Le célèbre dramaturge et poète espagnol, Fernando Arrabal, fête aujourd’hui ses 82 ans. La Règle du jeu lui souhaite un joyeux anniversaire ! Découvrez le poème qu’il a conçu spécialement pour cette occasion : vin.


V I N


Je me couvre les oreilles

pour voir:

dans les temples (divins)

on ne sert pas de canons de rouge

ni de ballons ouvre-cuisses.


Moi, libre, irradiant

de repousser avec force

un quelconque barreau

sans drapeaux

ni opinions.

Enfermé dans mon

minuscule MOIOIOI

et abîmé

dans mon EGOOO

je me sens étranger

dans le monde de mes paniques

prenant soin,

comme de mon coeur,

de la coupe qui raisonne,

qui rend amoureux,

et qui même délire

quand  je ne le veux pas.


Les mignardises du vin

un verre à la main

même en un jour assombri

de ciel morose

sans  malles errantes

composent leur musique

pour vaincre

plus que pour chanter

grâce au mot à la hauteur

du fiasco

et du vertige

quand le gâchis

se hausse

en symbole et signe.


Fernando Arrabal,

1er Phalle de 141 de l’E. ‘P. (11-VIII-14)




V I N O


Me tapo los oídos para ver:

en los  templos (divinos)

no sirven chatos

ni txiquitos de tinto


libre, yo,  con el lustre

de apechugar

el fulano barrote

sin banderas ni opiniones


encerrado en mi diminuto YOOO

y ensimismado  EGOOO

me siento forastero en el  mundo

de mis pánicos

cuidando como a mi corazón

la copa que razona

y que enamora

y que incluso delira si no quiero


el  arrumaco del vino

una copa en la mano

aun en día pardo

de cielo encapotado

sin baúles mundo extraviados

compone su música para vencer

más que para cantar

con la palabra a la altura

del chasco  y del vértigo

cuando la chapucería

se encumbra en símbolo y signo


Fernando Arrabal,

1° de Falo de 141 de la E. ‘P (San Priapo , urbano)


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