Le plus extraordinaire, dans cette affaire Fillon, c’est la non-affaire Le Pen.

Car enfin s’il y a bien, en France, une affaire d’emplois fictifs qui touche, non pas un, mais 23 députés, c’est celle qu’a révélée l’Office européen de lutte antifraude et qui accuse les faux assistants, au Parlement européen, du parti de Mme Le Pen.

S’il y a bien, aujourd’hui, des mises en examen effectivement prononcées pour escroquerie, recel d’escroquerie, abus de biens sociaux, blanchiment ou financement illégal de campagne, c’est celles qui concernent le microparti Jeanne et son prestataire Riwal, tous deux satellites du Front national.

Et s’il y a bien un parti corrompu, rongé par le népotisme, recordman des sanctions pénales pour incitation à la haine, coups et blessures, détournements de fonds, prise illégale d’intérêts, j’en passe, c’est encore lui, le FN.

Or le fait est que ces condamnations n’ont pas l’ombre de l’écho des soupçons pesant sur le candidat de la droite républicaine.

Quand on en parle, quand Mediapart ou Le Canard rappellent ces mises en examen à répétition, ces instructions qui avancent et débouchent sur des jugements sévères, quand ils évoquent les odeurs de basse cuisine qui remontent des officines du Front national, les mêmes chaînes d’information, qui ne nous font grâce d’aucun détail des travaux, des jours et de la vie de Penelope Fillon, n’y accordent qu’une attention intermittente et distraite.

On peut dire, en ce début de campagne, tout le mal qu’on veut de la fille de Jean-Marie Le Pen, on ne lui fait aucun mal; on peut accumuler, contre elle, les scandales, les soupçons ou les preuves de tricherie, on peut apporter toutes les pièces attestant du financement de son parti par une puissance ennemie, rien de cela n’imprime la conscience collective et tout se passe comme si elle jouissait d’une sorte d’impunité – mais la vraie, celle qu’accorde l’Opinion à ses favoris…

Car telle est, au fond, la situation.

On sent, concernant Mme Le Pen, mieux qu’une indulgence, un refus de voir et d’entendre ce qui serait de nature à la disqualifier.

On perçoit une étrange volonté d’ignorer tout ce qui serait susceptible de décourager la nouvelle hypothèse avec laquelle jouent les commentateurs, les responsables de parti ou, encore une fois, l’Opinion et qui est l’hypothèse d’une Le Pen approchant du pouvoir ou y parvenant.

Et, un peu comme au Royaume-Uni avec le Brexit ou aux Etats-Unis avec cette campagne présidentielle où un curieux deux poids et deux mesures faisait que l’on ne nous parlait que de la «corruption» supposée de Mme Clinton alors qu’on avait sous les yeux les turpitudes avérées de M. Trump, il semble que l’on en soit là : une France jouissant de son acharnement sacrificiel à démettre le vainqueur de la primaire de la droite libérale – et, en même temps, le désir obscur de voir ou, en tout cas, d’imaginer son adversaire d’extrême droite à la barre.

On songe à Stefan Zweig et à sa description poignante d’un «monde d’hier» dont on ne dira jamais assez qu’il fut l’un des sommets de la civilisation; qui la devait, cette excellence, non au fait qu’il fût puissant comme la Rome de César, mais à sa douceur de vivre et à sa tolérance; mais qui voulait furieusement mourir, cherchait confusément son bourreau et bascula ainsi dans l’abîme.

On songe, trente ans plus tard, aux personnages du monde, non d’hier, mais de demain dépeints dans «Le tentateur» de Hermann Broch et qui, à force de bégayer «la démocratie est morte», ou «à bas les élites», ou «sus à Weimar et à sa décadence», à force d’ânonner leur détestation de la prose politique sur le ton des aristocrates de «La crypte des capucins» de Joseph Roth valsant à perdre haleine en répétant, comme des mécaniques déréglées, «je hais les Habsbourg… je hais les Habsbourg…», finirent par s’offrir à Marius Ratti, le démagogue démoniaque.

Et on peut même, tant qu’on y est, se souvenir de ce moment, décrit par les Anciens, où la République, gorgée de biens matériels et spirituels, ivre de la facilité que donne le libre accès à l’abondance et, soudain, «prise d’inflammation», sent la grâce qui la fuit, le dieu qui lâche le gouvernail et l’assemblée des citoyens qui sombre dans cette caricature de démocratie qu’ils appelaient l’«ochlocratie», la tyrannie du mauvais peuple.

Nous n’en sommes pas là.

Et on ne peut heureusement pas comparer les tribuns de second ordre du Front national aux monstres stupéfiants du temps de Zweig, Broch et Musil – pas plus, d’ailleurs, que François Fillon à Walter Rathenau ou Roger Salengro.

Mais additionnez ceux qui disent: «on a tout essayé, pourquoi pas ça?»; ceux qui, consciemment ou non, préfèrent «ça» à rien et, comme disait le poète, la tempête à l’ennui; les partisans du «grand coup de pied dans la fourmilière» et du «enfin il va se passer quelque chose»; ajoutez-y la conjonction de nos anxiétés et du nihilisme ambiant, de notre torpeur de grand corps malade et de la volonté de la tester; conjuguez les manquements avérés de nos élites et leur procès sans merci; ce qui reste du désir de radicalité et la volonté, toujours dangereuse, de transparence et de pureté; considérez le bruit que font les abcès qu’on a trop longtemps couvés et qui, parvenus à l’extrême grosseur, éclatent toujours dans la pestilence; il y a, dans tout cela, un cocktail proprement détonant; le principe d’une fuite en avant, d’une épidémie, d’un désir viral et souvent inconscient, d’une hypnose; il y a là une série de glissements insensibles qui font que, pour la première fois, Mme Le Pen a le vent en poupe et pourrait être, effectivement, élue.

19 Commentaires

  1. Contrairement au score du perdant, celui du vainqueur de la présidentielle de 1917 (bis) ne procédera pas d’un vote d’adhésion. Le président de la République Emmanuel Macron devra en tenir compte, de la même façon que le président de la République François Fillon n’aura pas d’autre alternative que de jouer la France contre la France s’il ne veut pas démolir le pluralisme qui nous fonde en se bayroutisant, version libérale du flanc monarchique de la Ve République visant à étouffer à la racine les tentatives de complot contre la personnification centralisée en convoquant à la cour du Moi l’ensemble des prétendants au trône. L’extrémisme ne perdra qu’à cette seule condition que l’extrême centre ne l’emporte pas contre l’extrême droite. Il existe une institution, que dis-je, un pouvoir montesquiesque, d’essence tripartite, prévu pour la disputation courtoise, l’échange des points de vision, le croisement des lignes de front… que demande le peuple ? Macron brigue la présidence d’une démocratie ? Qu’il fasse un pas de côté ! Qu’il assume un peu moins gauchement les penchants progressistes du centre-droit ! La gauche a son histoire et l’Histoire est fondée en raison. Cela, le social-nationalisme des héritiers du national-socialisme l’a bien compris. La Désunion de la gauche s’en repaît, épouvantée à l’idée qu’on lui refourre le nez dans les pleins pouvoirs qu’elle conféra au pire empire quand les plus valeureux républicains de chaque camp avaient opté, certains précocement, pour la victoire possible du meilleur. Elle crache sur les notions de nation, de peuple, de France, oubliant que le peuple pour lequel bat le cœur de la République est une réplique de la nation universelle. Le tyran de Moscou n’y est pour rien. Il n’aurait aucune chance de refourguer son référent post-soviétique aux paumés anti-européistes si la majorité silencieuse des grandes somnambules que sont nos hyperpuissantes démocraties consuméristes ne lui apportait pas un soutien apathique. Le monde libre est sommé de reprendre la main. Les maux ont un sens, le mal n’en aurait pas. Allons donc ! Je ne veux rien tant que me réorienter, mais suis-je aussi désorienté que je veux bien le croire ? Commençons déjà par prendre conscience de notre orientation. Avant de songer à reprendre les causes en main, songeons à nous reprendre. En vue de cela, veillons à ne pas nous méprendre sur la nature du renouvellement de notre baisse d’énergie. La désaffection des nations occidentales envers leur propre système n’est pas une fatalité. L’anti-establishment de gauche peut tout à fait contrer l’ascension vertigineuse de son propre pendant. Il a tout ce qu’il faut pour accomplir ce qui serait, disons-le, une authentique prouesse, à commencer par la liberté de se guérir lui-même de cette maladie infantile qu’il croit combattre alors qu’il la conforte. «Couvrez ce sang que je ne saurais voir.» Quelque temps après l’exécution du coupable né Hervé Gourdel, ses assassins et/ou leurs complices auraient été identifiés, localisés et neutralisés. Pour officialiser la rupture avec une politique incestueuse de type AssaDaech entre la République démocratique et populiste et le Jihâd antidémocratique et populaire, nous invitons les autorités algériennes à organiser la première visite d’État du futur président de la République française dans les massifs du Djurdjura. L’antisystème ne saurait constituer un vaccin contre l’antisystème qu’à l’expresse condition qu’il ne s’ubuïse pas et se contente d’exécuter la tâche à laquelle nous l’avons assigné. La gauche doit, elle, reprendre place au cœur du système et réguler, grâce au concours d’une opposition libre, la crise chronique qui nous atteint. Les forces d’opposition d’un régime démocratique lui sont consubstantielles. La transition politique, dont le président de la République française assure les Syriens Libres qu’on ne la leur volera pas, sera donc démocratique ou ne sera pas. Si nous parvenons à nous mettre d’accord sur ce point, force sera de reconnaître que l’organisation d’une élection démocratique sous haute supervision onusienne n’y suffira pas. L’opposition est aujourd’hui à terre, si ce n’est sous terre chez Bachar le Boucher. Nous ne nous rendrons pas complices de son triomphe assuré. La mise au ban du régime assassin est donc un préalable à toute transition politique acceptable dans le chaos dont il fut et demeure le principal responsable. Le cas Bachar mérite qu’on le traite avec au moins autant de détermination et de persévérance qu’on en témoigne, à l’échelle humaniste, envers le cas Béchir. Qu’il y ait, parmi les forces d’opposition syriennes et soudanaises, de nombreuses entités djihadistes, lesquelles n’ont plus de secret pour l’Interpol antiterroriste, ne nous empêche en rien, nous, le peuple des peuples, de fournir aux dissidents pluralistes des régimes totalitaires qui leur servent de couveuses une assise imprenable, car internationale. Dont acte.

  2. L’idéologie des valeurs traditionnelles c’est le nouveau totalitarisme de la Russie de Poutine aux portes de l’Europe.
    Cette idéologie est le socle philosophique sur lequel s’érige le désir de Poutine pour purifier la Russie des oligarques, des dissidents et des homosexuels et reconstruire la culture de la jamais oubliée URSS.
    Alexandre Douguine en est le tristement connu instigateur et idéologue. Il a théorisé le concept des valeurs traditionnels comme l’arme sacrée de la Russie dans le choc des civilisations, dans la confrontation avec l’Occident afin de limiter l’expansion de l’«universel », professé par la démocratie, par les droits de l’homme et de la femme aux valeurs de la terre, portées par la tradition, la contemplation et le mysticisme.
    Ce n’est pas seulement la défense pour préserver la tradition de la modernité, la primauté du supra-individuel de l’individualisme occidental, de la corruption du bien-être matériel, mais aussi une arme de guerre qui se déploie pour contraindre et asservir les autres peuples.
    L’Ukraine en a fait la triste expérience des valeurs traditionnelles, utilisées par la Russie comme moyens pour séparer et annexer son territoire à son des bombes et des chars.
    En subit les conséquences la Syrie avec les massacres au quotidien, avec Alep sa «Guernica».
    Dans ce contexte l’Etat autoritaire de Poutine a viré à l’Etat totalitaire.
    On peut discuter de la définition du totalitarisme, mais la volonté de pureté de société russe ne trompe pas sur la barbarie à visage humain : 86% de la population russe soutient le président. Ce n’est plus une opinion mais une adhésion totale à une idéologie que le peuple retient vraie et juste.
    Il n’y a pas de totalitarisme sans son principale instrument : la terreur. La Russie de Poutine n’en fait pas exception.Pour y arriver, il lui a suffit d’acter les réflexes pavloviens de la terreur stalinienne, son souvenir toujours bien présent dans le peuple.
    La philosophie de Douguine n’est pas restée isolée non plus, elle a eu un véritable écho chez le FN qui en a fait un boulevard à ses valeurs traditionnelles.
    Pour le Front National ce sont ces valeurs traditionnelles qui séduisent le plus les Français, 40% y adhère par ce sentiment de ne plus se sentir chez soi, par une envie de pureté de la Nation, qui font les choux gras de l’exploitation politique de Marine Le Pen.

  3. Rappelons nous le triomphalisme avec lequel Marine Le Pen a salué l’élection de Donald Trump : «Un mouvement mondial est à l’œuvre », structuré sur le rejet de l’Europe des peuples et de leur organisation démocratique, du libre-échange, de la mondialisation pour affirmer la résurgence des Etats-nations, des frontières, l’essor du Brexit et du slogan In Trump We Trust.
    Marine Le Pen a-t-elle besoin de Donald ?
    Sa visite affolée à la Trump Tower semble le confirmer. Un emprunt américain ? Dans un autre contexte une question analogue a donné lieu à un démenti de sa part :
    «Je ne comprends pas votre question, ce serait interdit.».
    Pour le signifier, à mon avis, il aurait fallu le dire plus clair et net et ne pas le mettre au conditionnel, « c’est serait interdit », qui ne l’exclu pas et le rend toujours possible.
    Cette question et surtout « le mouvement mondial à l’œuvre » nous amène à l’autre bout de la ficelle, à la Russie de Vladimir Poutine, aux « frères nationalistes », à la tripartite théologique Trump-Le Pen-Poutine, au «nouvel ordre mondial», qui serait «bon pour la paix dans le monde», toujours selon la présidente du FN. Voyons voir.
    Poutine fait un geste, le 18 février dernier, pour la paix (sic!) en reconnaissant de facto les séparatistes des républiques de Donetsk et de Lougansk, un step de plus, à son dire humanitaire, vers l’intégration du Donbass dans la Russie. Les habitants des territoires de l’est de l’Ukraine, contrôlés par les séparatistes pro-Russie peuvent désormais vivre et travailler librement en Russie mais aussi rentrer en Est-Ukraine car leurs passeports et autres documents administratifs sont valables au même titre que ceux des russes. Ils sont de fait devenus des citoyens russes, à dépit de leur appartenance à l’Ukraine.
    Une stratégie bien rodée de Poutine et qui a servi déjà pour annexer l’Ossétie du Sud et l’Abkhasie.
    Le président Porochenko a dénoncé une fois de plus les violations du droit international par la Russie et le non respect des accords de Minsk d’un conflit qui a déjà fait 10 000 morts et qui s’inscrit dans les crimes de guerre et contre l’humanité.
    «Si je suis élue présidente, la France aura de bonnes relations avec la Russie», a promis Marine Le Pen, mais pas seulement. La Syrie de Bachar el-Assad en fera également parti, peu importe à nouveau les crimes contre l’humanité, contre son peuple, les 400.000 morts et quelque 4,27 millions des réfugiés et 7,6 million des déplacés.
    Ce qui nous est promis c’est de les voir en France et peut être d’assister à des opérations de charme en leur honneur, style le colloque « Morale et démocratie » qui a accueilli la présidente du FN en Crimée en juin 2013. Un hasard dit-elle, il reste néanmoins l’allégeance à Poutine pour l’adhésion de la Crimée.

    • Errata corrige : c’est le 18 mars 2014 que Poutine signe le rattachement de la Crimée à la Russie. Il ne change en rien le soutien de Marine Le Pen à cette adhésion

  4. Notre identité c’est la démocratie libérale, sociale et furieusement laïque.
    Défendons-là contre chaque nouvel attentat métacultuel toujours fomenté, parfois avec succès, par l’ennemi fragmenté des universaux.
    Le totalitarisme est une matrice idéologique qui, si elle n’a jamais eu la possibilité d’atteindre son but ultime, a néanmoins l’honneur de jouer sa propre carte à la Table des peuples, sur quelques trônes, sous quelques autres.
    Ses enfumades peuvent néanmoins être contenues.
    Elles le seront, en tout cas, grâce à une défense lucide, inconditionnelle, j’allais dire idéaliste, de l’identité précitée.
    De droite?
    À gauche.

    • Le totalitarisme est une dérivée suprémaciste. Le suprémacisme n’est pas l’apanage des Occidentaux. Il remonte au système «totem», ceci n’induisant pas au fait qu’un frère de clan des prédateurs sacrés soit intrinsèquement dépourvu de l’intuition qu’il existe, quelque part au-dessus de ses capacités conscientielles, un genre de zoanthropie céleste qui offre aux géniteurs mythiques la possibilité de changer de peaux d’une simple transfusion visuelle. Il y a ceux qui voient le mal partout et leurs jumeaux qui, s’affirmant dans la contradiction, se laissent tenter par la béatitude. Or le bien se situe au cœur du mal, quand même il ne lui ressemble en rien. Il s’agirait maintenant de ne point trop tarder à l’en extraire.

  5. Dans le débat qui s’engage ici et en défaut, à mon sens, de celui qui devrait en revanche crever le fond de l’écran, il faut d ‘abord et inlassablement situer les contours et la substance mutante de l’hydre tentaculaire FN et des mouvements nationalistes ses frères en Europe.
    Appeler au fascisme pour les situer n’a pas eu une réelle prise dans les démocraties qui sont aujourd’hui confrontées et menacées par la montée de l’extrême droite pour une raison simple, les populations ne ressentent pas, d’au moins dans cette phase du processus de conquête du pouvoir, une tendance totalitaire et tout ce que cette définition sous-entend en terme de privation des droits et libertés individuelles et collectives.
    C ‘est un processus qui se fait dans le temps et par étapes, avec l’adhésion plus au moins violente du peuple. Pour y arriver, en tout cas, il faut d’abord détruire les liens sociaux et culturels qui lient les démocraties à ses élites, à cette Europe des peuples et des destins.
    C’est l’«inside-out strategy » autour d’un chef charismatique, qui s’adapte comme le « caméléon » aux humeurs externes pour attraper un public toujours plus large avec un visage changeant, à la fois humain, pensons à une Marion Maréchal-Le Pen ou un Philippot plus que jamais embourbé dans la mode trumpiste des « fake news ».
    Une extrême droite à visage humain donc, comme le dit Bernard-Henri Lévy, qui entend se rendre fréquentable en s’approchant à la droite classique et qui par un effet de bienveillance réciproque entend défendre la spécificité identitaire nationale, son « peuple » de la « contamination » migratoire, de l’Europe libérale et multiculturelle, de la globalisation des marchés.
    Si le sujet c’est la souverainisme, au dépit d’être fascisme, c’est d’au moins national-populisme, néon ou pas.

  6. Je pense que là BHL devrait montrer une capacité d’analyse un peu plus fine.

    Son constat est juste. Les casseroles de Fillon et de sa Pénélope sont bien insignifiantes mais elles suffisent à le tuer politiquement. Celles de MLP et de son clan ne sont pas moindres mais celà glisse sur l’opinion comme de l’eau sur les plumes l’un canard. Pourquoi? Il faudrait se demander pourquoi.

    A mon avis c’est évident. Les Francais sont mithridatisés par les procès à répétition intentés contre le FN, la famille Le Pen et de manière générale tous les nationalistes depuis 40 ans. Vous ne vous en rendez visiblement pas compte à La règle du jeu, mais celà exaspére les Français qui y voient des procès d’intention, de la mauvaise foi, de l’acharnement, de la persécution, et en tous cas ils ne prennent plus du tout ces accusations au sérieux.

    Loin de mettre en garde contre les dangers de ce parti, celà crée un sentiment d’identification de la masse française avec le FN et la famille Le Pen, car les gens ont le sentiment de souffrir à cause des mêmes lobbies immigrationistes qui depuis 40 ans inlassablement persécutent judiciarement la famille Le Pen. Tout cela est ressenti comme profondément injuste et donc celà suscite à la fois de la sympathie pour Marine Le Pen et de l’antipathie pour ceux qui s’acharnent à la traîner en justice, elle et les siens.

    Finalement la situation est la suivante: tous les efforts consentis et l’énergie dépensée pour combattre judiciairement le FN se transforment aujourd’hui en capital de propagande positif pour ce parti.

    Il aurait fallu y réfléchir avant. Pour ma part j’ai toujours pensé que c’était extrêmement dangereux de diaboliser ainsi le mouvement national, aussi contestable soit-il, incarné par la famille Le Pen. Tôt ou tard le moment devait venir où ce mouvement allait se retrouver en phase avec la majorité du peuple français. Il est extrêmement dangereux pour une minorité de s’ériger en censeur d’un grand peuple. Un jour ou l’autre ce peuple ressentira le besoin de se préoccuper d’abord de ses propres intérêts, et alors cette minorité se retrouvera complètement en porte à faux, et rejetée d’autant plus rudement qu’elle aura été plus agressive et plus vindicative dans son combat moral, qu’elle aura mené l’index pointé en permanence, au nom de valeurs qui lui sont propres et dans lesquelles la majorité ne se reconnaît pas, ou du moins, finit par ne plus se reconnaître comme c’est le cas aujourd’hui où les nuisances de l’immigration sont ressenties comme objectivement insupportables par tous, même au sein de la communauté juive.

    C’était suicidaire pour la communauté juive et pour les organisations comme la LICRA, le CRIF etc., de s’identifier avec l’antiracisme et avec la diabolisation du seul mouvement qui a combattu l’immigration dont tout le monde se plaint aujourd’hui, même et surtout les Juifs.

    Aujourd’hui le temps des échéances est venu et, hélas, ma prédiction se vérifie. 40 ans de combat de tous les BHL, Bernard Kouchner, Alain Finkielkraut (avant qu’il ne retourne sa cuti), Alain Jakubowicz, Julien Dray, Patrick Klugman, Michel Tubiana, etc., etc., sont annulés aujourd’hui à forçe d’avoir été malencontreux, et, ironie de l’histoire, ils se retournent contre leurs auteurs en jouant, massivement, en faveur de Marine a le Pen avec toute la puissance des ressentiments accumulés patiemment chez les Français de base qui se sont sentis agressés depuis 40 ans.

  7. C’est exactement ce que j’avais remarqué concernant l’affaire Fillon et la non-affaire Lepen ! L’extrême gauche se disqualifie toute seule, la gauche, on en sort, et les gens ne veulent pas réitérer l’expérience, le centre est inexistant (le Modem ne se manifeste qu’à l’approche des élections et disparaît totalement ensuite jusqu’aux prochaines élections)… Que reste-t-il ? La droite ou l’extrême droite. On sabote la droite en tentant de la disqualifier par des affaires (ou supposées affaires) concernant le candidat de la droite, et l’on épargne le FN… L’opinion publique s’étant massivement rangée derrière Marine Lepen, il est facile de voir qui a la voie libre pour remporter non seulement le 1er tour mais peut-être aussi le second !

    Par contre, je ne partage pas l’avis de BHL sur Trump qui, bien au contraire, n’a pas du tout été épargné dans la campagne U.S. ni par les médias U.S, ni par les médias français ! Il a eu droit à tous les mots et tous les maux avant, pendant et après les élections.

    Le simple fait de comparer Trump à l’extrême droite française fait le jeu du FN car lorsque les gens en France se rendront compte que sa politique n’aura peut-être pas été aussi catastrophique que ce qui avait été annoncée, ils se diront « Ah bin finalement, tout n’a pas été mauvais avec Trump et ce qu’il a enduré, c’est ce que le FN endure depuis tant d’années : une diabolisation médiatique ! » et ils iront voter FN !

    BHL, en tenant les propos qu’il a tenu vis-à-vis de Trump, faisant un nouveau parallèle avec le FN, sans doute sans le vouloir, participe au grand chantier consistant à faire ce boulevard pour Marine Lepen !

  8. Mes certitudes n’ont jamais été ébranlées quant au fait que, confronté au risque de victoire de l’extrême droite, il ne resterait qu’une option. Fallait-il encore qu’au terme de ce scénar limite, en face de la Menace, il y ait la République. Avec quoi érige-t-on un rempart contre le pacifisme de Montoire? Un système juridique humaniste… Un état de conscience dont les élites se portent garantes de l’État de droit… Un être en capacité de discerner, de distinguer, d’identifier, de qualifier, de nommer, d’indiquer au touriste égaré les maisons du juste et de l’infâme, les zones de droit et de non-droit… L’ère coloniale caractérise la période préhumaniste de l’Histoire universelle. C’est une erreur commune que de confondre l’Ancien Régime avec la préhistoire, le préhumanisme avec la préhumanité. Rien n’est moins préhumain que le processus d’évolution de l’homme qui aboutit à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. La France est une colonie franque, or la France n’est pas un crime contre l’humanité. La souveraineté rhénane qui s’étendit sur ses faces de Celte s’empara d’un territoire non seulement conquis, mais converti de force par un empire qui avait opté pour le christianisme comme religion d’État afin de se sortir du pétrin fratricide et d’une compulsion à la lutte intestine qui menaçait l’hydre impériale de s’entredévorer les têtes. Qui de l’empire ottoman ou de l’empire français fut responsable de la chute du premier au profit du second dans cette Afrique du Nord dont il n’est pas inutile de rappeler que les Arabes, autres colonisateurs des lieux, et non des moindres, avaient combattu aux côtés des Français dans ce qu’ils espéraient être une guerre de reconquête, reconquête coloniale, faut-il le préciser? Le système colonial est un mode de civilisation et non pas un état de barbarie. Des actes effroyables ont pu y être perpétrés, d’autant moins pardonnables qu’ils s’exhibaient sous les cieux hiérarchisés de la province cryptopolythéiste d’un empire monothéisant. On en compte un certain nombre du même type à l’intérieur des frontières métropolitaines de feu le nôtre. Le bûcher de Montségur, par exemple, n’a rien à envier aux enfumades des Sbéhas. Faut-il pavlovément en déduire que le dualisme que prônaient les Cathares était porteur de sagesse et d’unité? Faut-il insinuer que le sacrifice humain institué par les Incas aurait mieux fait d’être préservé en raison de la violence implacable au moyen de laquelle on mit fin à son instinct de conservation jusqu’au-boutiste? Tout ce que nous oserons dire, pour l’heure, sur le sujet, c’est que nous bénissons les ciels d’être né sous l’ère universaliste de ce qu’on avait coutume, au siècle dernier, de nommer l’après-guerre. Chérissons le droit international. Affairons-nous à en exporter le rationalisme tout comme le criticisme. Tentons d’opposer à la logique des empires l’oxymore d’un impérialisme internationaliste posé sur les principes du droit social et de la liberté individuelle. Évitons, autant qu’il est possible, de répondre aux assassins de l’État de droit universel par un crime contre l’État de droit universel tel que se transformerait inéluctablement le renforcement économique, et par suite politique, de l’État islamique d’Iran ou de son allié froid, cinoque et soviétoc. Longue est la route qui entreprend d’améliorer l’humanité de l’homme.

    • P.-S. : Qu’on se rassure. Face au risque de victoire des Visages Pâles, le vote blanc ne sera jamais pour nous envisageable. Nous n’hésiterions pas à soutenir un inculte capable de chercher à amadouer pieds-noirs et anciens combattants en leur fourrant un je-vous-ai-compris qui, dans le jeu d’écho, signe chez eux le comble de la trahison. Mais je ne résiste pas à me remettre un petit coup de pression. Les intentions de vote pour Fascista… admirables au premier tour dans tous les cas de déconfiture? minables au second dans toutes les configurations? Minables, sauf à ce que l’étiquette FN, pour une génération antiraciste et non moins allergique au monde de la finance, ne représente toujours le vote honteux par excellence.

    • S.-SP. : Je ne me fais aucune illusion sur notre capacité à démasquer le Front (de Libération) National(e) et la place qu’il occupe au sein d’un subempire néo-nassérien qui, soit dit en passant, est nazi-compatible.

    • Kifkif-Fuckfuck : Nous n’affaiblirons pas le pan-nationalisme ici en lui prêtant main forte ailleurs.

  9. Le systeme mediatique applique la strategie de la gauche qui le controle, le fn doit etre au second tour face a un sbire issu du ps , hamon ou macron, , de maniere a liquider fillon et la droite

  10. Arnaquer le parlement européen il n’y a rien de mal à ça puisque l’UE c’est le Mal. Il s’agit de chasser des fonds européens pour payer des assistants parlementaires travaillant en France. C’est un acte glorieux qui nourrit des français sur le dos de la bête immonde. D’autre part, arnaquer la France pour empocher la part destinée à payer des assistants parlementaires français et faire du coup 2-3 chômeurs de plus c’est honteux! D’autant plus quand M. Fillon considère que c’est tout à fait normal, qu’il mérite cette somme (en tant que vainqueur d’un secteur très concurrentiel), en complète déconnection du monde réel de la plèbe.

  11. Suggestion de réponse à la question posée dans le titre: le Likoud? HaBayit HaYehudi? Israel Beytenou?
    Oups… pardon!

  12. En sorte que, finalement, les médias audiovisuels – mais pas tous, quand même – d’une part, s’amusent stricto sensu (comme si des spectacles plus raffinés n’étaient pas à portée de leur bourse assez replète) et de l’autre, désinforment (quel autre mot ?) le bon peuple, attisant ainsi et son énorme cécité et sa vindicte contre celles et ceux qui leur fournissent quand même (bis) une information vérifiée, recoupée, destinée à l’éclairer – ce qui ressortit à l’une des missions princeps du journalisme ?