Monsieur,

Je réagis à votre article paru dans La Règle du Jeu à propos du spectacle Les Revenants d’E. Ibsen, dans la mise en scène de Thomas Ostermeir, tant vos propos sur le théâtre des Amandiers me choquent.
Que vous n’ayez pas été convaincu par le travail proposé sur le plateau et que vous en fassiez état dans la Revue, c’est légitime et salutaire. Le théâtre n’a pas à faire consensus.

Mais que vous vous en preniez à l’institution et à son directeur me gène profondément. Plus, c’est votre mépris à notre égard qui me consterne.
Quelle pitoyable idée avez-vous du travail que nous faisons quotidiennement à Nanterre ? Combien de fois êtes-vous venu ici, dans ces murs ? Que connaissez-vous des créations de Jean-Louis Martinelli et de celles des autres metteurs en scène et équipes artistiques ? Comment pouvez-vous juger de la diversité des publics du théâtre en une soirée ? Quelles sont les actions en maison d’arrêt ou dans les écoles, voire même à l’Hôpital ou au Cash que vous auriez suivies ? Que savez-vous de notre engagement sur le territoire de Nanterre et de l’intérêt du travail en banlieue, de cette réalité difficile, riche et complexe ?

Vous indiquez que Jean-Louis Martinelli s’indigne de sa non reconduction à la tête du Théâtre des Amandiers, attitude qualifiée de « réactionnaire ». Un peu plus de perspicacité ou de curiosité, voire un peu moins de parti pris, vous aurait conduit à observer que Jean-Louis Martinelli ne s’indigne pas, il se tait.
Ce sont les membres de l’équipe des Amandiers qui réagissent. Réaction au choix de la Ministre de la Culture et de la Communication. Limiter les mandats à la tête des institutions publiques serait le garant d’un renouvellement des générations, de la rupture esthétique et la condition d’une gouvernance démocratique ?  Il est de bon ton aujourd’hui de charger les artistes à la tête des institutions publiques (et vous y contribuez), d’opposer les compagnies aux maisons de théâtre, les jeunes aux plus âgés, les femmes aux hommes, alors que la seule chose qui devrait faire l’objet d’une étude attentive c’est la question de la singularité d’un parcours et d’un projet artistique, de sa pertinence, réussite ou échec… Mais tout cela nécessiterait du temps, du courage et plus de respect pour tous ceux qui œuvrent.

Si le cœur vous en dit, venez nous rejoindre de l’autre coté du périphérique, nous saurons vous y montrer une réalité bien réelle et vivante.

Leslie Thomas
Administratrice

Appel à signatures

[L’appel affiché au Théâtre des Amandiers et signé du personnel du Théâtre]

Demain les Amandiers

Le 27 mars dernier, le Ministère de la Culture a fait savoir à Jean-Louis Martinelli, directeur du Théâtre Nanterre Amandiers que son contrat ne serait pas renouvelé au-delà du 31 décembre 2013.

Cette décision brutale donne un coup d’arrêt au projet artistique, reconnu par tous, y compris la Ministre de la Culture, et porté par Jean-Louis Martinelli depuis douze ans. Douze ans, c’est trop ? Non. La singularité de cette grande maison de banlieue et la fidélisation des publics nécessitent de la durée.

Les arguments avancés sont ceux du changement, du renouvellement des générations et de la nécessité d’une féminisation des directions des théâtres français. Et pourquoi cette règle ne s’applique pas à tous de la même manière ?

Ces arguments, pour légitimes qu’ils soient, risquent de mettre en péril le devenir de ce théâtre.
Pourquoi arrêter ce qui marche ? Pourquoi ne pas examiner le projet de co-direction avec un(e) jeune metteur en scène proposé par Jean-Louis Martinelli pour les trois ans qui viennent ?

Cette décision a été prise sans qu’aucune concertation ne soit faite avec les collectivités territoriales, la Mairie de Nanterre et le Conseil Général des Hauts de Seine, partenaires de l’Etat pour le financement de ce théâtre et soutiens de Jean-Louis Martinelli.
Est-ce l’idée que l’on peut avoir d’une concertation démocratique ? Non.

Si cette situation vous peine, vous surprend, vous indigne, signez ce texte, et si vous le souhaitez prenez la parole pour participer au débat public.
(Nous vous engageons à diffuser toutes les contributions sur notre site internet : www.nanterre-amandiers.com).

Le personnel du théâtre.