y verraient une énième tentative de technocrates qui essaieraient de déposséder les peuples de leurs identités, défendre une souveraineté européenne c’est nous rappeler ce que nous sommes, c’est dire que la souveraineté nationale passe finalement aussi par la souveraineté européenne.

2 Commentaires

  1. En Marche ! est un mouvement pour partie intellectuel, pour partie politique, d’essence sociale-libérale. Ce phénomène à résonance mondiale n’est que transitoirement transpartisan. Il aura dépassé le système des partis, le temps d’une recomposition. Son rebaptême est d’ailleurs la promesse d’une mutation imminente. En fait, la décomposition du vieux monde qu’il cherche à précipiter n’est autre qu’un ébranlement suffisamment prolongé pour que les hommes de main de la gauche et de la droite républicaines soient hors d’état de nuire à son projet refondateur, ces dernières n’étant pas absolument infondées à se représenter le macronisme comme une menace existentielle qui les oblige à faire tout ce qui reste en leur pouvoir pour rendre impossible, chez De Gaulle et Mitterrand, la création d’un parti social-libéral. N’étant pas décidé à arbitrer l’inarbitrable, Macron ne coalisera pas, il ne rassemblera pas non-Macron et non-Macron. La République en marche sera donc le premier parti politique français à assumer pleinement le courant biblasphématoire du social-libéralisme. Il aura pour fonction d’incarner la possibilité d’une ligne quasi-utopique dès l’instant qu’elle se donne pour mission de maintenir un parfait équilibre entre le socialisme et le libéralisme. De leur côté, les partis non centristes et non extrémistes continueront à être ce qu’ils sont, à savoir que leur positionnement ne sera ni central ni marginal sur l’échiquier républicain. La droite de gouvernement demeurera plus libérale que sociale, plus républicaine que démocratique ; la gauche non radicale prendra soin quant à elle de ranimer son esprit de grossesse, traitant l’ensemble des questions qui ne se posent pas par l’autre sens, percevant l’essence de la société plus sociale que libérale, plus démocratique que républicaine. Oui… ah ! d’accord. Pardonnez-moi, mais je vais devoir réenregistrer ce que ma foutue tête de lecture a commencé d’effacer, à savoir que ces trois forces politiques ont en commun d’être républicaines et démocratiques, libérales et sociales. Et que… leur objectif commun et principal est aujourd’hui de sauver la république à la française en rabattant vers l’État de droit les égarés de la mondialisation… en apportant des solutions… antitotalitaires… crédibles… qui soient capables de nous détourner, nous, le peuple un-divisible, de toutes sortes de chimères antisociales et antilibérales.

  2. Le fascisme a-t-il été vaincu dans un pays où un ancien Premier ministre qui l’a si vaillamment combattu est forcé, au nom d’une démocratie dévoyée, d’affronter, lors des législatives, un suppléant nazi qui le tartine du sobriquet de salope de la République?