Né à Berlin le 20 octobre 1917, Stéphane Hessel est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 95 ans.

Naturalisé Français en 1937, il entre en Résistance en 1941, en rejoignant les Forces Françaises Libres. Il est arrêté et déporté à Buchenwald, d’où il réussit à s’évader pour rejoindre Charles de Gaulle à Londres.

À la sortie de la guerre, il entame une carrière de diplomate. Il entre au Quai d’Orsay en 1945. En poste à l’ONU (dont le siège était à l’époque à Paris), il participe à la constitution de la charte des droits de l’homme et du citoyen. Européen convaincu, il était en outre l’une des grandes figures de l’engagement pour le droit d’asile, l’accueil des migrants et des sans papiers, suite à son combat acharné après l’expulsion de deux cents Africains de l’église Saint-Bernard en 1996. Son engagement pour la Palestine était quant à lui fort controversé.

Il laisse derrière lui une œuvre considérable, dont le célèbre petit manifeste au retentissement phénoménal : Indignez-vous !, paru en 2010, l’a remis sur le devant de la scène et a fait de lui la figure de proue du mouvement des Indignés qui a traversé le monde, de la Puerta del Sol à Madrid à Wall Street à New York.

Après Indignez-vous !, vendu à plus de quatre millions d’exemplaires et traduit dans quarante pays, l’éternel indigné a publié Engagez-vous ! avec Gilles Vanderpooten, Résistances, Pour une Birmanie libre avec Aung Saan Suu Kyi, Le Chemin de l’espérance avec Edgar Morin, et Tous comptes faits… ou presque.

Stéphane Hessel dans les studios Harcourt, dans les années 1950.
Stéphane Hessel dans les studios Harcourt, dans les années 1950.

Les hommages ont été unanimes à travers toute la classe politique, et notamment à gauche. Hessel était un proche de Pierre Mendès France, avait soutenu Michel Roccard en 1985, puis, dernièrement, avait rejoint Europe Ecologie (en 2009), et soutenu François Hollande à la présidentielle. En octobre 2012, il a activement participé au dernier congrès du Parti socialiste, durant lequel il a soumis une motion intitulée : « Plus loin, plus vite », dans une démarche collective regroupant plusieurs courants minoritaires au sein du PS. Le Président de la République a rendu hommage au résistant, et salue « une grande figure dont la vie exceptionnelle aura été consacrée à la défense de la dignité humaine. »

Le PS lui a ainsi témoigné son admiration : « C’est l’ensemble de notre pays qui est endeuillé : par ses combats et ses valeurs, Stéphane Hessel incarnait une part de l’âme universaliste de la France », écrit le secrétaire national du parti socialiste, Harlem Désir, dans un communiqué.

Retrouvez ici la première apparition télévisée de Stéphane Hessel en 1973, conservée par l’INA : « C’est tout l’équilibre du monde qui est à repenser. »