On attendait Chelsea, Liverpool, Manchester United, City ou encore Arsenal. Et au finish, c’est Leicester qui est sacré champion! Mais comment donc? Leicester? La petite équipe de rien du tout, habituellement confinée à végéter dans le bas du tableau ? Leicester, l’équipe de galériens qui jouait encore la saison dernière son maintien en première division? Yes, Leicester; Leicester, l’équipe sortie de nulle-part. Exceptionnel, magique, n’est-ce pas? Les raisons de cet exploit? Le « Leicester spirit » : find your dream, keep the passion burning, work hard, beleive in yourself and – last but not least – team spirit. Rêve, passion, dur labeur, estime de soi, esprit d’équipe.

Leicester. Leicester, champion, je ne peux m’empêcher de penser au Rwanda. Il y a de cela vingt deux ans, au lendemain du génocide des Tutsi, le pays des mille collines était une terre saccagée, dévastée, perdue dans l’horreur suprême; un champ de ruines, la vie complètement démolie, jetée dans le vide du silence du monde. Et qu’est devenue depuis ce bout de terre en perdition et en toute évidence alors sans avenir? Toujours terre secondaire à l’existence? Toujours terre venue au monde pour souffrir le martyr? Non. Le Rwanda, un vrai miracle aujourd’hui de renaissance ; une véritable success story africaine et internationale! Le petit pays de la région des grands lacs s’est transmué en géant n’hésitant pas à jouer, et cela sans aucun complexe, dans la cour des grands. Impressionnant parcours, n’est-ce pas?

Leicester. En début de saison, quel bookmaker sérieux aurait misé un penny sur la team de Leicester? La cote des « Foxes » alors? 5.000 contre 1. De mémoire de parieurs aucune équipe avec une telle cote au départ n’est jamais, jamais devenue championne. Logiquement donc Leacester ne pouvait pas être couronné roi d’Angleterre.

Autre lieu, autres enjeux, enjeux plus cruciaux, plus vitaux : qui aurait parié, il y a deux décennies, un souffle d’espérance sur un Rwanda dans un futur proche debout, reconstruit, rayonnant? Personne. Sur le Rwanda, il était écrit : ici plus d’espérance. Le Rwanda semblait destiné à sombrer définitivement, terrassé par son indicible vécu et à demeurer, désemparé, irrévocablement, irrémédiablement perdu dans la frayeur, l’épouvante, la sidération, la forclusion, la léthargie, l’impuissance. De retour du néant, le Rwanda semblait condamné à jamais. Seule destinée logique? Abdiquer.

Et que nous est-il donné à voir aujourd’hui? Un pays vainqueur de tous les malheurs et insolemment conquérant de la vie. Son secret? Les ingrédients de sa potion magique? Un triptyque gagnant : oser rêver grand, obligation de rendre compte, citoyenneté affirmée. Sans oublier comme chez les Leicester, sans oublier comme chez Mayrez et ses dribbles arabesques aux quatre vents, Kanté et son entêtement de gardien du milieu, Vardi, le feu follet, Morgan, le roc, sans oublier ce brin de « self confidence », ce brin de confiance en soi : la blessure maîtrisée, la blessure éternellement vivace du passé en éclats maîtrisée, inventer le temps de la renaissance, inventer la renaissance par la création, la renaissance par le labeur. Ne jamais abdiquer sans avoir joué sa propre musique. Place à l’inspiration, place au labeur, place au dur labeur. Objectif : faire émerger, hors des sentiers battus, ce qui n’a pas encore été fait, ce qui n’a pas encore réalisé. Reconquête de son statut de sujet, auto-reconstruction par la sueur de son imagination. Mais step by step. Chaque chose en son temps.

Step by step comme Leicester. Durant toute la saison, Leicester ne s’est jamais trompé de défi. Intelligence en mouvement, l’équipe a cheminé pas à pas, match après match. Avec ténacité, solidarité, loyauté, humilité, espérance. Et l’efficacité toujours redoutable. Revenu de l’enfer, le Rwanda s’est reconstruit, l’esprit ouvert, étape après étape : sécurité pour tous d’abord, justice, intégration sociale, développement. Renaître de ses cendres, le même credo comme boussole : « Être meilleur ne s’arrête jamais! ». Prendre le risque de s’élancer au-delà parfois de ses limites sans craindre l’échec ; se reconstruire, la conscience profonde que tout autant que le développement, l’identité n’est jamais une donnée naturelle, génétique mais une construction permanente.

Leicester champion, champion exceptionnel, la beauté du jeu en prime. Le plaisir de jouer. Rwanda : renaître et grandir. Transformation sociale et économique non pas comme ce sacerdoce tissé de privations au cœur des projets promettant le bond en avant mais plutôt comme cet élan vers l’affirmation de la beauté de la vie. Le goût de la vie. Ainsi chaque jour le Rwanda, plus vivant, plus beau, plus lumineux. Merci aux chercheurs et semeurs de lumière qu’ils viennent de Leicester ou du Rwanda; ils nous appellent à la vie, à la création de la vie.

8 Commentaires

  1. Mais bien sur. » Génocide des tutsi »??? et Les hutu génocidés jusqu’au Congo en 1996 et même en 1994 pendant la guerre par le FPR? Eux n’ont pas droit aux mémoires. Au fait avez vous été dans les villages du Rwanda pour voir la pauvraité bien ignoréede tous??? Je ne savais pas qu’on pouvait comparer un pays et une équipe de football. Belle propagande….

  2. Waouh! J’aime cette comparaison il n’y a pas longtemps je ne connaisse pas Leicester mais vu l’exploit qu’ils ont accompli le monde entier connaîtra cette équipe… Idem pour le Rwanda le monde entier a connu ce pays avec le tragédie du Genocide de Tutsi et aujourd’hui ce petit pays a su prendre son destin à main!

  3. « tu iras vite seul mais tu iras loin ensemble ». Par Chloé Wosak.
    Bravo ils mérite largement.

  4. Quand on a touché le fond de la piscine on ne peut que remonter!

  5. Jolie comparaison. La mise en perspective de ces deux destins donne de l’espoir. L’équipe de Leicester est en train de vivre un conte de fée, on souhaite le même élan optimiste et la même victoire au Rwanda !

  6. La victoire de Leicester met fin à la domination de quelques clubs anglais à gros budget. Ce petit club s’est imposé contre toute attente en mettant à mal la logique de domination économique et financière. Bravo !!!

  7. Cette victoire a dû coûter très très cher aux bookmakers…

  8. Au-delà du foot, saluons la renaissance du Rwanda, c’est tout de même bien plus important et salutaire !