Ecrivains de polars et de romans noirs, nous tenons, en tant que tels, à exprimer notre soutien à Dilma Rousseff, présidente du Brésil, menacée de destitution par un putsch institutionnel. Parce que le roman noir est un genre engagé politiquement et socialement, parce qu’à travers nos romans nous portons un regard critique sur la société et ses dérives, parce que nous écrivons aussi pour témoigner.

Notre ami Hamilton Dos Santos, réfugié politique après les coups d’Etat militaires de 1964 au Brésil et de 1973 au Chili, nous a alertés.

Nous avons alors décidé de nous exprimer, portés par notre engagement à défendre partout la démocratie et la justice sociale.

L’Amérique latine et le Brésil, notamment, nous concernent : terres de luttes sociales et politiques, jeunes démocraties encore fragiles après tant d’années de dictatures, où certains d’entre nous ont d’ailleurs situé l’action de leurs romans…

Quels sont ces faits qui nous inquiètent vivement et motivent notre prise de parole ?

Le Parlement brésilien est sur le point d’entamer, le 11 mai, la deuxième phase d’un long processus visant à destituer la présidente Dilma Rousseff, élue avec plus de 54 millions de voix.

Un processus que nous considérons comme un putsch juridico-politique.

La Chambre des députés, à majorité conservatrice, a voté l’impeachment sur une base juridique très faible et avec des accusations inconsistantes. L’objectif est uniquement politique. C’est un président de la Chambre, Eduardo Cunha, mis en examen pour plusieurs faits de corruption, qui fomente ce putsch contre une femme intègre mais gênante pour ce député et ses amis.

D’autres parlementaires, eux aussi sous le coup de mises en examen pour corruption, ont invoqué Dieu, ou leur famille, pour justifier leur vote en faveur de la destitution. Le député Jair Bolsonaro est même allé jusqu’à dédier son vote à la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, le tortionnaire de Dilma, alors âgée de 23 ans, sous la dictature militaire brésilienne.

Les successeurs de ceux qui ont perpétré le coup d’Etat de 1964 sont aujourd’hui ceux qui manigancent ce putsch parlementaire. Les manœuvres juridico-politiques remplacent les chars mais l’objectif est le même : répression, fin des politiques sociales et d’éducation, accaparement des richesses.

Ces politiques sociales ont sorti de la misère plus de 50 millions de Brésiliens et ont ouvert les portes de l’école, de l’université, aux Indiens, aux Noirs, représentant à eux seuls plus de la moitié de la population.

Ces politiques ont instauré pour tous les Brésiliens un système de santé de base, une allocation familiale (Bolsa Familia) et une agriculture familiale.

Nous savons que le Brésil demeure un pays profondément inégalitaire mais Lula et Dilma ont tracé la route du progrès et ont donné de l’espoir à des millions de Brésiliens.

Nous ne voulons pas laisser mourir cet espoir.

Nous ne pouvons rester indifférents face à cette tentative d’interrompre la continuité démocratique au Brésil, interruption qui replongerait le pays dans les heures sombres de son histoire.

Nous voulons faire savoir haut et fort que nous soutenons la présidente Dilma Rousseff et nous appelons tous les démocrates à faire de même.

Ce manifeste est en ligne sur le site Avaaz.org

Premiers signataires : Hamilton Dos Santos (ancien exilé politique brésilien), et les écrivains de romans noirs et polars : Gildas Girodeau, Gilles Del Pappas, Laurence Biberfeld, Gérard Alle, Roger Martin, Patrick Mosconi, Fred Vargas, Dominique Manotti, Valerio Evangelisti Catherine Diran, Max Obione, André Fortin…

3 Commentaires

  1. Pour quoi souvenir une Femme President qui n’a pas soutenu les démocrates vénézuéliens,
    malgré les appels désespérés face à un Chavez qui a détruit la liberté d’expression et notre démocratie?
    Pour quoi soutenir cette femme qui ayant été torture pendant la dictature a gardé un silence complice
    lors des étudiants tortures au Venezuela pendant mes manifestation de février 2014.
    La corruption est un grand mal pour les démocraties. Elle ne mérite aucun soutien de démocrates.
    Aujourd’hui on l’appel coup institutionnelle, chez nous nous avons eu plusieurs coup institutionnelles
    avec l’indifférence de tous les gouvernements « de gauche » de l’Amérique latine trop occupées de la realpolitik
    et une image d’union..

  2. De tout coeur avec vous mais vous auriez pu choisir un autre site qu’ avare qui se vante justement d avoir permis
    la procédure d impeachement grâce à une
    pétition! !