Discours de Victor Pinchuk lors de la troisième édition du Prix d’art de la Génération future, au PinchukArtCentre, Kiev, Ukraine, le 6 décembre 2014.
Chers amis,
Aujourd’hui, les meilleurs jeunes artistes de tous les continents sont parmi nous à Kiev. Ainsi que quelques-uns des plus respectés conservateurs, artistes et directeurs de musée, en tant que membres du jury. Mes plus sincères félicitations aux vainqueurs. Je remercie le jury d’être venu ici, et la direction du centre artistique, pour leur dur labeur.Chers amis,
Vous voyant tous ici présents, les raisons de mon investissement depuis tant d’années sont très claires. Je crois que l’art contemporain est lié à la liberté, à l’ouverture d’esprit. Avec vous, je constate que Kiev devient à nouveau un puissant centre d’énergie positive du changement.
Regardez 600 kilomètres à l’Est et vous comprendrez ce que je veux dire. A Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine, un centre d’art contemporain (« Isolatia ») a été transformé en prison. Les artistes en furent chassés. Et à présent, des personnes y sont incarcérées dans d’horribles conditions et torturées.
Pour moi, cela est tragique – mais logique. C’est une loi de la nature : les régimes répressifs abhorrent l’art contemporain. Ils le craignent, le font cesser, l’interdisent. Ils veulent contrôler là où l’art contemporain libère. Ils veulent des fourmis, ou des robots, mais l’art contemporain aide toujours à créer des individus forts. Et nous, ici, avec notre musée et nos prix artistiques, depuis près de dix ans, avons « produit de l’art, pas des fourmis ».
Ici, les Ukrainiens ont été confrontés à des travaux radicaux. Nous avons voulu introduire « un questionnement et un changement » dans leurs esprits. Et lorsque l’ancien gouvernement a de plus en plus étendu sa domination, ce radicalisme était comme une piqûre continue de résistance. Vous, les artistes, étiez donc nos alliés dans la création d’un espace de totale liberté.
A présent, je vous demande d’être les alliés des Ukrainiens. Et même les ambassadeurs d’honneur de l’Ukraine. Il n’y a rien de plus dissident, de plus original, que l’art et les artistes contemporains. C’est le cauchemar de tout despote. Vous savez que nous accueillons ce « cauchemar » en Ukraine. Dites-le au monde, s’il-vous-plaît. Ils vous croiront.
Nous nous sommes engagés auprès de la scène artistique ukrainienne et des jeunes artistes internationaux pour créer un réseau reliant les meilleurs de ceux qui créent l’ouverture d’esprit, la liberté, le changement. Je suis fier de notre engagement. J’espère que cela s’avèrera utile pour mon pays dans ces temps difficiles.