Le 8 décembre 2013, La Règle du jeu consacrait un séminaire au plus influent philosophe allemand : Martin Heidegger.

Alors que son engagement nazi et son antisémitisme seraient enfin attestés par la parution prochaine de ses Cahiers noirs [Schwarze Hefte] — dont des extraits circulent depuis quelques jours —, La Règle du jeu s’est penchée sur la «Pensée brûlante» du philosophe allemand.

Bien que le thème de notre séminaire du 8 décembre ait été déterminé avant l’annonce de la publication, au Printemps 2014, de ces textes inédits, la nouvelle n’a pas manqué de faire des remous dans la salle du cinéma Saint-Germain ce dimanche matin.

Ainsi, les philosophes Sylviane Agacinski et Hadrien France-Lanord ont adopté des positions complémentaires et nuancées face à ces désormais tristement célèbres Cahiers noirs, pas encore publiés ni traduits, mais dont le co-directeur du Dictionnaire Heidegger a d’ores et déjà cité les extraits les plus choquants. Rappelant le problème philosophique de fond – « La responsabilité de l’homme à l’égard de l’être a peut-être détourné Heidegger de la responsabilité de l’homme pour l’autre homme » -, la philosophe demande aussi qu’on évite, dans cette affaire, de « se laisser emporter par l’actualité et l’instantané ». Quant à Hadrien France-Lanord, il déclare qu’ « il faut prendre acte de la gravité des propos et les « méditer en silence », « loin de la tourmente médiatique » ».


Au sujet de la polémique des Cahiers noirs, Sylviane Agacinski rappelle qu’il serait bon de ne pas se laisser «emporter par l’actualité et l’instantané».

Hadrien France-Lanord trouve, lui, les propos du philosophe «choquants, lamentables, voire insupportables», et se dit «sans voix et sans coeur à les défendre».

L’écrivain passionné de Heidegger, Stéphane Zagdanski, qui a lui même participé au Dictionnaire, revient sur les liens entre Lévinas et Heidegger en expliquant pourquoi, selon lui, «Lévinas ne pouvait pas comprendre Heidegger».

Salomon Malka, directeur de l’Arche et de RCJ, fait l’éloge du Dictionnaire Heidegger, en exprimant toutefois sa déception face à l’entrée consacrée à Lévinas, qu’il juge trop brève.

Enfin, Hadrien France-Lanord a lui-même reconnu la nécessité de revoir la notice sur l’antisémitisme à la lumière des dernières révélations sur Heidegger.

Pour terminer, Alexis Lacroix, le « gardien du temps » de nos séminaires rappelle, avec humour, les contraintes techniques, faisant un clin d’oeil à la temporalité heidegerienne mentionnée par Stéphane Zagdanski.