Action symbolique devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris pour la libération du blogueur saoudien.
Pourquoi cette initiative ? Pour protester contre la condamnation du bloggueur saoudien Raïf Badawi, 32 ans, marié et père de deux enfants, créateur du site web «Les libéraux saoudiens», sur lequel il s’est permis par exemple d’inviter le royaume wahabbite à la libéralisation religieuse et à une approche égalitaire des différentes religions. Intolérable pour les autorités de ce pays à l’islam ultra-conservateur ! Raïf Badawi a été arrêté puis condamné, le 7 mai, à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison. Pour faire bonne mesure la justice de son pays lui a en outre infligé une amende équivalant à environ 191 000 €.
En juillet 2013, un tribunal lui avait originellement infligé 600 coups de fouet et 6 ans d’incarcération. Un verdict certainement considéré comme épouvantablement laxiste par la magistrature locale, d’où un nouveau procès avec des sanctions cette fois à la hauteur des crimes du prévenu. Dans leur immense mansuétude, les autorités judiciaires avaient précédemment renoncé à l’inculper d’apostasie, sans quoi il était passible de la peine de mort.
Les réactions à cette condamnation ont commencé : Amnesty International et Human Rights Watch exigent la libération de Raïf Badawi et une page Facebook a été créée. Ce n’est pas énorme, mais c’est mieux que rien dans l’actuel contexte où les défenseurs des droits de l’homme ont malheureusement bien des chats à fouetter.

Waleed el-Husseini, Meriem Russel et Amina Sboui devant l'Ambassade saoudienne à Paris, ce lundi 12 mai 2014. Photo : Yann Revol
Waleed el-Husseini, Meriem Russel et Amina Sboui devant l’Ambassade saoudienne à Paris, ce lundi 12 mai 2014. Photo : Yann Revol

Quelques mots sur les deux militantes qui ont dévoilé leur poitrine : Meriem Russel et Amina Sboui, l’une et l’autre d’origine tunisienne, avaient déjà participé, le 8 mars, journée internationale des femmes, à une action devant le Louvre, cette fois intégralement dévêtues. Elles proclamaient que le corps des femmes arabes leur appartenait. Puis, le 30 avril, elles avaient manifesté seins nus devant l’ambassade d’Egypte pour dénoncer les quelque 700 condamnations à mort prononcées contre des Frères musulmans, revendiquant «une vraie justice même pour nos ennemis» et dénonçant la peine de mort. Ce qui leur avait valu de passer 24 heures au poste. Amina, à qui ses prises de position sur l’islam avaient valu plusieurs mois de prison dans son pays natal, est fermement laïque. Meriem Russel se considère comme musulmane «à [sa] façon» et croit en Dieu, dont elle estime néanmoins qu’il «n’a sûrement pas écrit toutes les conneries qu’il y a dans le Coran».
Quant à Waleed el-Husseini, c’est un jeune Palestinien réfugié en France après avoir été emprisonné en Cisjordanie en raison de son blog «Fier d’être athée». Il y a environ un an, il a fondé le CEMF, qui a aujourd’hui déclaré être «révolté, mais hélas pas très surpris, par ce jugement monstrueux». L’association «condamne avec la plus grande fermeté cette sentence qui constitue une très grave atteinte à la liberté d’expression et une violation absolue des droits de l’homme».
L’Arabie saoudite, cet indéfectible allié officiel des grands pays occidentaux, n’est pas bien loin d’être le modèle de théocratie intégriste dont rêvent de par le monde les fous furieux d’Allah, que ce soit, pour ne citer que ceux-ci, Boko Haram, qui se glorifie d’avoir enlevé 200 lycéennes au Nigeria parce qu’elles faisaient des études, ou les talibans qui ont tenté d’assassiner Malala, la jeune pakistanaise qui elle aussi voulait continuer à étudier, ou encore les fanatiques jihadistes venus parasiter la révolution démocratique syrienne dans le but d’instaurer un émirat appliquant la charia dans toute son horreur meurtrière. Le royaume wahabbite n’est-il pas, comme le rappelle le CEMF, le «sponsor mondial du terrorisme» ? Ce même royaume qui n’a pas craint le ridicule et l’abjection en faisant adopter en avril une loi assimilant l’athéisme à du terrorisme. On imagine les suites…
Oui, décidément, les défenseurs des droits de l’homme et de la laïcité ont bien des chats à fouetter. L’Arabie saoudite en fait partie, dont Raïf Badawi n’est que l’une des innombrables victimes. Il doit être immédiatement libéré.

5 Commentaires

  1. Bonjour!
    Bravo! pour votre courage et votre combat contre obscurantisme et la dictature la plus sauvage de l’histoire de l’humanité!! Je suis moi-même issue de culture musulmane et me suis toujours révoltée contre les inégalités entre les femmes et les hommes, la négation des libertés, le fanatisme et l’hypocrisie de ceux qui imposent au peuple de se soumettre à l’islam (avec tous les interdits: poser des questions sur l’islam, critiquer le prophète, faire l’amour hors mariage…) et qui passent des vacances dans les grands palaces escortés de belles blondes « louées à des milliers d’euros » pour assouvir les appétits sexuels de ces pervers et criminels!!!!
    Vous avez raison de soutenir cette victimes de la tyrannie!!! et j’aimerai rejoindre votre collectif. Mais, je suis en province. Avez-vous des antennes ailleurs qu’à Paris?
    Merci! A bientôt!

  2. Le jeu de l’Arabie Saoudite est très clair.
    Il suffit de se pencher deux secondes sur la politique du pays pour comprendre tout le mal infligé aux saoudiens en premier lieu.