Cela a commencé à Lisbonne, pendant la Révolution des Œillets, cela continue quarante ans plus tard, ici à Cannes, avec un film, Peshmerga, tourné avec lui sur les fronts du Kurdistan irakien face à Daech, de l’été à l’hiver 2015.

Lui et moi, ce compagnon de toujours, cet ami, cet « homme de ma vie » dont je partage les engagements intellectuels, les aventures politiques et l’internationalisme militant depuis si longtemps, nous étions tous les deux au Kurdistan irakien lors de la première guerre du Golfe. C’était un spectacle épouvantable, les Kurdes fuyaient en masse vers la frontière turque qui leur était fermée. C’était la revanche de Saddam Hussein, battu au sud par les troupes américaines. Des milliers de femmes, d’enfants, de vieillards s’entassaient derrière les barbelés dans des camps de fortune. Les hommes, eux, combattaient dans les montagnes. Ils s’appelaient les peshmerga, nous découvrions ce nom.

C’était notre première rencontre avec le peuple kurde, alors en pleine déshérence, martyrisé une fois de plus par l’Histoire. Vingt-cinq ans plus tard, le même peuple se retrouve dans la tourmente, face à un nouvel ennemi, tout aussi redoutable que le précédent : Daech. Mais pour qui débarquait à Erbil, la capitale flambant neuf du Kurdistan, la donne avait totalement changé. Le Kurdistan en guerre était debout.

Et notre voyage dans ce nouveau Kurdistan de nouveau en guerre commença. Mille kilomètres de Front à filmer les combattants, les batailles, avec la petite équipe sous la houlette de notre peshmerga de l’image, increvable, élégant et poussiéreux, menant tambour battant ce war-movie de mille kilomètres, dans une guerre d’attente où l’ennemi est invisible et où les peshmerga d’aujourd’hui n’ont plus rien de commun avec leurs pères à turban et cartouchière d’hier, mais sont aussi grands et fraternels qu’eux.

Bernard-Henri Lévy a fait ce troisième film, après Bosna ! et Le Serment de Tobrouk dans un rêve éveillé : montrer des hommes courageux, dire pourquoi ils combattent, gagner à sa façon une bataille dans la guerre toujours recommencée contre le Mal. Et j’avais, comme d’habitude, le privilège d’être là.

3 Commentaires

  1. Frère chrétien à moitié plein de grâce, pardonne-moi mes offenses, comme je pardonne à ceux qui m’ont offensé. Il n’y a pas d’équivalence qui tienne entre un transfuge post mortem de la secte des Esséniens et cet abruti de dianéticien qui, ayant pris Einstein au mot, parvient à persuader un homme, rabaissé par des facultés cérébrales qu’on lui dit limitées, qu’en contrepartie d’une bonne partie de son salaire, il peut lui apprendre à utiliser les fameux 90 % restants. Quant à toi qui, sans qu’on t’y ait autorisé, introduisit un signe égal entre deux sectes desquelles les Lumières en ordre de bataille doivent être distinguées, je t’aurai au moins éclairé sur la hantise qui te travaille. Avec un peu de chance, le trauma que ton offense t’aura causé te fera reculer chaque fois que, par le cheminement subconscient qui mène à Rome ou à la Mecque, tu songeras à couper Jérusalem-Vivante en deux. En ce qui concerne mon point de vue de Juif, un coup de lasso vers Israël ne dénote aucunement un point de vue juif, mais à coup sûr un point de vision géopolitique. À quelle motivation, en revanche, pourrait être associée l’extirpation de l’entité sioniste dans le matériau intelligible d’une guerre méta-impérialiste conduite par des kidnappeurs faussement incultes qui savent parfaitement à quel jeu ils jouent lorsqu’ils font de Jérusalem leur Hélène de Troie? En attendant que la question ait la possibilité de se reposer, nous allons prier le C’est et le Qu’est-ce que c’est pour que nul être humain, que ce fût devant ou derrière un écran de cinéma, n’ait encore été dépouillé de l’étendue de son potentiel.

  2. Il n’y a pas de raison objective pour que la Russie ne cherche pas à préserver ses maurrassines sous la sphère d’influence de George Bush Sr., à ceci près que l’héritier raillé de l’homme qui n’avait pas réussi à nous libérer des Folamour du parti Baas fut, après qu’il se fût fait un deuxième prénom, supplanté par un autre double président de la Première puissance mondiale, Démocrate celui-là, et débouchant à la foreuse les oreilles de l’Établissement. L’Organisation des nations désunies, assommée de découvrir l’aporie que représentait sa conception coloniale des droits de l’homme, semble elle aussi s’être figée comme Narcisse au bord de son verre d’eau. Tout bien considéré, l’attentisme aux joues mauves ne vaut guère mieux que l’arrogance à la nuque rouge en termes de promesse de paix mondiale.
    Si les droits de l’homme sont, à l’évidence, très loin de procéder d’une loi physique universelle, ce sont bien des vecteurs universalistes que nous leur avons implantés. Assumons-le. Ne nous surestimons pas. Ne nous prenons pas pour Dieu. Ne conférons pas à nos édits le genre d’universalité dont les théocraties affublent des prophéties dont elles n’ont jamais capté un traître mot. Parce que la dictature ne fait pas bon ménage avec la pensée humaniste, notre approche de l’universalisme s’appuiera sur des valeurs humanistes telles que les libertés individuelles ou les droits sociaux, lesquelles valeurs ont vocation à garantir une forme de multiethnisme et de multiculturalisme qui n’empêche pas l’Histoire de mettre au pas les ambitions insurrectionnelles du petit empereur communautariste prêt à toutes les roueries entristes pour faire avancer sa cause pan-nationaliste au sein d’une communauté nationale dont il menace la cohésion pluraliste au service d’un universalisme monochrome de type totalitaire.
    Pour autant, rien ne nous permet d’affirmer que notre conception de l’universel prévaut sur l’idée que s’en font les sectateurs de MM. Ron Hubbard ou Jésus de Nazareth. Je vais plus loin en affirmant que rien de m’autorise à confisquer à Vladimir Ier son droit de veto contre la Déclaration universelle des droits de l’homme. Car, honnêtement… nous ne laisserions pas la Bosnie-Herzégovine rejoindre la Ligue arabe sans soutenir durablement le soulèvement des rebelles européistes des Balkans, usant de notre supériorité militaire incontestable pour maintenir cette région, centrale pour le continent, dans le giron de notre Union. C’est ce genre de pulsion qui anime les responsables de l’annexion de la Crimée. Une difficulté à se résoudre à abandonner des alliés dans la tempête qu’engendre un changement de paradigme. Ici, les prorusses, pris dans la tourmente européiste d’une ex-république soviétique. Une UE en vaut bien une autre, et l’Oisillon qui se targue d’avoir survécu à la destruction du nid soviétique ne lâchera pas de sitôt son rêve d’Union eurasienne. Si nous les soupçonnons de manquer cruellement d’intuition, les raisons poutiniennes sont parfaitement intelligibles. En tout cas, bien plus rationnelles que ne l’est notre peur de gagner la partie sur les théâtres d’opération où notre participation est désormais requise. Et si le chasseur d’ours a ses raisons pour agir comme il le fait, où sont passées les nôtres? qu’est-ce donc qui nous paralyse ainsi devant un tel aplomb antidroit-de-l’hommiste? La peur de renouer avec le colonialisme? mais quel rapport y a-t-il entre la domination culturelle du colon qui impose son modèle de civilisation aux indigènes d’un territoire conquis et l’alliance culturelle de plusieurs populations, aimantées par des valeurs communes, solidaires face à un même adversaire?
    Le néocolonialisme dont on m’accuse, moi qui soutiens les défenseurs de l’État de droit chaque fois qu’ils me mettent face à mes responsabilités de fils d’Adâm, est une bavure sémantique habituelle chez des conspirationnistes prompts à démoniser la Kabbale qui n’est pas une nourriture fondamentaliste mais une manne humaniste dès lors qu’elle nourrira l’esprit mobile de Pic de la Mirandole, de Michel-Ange, de Shakespeare, de Mendelssohn, de Kant, de Proust ou Lévi-Strauss. Il n’y a pas de néocolonialisme qui tienne chez un homme qui va se chercher des alliés à Londres au moment où les cons et les lâches misent sur la place géostratégique qu’il pourraient occuper au sein d’un Reich triomphant. Le néocolonialisme c’est le soutien objectif qu’on fournit à Daech en se désolidarisant des Kurdes de peur d’entraver, avec toutes les conséquences que cela suppose, la restauration de l’ex-empire OTtomAN. L’anticolonialisme c’est le soutien au De Gaulle kurde en quête d’une puissance mécanique supérieure dans laquelle il a raison de croire… aussi longtemps que nous ne le détrompons pas. L’islam des droits de l’homme ne vaincra pas sans alliés. De même que nous n’emporterons aucune victoire notable sur l’islam impérialiste avant qu’une Organisation des résistances unies n’ait bénéficié d’un appui inconditionnel de la part de l’Internationale démocratique.
    Le fossoyeur de la paix israélo-palestinienne s’imagine sans doute qu’il lutte pour l’avènement d’un État kurde démocratique, laïque et pluraliste. Idiot utile du néocolonialisme panarabe, il désespère un monde après l’autre lorsqu’il s’obstine à dissocier le Jihad islamique palestinien de la politique de coranisation propre au combat de coq des empires dépouillés de leurs provinces reconquérables. Aidons-le à y voir moins sombre. Évitons-lui l’écueil de cent ans d’hébétude supplémentaires devant un problème mal posé. Si la gauche israélienne ne parvient plus à déloger Netanyahou de l’avant-poste oriental du monde libre, qu’elle tire de son pied la conclusion qui s’amuse à la faire boitiller. La capacité à nommer les êtres et les choses est, si l’on s’en tient à la Genèse du judaïsme, le propre de l’homme. Qualifier l’actuel gouvernement israélien de gouvernement néofasciste n’est pas seulement une bévue d’historien, c’est une erreur politique aux lourdes conséquences de la part d’une classe politicienne coupée de son électorat, lequel affronte, au quotidien, les vrais fascistes que sont les miliciens plus ou/et moins chevronnés du FataHamas. Et si Moshe Ya’alon a plus que raison de dénoncer les dérives racistes de quelques soldats israéliens qui entachent l’esprit entachable de Tsahal, il y a ce qui peut être dit entre soi et le bâton qu’un Juif, éclairé sur le niveau d’hostilité atteint par l’océan Antisioniste, ne donnera pas aux Guignols de l’Intox. Le terroriste qui meurt sous les balles d’un soldat israélien a pour nom Mohammed Merah. Le capturer vivant doit demeurer le mot d’ordre de Tsahal. Renverser la réalité jusqu’à faire du bourreau le martyr d’une Cause qui ne dit pas son nom n’est pas sans évoquer le renversement des rôles opéré par l’inSULTANt d’Ankara entre Kurdes (résistants historiques) et Turcs (collabos historiques) au sein d’une coalition pas toujours aussi anti-EI que le Grand Autoréalisateur que nous sommes s’accorde à le prophétiser.