Hier soir s’est déroulé dans la salle étoilée du cinéma Saint-Germain-des-Prés la soirée de remise du Prix Saint-Germain, devant une salle comble d’amateurs et professionnels du cinéma, venus découvrir les lauréats du meilleur film français et du meilleur film étranger de l’année 2013.
Le président du jury de cette troisième édition, Bruno de Stabenrath, a mené tambour battant une soirée pleine de surprises.

Après une captivante intervention sur les liens entre cinéma et littérature — aux racines de la création du Prix — illustrés par une projection de scènes d’adaptations cinématographiques de grands romans, le président a accueilli Bernard-Henri Lévy, Yann Moix, Régis Jauffret, Fernando Arrabal et Karine Tuil (membres du jury) sur scène, pour commenter, tour à tour, les films de la deuxième sélection : Syngué Sabour de Atiq Rahimi, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski, Un château en Italie de Valeria Bruni Tedeschi, La danza de la realidad de Alejandro Jodorowski, Blue Jasmine de Woody Allen, La Grande Bellezza de Paolo Sorentino.

A l’issue de la présentation des trois films français par Bernard-Henri Lévy et Marie Schmitt Di Meo (Ad Vitam distributions), le Prix du meilleur film français a été remis à Roman Polanski pour La Vénus à la fourrure, un huit-clos  dans lequel Vanda, magistralement interprétée par Emmanuelle Seigner, assujettit progressivement le metteur en scène (Mathieu Amalric) qui lui fait passer une audition pour la pièce de théâtre de Sacher-Masoch, auteur qui a donné son nom au masochisme.

Roman Polanski, accompagné de sa comédienne et épouse Emmanuelle Seigner, et de son distributeur Stéphane Célérier (Mars distributions), est venu sur scène recevoir son Prix, remis par Bernard-Henri Lévy. Le réalisateur n’a pas manqué d’exprimer sa reconnaissance aux membres du jury.

Place ensuite à un intermède plus léger : Régis Jauffret dévoile un sujet de conversation des rendez-vous du jury pour le moins inattendu. Lors d’une séquence intitulée « Les écrivains se mettent à nu », l’auteur a présenté quelques « membres du jury » (au sens propre a-t-il précisé) totalement nus ! La vidéo a fait sensation parmi le public, compilant nu aquatique (Régis Jauffret dans Le loup garou, 2014), nu romantique (Bernard-Henri Lévy dans Aurélien, 1978), nu poétique (extraits d’un ouvrage de photographie et de poésie sur Fernando Arrabal), et nu érotique (Bruno de Stabenrath dans Les Folies d’Elodie, 1981).

La soirée a continué avec la sélection des films étrangers, présentée par Karine Tuil. Le dramaturge et poète espagnol Fernando Arrabal, habitué des coups d’éclats poétiques lors des soirées de remise du Prix, s’est exprimé sur La Danza de la Realidad, le dernier film de Jodorowsky, son compagnon de route dans la création du mouvement Panique en 1962. Alejandro Jodorowsky, entouré de sa famille, dont son fils Brontis Jodorowsky, acteur principal du film, a rejoint son camarade sur scène, où ils ont évoqué les années du groupe surréaliste.

Les deux réalisateurs lauréats, dont les films ont illustré de façon poignante la folie, la barbarie et la violence des relations humaines, recourant au réalisme sombre pour l’un, et à la fantasmagorie carnavalesque pour l’autre, ont été salués par une standing ovation. Deux œuvres fondamentales, qui ont été reconnues par notre jury comme les deux meilleurs films sortis en salles en 2013.

Pourtant, la soirée ne toucha pas à sa fin avec la remise de ces deux Prix : le jury avait décidé à l’unanimité, lors des délibérations du 19 janvier, de remettre cette année un Prix spécial à Jean-Pierre Mocky, saluant l’ensemble de son oeuvre. Le réalisateur grande gueule de 80 ans, une soixantaine de films au compteur en plus de cinquante ans de carrière, a chaleureusement remercié le jury pour cette distinction, remise avec complicité par un Yann Moix taquin mais plein d’admiration.

Ultime surprise concoctée par le président : l’arrivée en musique des « Saintes-Germaines», une vingtaine de jeunes femmes vêtues de blanc, qui ont dansé, cierges à la main, le long des allées du cinéma, avant d’emmener sur scène le jury et les lauréats.

Photos : Yann Revol

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