Dostoïevski disait : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » (à qui est privé de lui). Il faut renverser la formule : « Si Dieu existe, tout n’est pas permis » (à qui s’en réclame).
Il y a les droits de l’homme. Dont celui de croire ou de ne pas croire en un dieu.
Et il y a, pour ceux qui croient en un dieu, les droits de dieu sur l’homme. Dieu, qui n’a aucun droit sur ceux qui ne croient pas en dieu, a tous les droits sur qui lui attribue ce droit souverain. Dieu n’attribue ni ne redistribue ce droit souverain, qui ferait des hommes un prolongement de lui, une émanation sainte, une fraction ou un duplicata de sa substance : autant de négations de son unicité. Sauf à s’incarner comme chez les chrétiens et divers cultes païens, Dieu ne se délègue pas, ne fait pas des hommes à leur tour des hommes-dieux, n’autorise quiconque, prophète ou autre, à s’apparenter de près ou de loin à lui, n’a d’envoyés qu’élus par sa parole et qui, en rien, ne sont lui, porteurs de son seul message, et sans nul atome de ses pouvoirs divins.
La toute-puissance sur leur destin que lui attribuent ceux qui croient en lui ne les autorise pas à se l’attribuer eux-mêmes et se prétendre, par ce biais ou un autre, dépositaires du divin, lumières de dieu sur terre, sortes de parcelles de lui, qui, par délégation expresse, seraient dotés vis-à-vis de leurs semblables d’une part de ses droits souverains à lui, se feraient en son nom maîtres du destin d’autrui, juges à sa place de la vie et de la mort, quand cela seul lui revient le jour de notre fin.
Pour ceux qui croient en ce dieu nommé par eux Allah, le djihad, sauf à usurper la position de dieu, à usurper la toute-puissance et  les qualités qu’ils lui attribuent, ne saurait être un quelconque droit, de nature divine, sur autrui, mais un pur devoir sur soi, et à la seule adresse de dieu. Les hommes n’ont pas de droits divins. Les droits de dieu qu’ils lui reconnaissent sur eux-mêmes et, par extension unilatérale, sur les autres hommes ne leur appartiennent ni ne leur reviennent en propres, sauf à se prendre peu ou prou pour une émanation de lui et, de fait, profaner son unicité, alors même qu’il est dit par eux :  » Il n’y a de dieu que dieu ».
Assassiner par procuration au nom de dieu est faire symboliquement de dieu un assassin par devers lui.
C’est ce qu’ont commis ces hommes assassinant leur dieu en criant « Allah Akbar ! », kalachnikov au poing, dans les locaux de Charlie Hebdo.