Née de père musulman, elle se revendique chrétienne comme sa mère, ce que la charia interdit.

L’islam radical fait malheureusement beaucoup parler de lui en ce moment. Au Nigeria Boko Haram multiplie les atrocités – après l’enlèvement des lycéennes, ses deux attentats à la bombe viennent de tuer des dizaines de civils -, en Arabie saoudite un tribunal s’est distingué par la condamnation à 1000 coups de fouet de Raïf Badawi , blogueur libéral, et maintenant le Soudan du dictateur Omar el-Béchir (recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de génocide au Darfour) se distingue à son tour par une ignoble application de la charia. Le 15 mai, Meriem Yahia Ibrahim Ishag, jeune femme de 27 ans enceinte de 8 mois, a en effet été condamnée à la pendaison pour apostasie et à 100 coups de fouet pour adultère. Son pays appliquant la loi islamique depuis 1983, et le code pénal soudanais ayant été modifié en 1991 (après le coup d’Etat, ourdi par les Frères musulmans, qui a porté el-Béchir au pouvoir) un tribunal lui a reproché de s’affirmer chrétienne orthodoxe, comme sa mère, alors que son père – qui avait abandonné sa famille depuis longtemps – est musulman. Or, selon les règles de la charia, l’appartenance religieuse est transmise par le père. Par conséquent, en revendiquant son christianisme Meriem a automatiquement commis le crime d’apostasie puisqu’elle refuse la religion auquel elle est censée se soumettre de par sa naissance. Comme de surcroît elle est mariée à un chrétien, son union n’est pas reconnue et elle se trouve donc en situation d’adultère. D’où sa double condamnation. En attendant son procès en appel, elle moisit en prison, avec son fils de 20 mois. Son mari, chrétien originaire du Sud-Soudan, vit aux USA. Il n’a pas obtenu le droit de lui rendre visite en prison.
Le sort de Meriem a entraîné de fermes réactions de par le monde, notamment celles, officielles, des États-Unis, Royaume-Uni, France, Pays-Bas et Canada. L’ONU a également dénoncé sa condamnation à mort. Une pétition d’Amnesty International est largement relayée sur les réseaux sociaux. En France le Collectif Urgence Darfour a lancé un appel, déjà signé par des dizaines de personnalités féminines, pour la libération immédiate de la jeune femme, invitant à laisser des commentaires de soutien qui lui seront transmis. Le magazine ELLE s’est associé à cette campagne en faveur de Meriem. Le Soudan osera-t-il l’exécuter ? Peut-être pas si la mobilisation s’amplifie. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.