La pièce de BHL a été créée à Paris le 9 septembre .
Presque un mois plus tard on pouvait dire face aux commentaires unanimement hostiles : « La pièce est très attaquée. … on la démolit si violemment. … comment sortir de ce guêpier? »
Fernando Arrabal a rendu public son texte: « La rigueur mathématique de la confusion », le mardi 30 septembre.
Et le « miracle » s’est produit.
Le 2 octobre : « Il était 20h30, jeudi 2 octobre. La pièce de Bernard-Henri Lévy s’apprête à commencer. Et soudain stupeur. Entre un spectateur: le premier ministre en personne Manuel Valls  »
Le 3 octobre : « Il était 20h30, vendredi 3 octobre. La pièce de Bernard-Henri Lévy s’apprête à commencer. Et soudain stupeur. Entre un spectateur totalement imprévu : le président de la République en personne François Hollande ».

« La rigueur mathématique de la confusion » de Fernando Arrabal
En voyant et en écoutant Weber à l’Atelier je me suis souvenu de la sublime truie incarnée à Tokyo par l’académicien du Kabuki,
et de Madeleine Renaud enterrée, à Paris, jusqu’au cou dans «Oh les beaux jours» de Beckett,
et de Nuria entendant le cri de «Viva la muerte»,
et de María-Jesús Valdès interprétant seule sur scène «Lettre d’amour», accomplissant le miracle,
et d’Helena Brecht plumant un coq vivant, plume à plume, jambes à l’air, sur un tabouret à trois pieds,
et d’Orna Porat à l’Habimah de Tel-Aviv, et au National de Bucarest, dans “Lettre d’amour”,
et de Victoria Cocias, messagère roumaine de l’amour pour ma propre mère,
et de Grotowski constant avec le prince,
et de Carmelo Bene parmi ses caprices de dame des anges,
et de Tom O’Horgan sur l’île de la Mama entre l’architecte et l’empereur,
et de Victor García à genoux avant de finir d’accoucher,
et de Kantor faisant la classe aux morts,
et de Ronconi avec ses chars dans les nuages et le cerveau,
et de Miwa travesti par Mishima et mon «Grand Cérémonial»,
et de Mariangela Melato et sa furie avec Orlando,
et de Ruth Escobar au balcon de ma «Tour de Babel»,
et du derviche sans sourd-muet mais avec Bob Wilson qui à sept heures du matin nous avait secoué la tête et l’imagination à Spring Street,
Weber, avec les clefs du château, s’empare de l’espace, du temps, du silence, de l’air, du son, de l’odeur, de la lumière, de l’eau, du rythme, du firmament, du puits, de l’infini, du hasard, de l’art, des images et de l’image. Dans des méandres ondoyants et divers. Dans la rigueur mathématique de la confusion.
Après le spectacle on a fait les présentations. Jacques Weber m’a dit:
— Vous êtes Fernando Arrabal?
— C’est mon grand-père, ai-je répondu en souriant.
— Savez-vous que lorsque j’étais un gamin nous nous sommes vus et serré la main. Il y a quatre cent vingt-sept ans et des poussières. Vous m’avez flanqué une vraie raclée. En jouant aux échecs en simultanée contre trente adversaires.
Si j’avais été un ami de Weber, bien entendu je n’aurais pas écrit ce dithyrambe. Si mérité.