Cette information n’est peut-être pas parvenue jusqu’à vos oreilles, mais un séisme a parcouru en début de semaine le réseau social souverain : Facebook. Il semblerait que l’insubmersible navire de Mark Zuckerberg ait finalement heurté l’iceberg qui allait fissurer la confidentialité, principe que les éminences grises de Palo Alto prétendent tant chérir. L’alerte a été lancée par Metro lundi après-midi, avant que de nombreux médias ne se saisissent de l’affaire ; notamment Le Monde, pour qui la gravité de la situation méritait la Une du site, actualisée heure par heure.

Toute la soirée durant, le web a été alimenté par des témoignages en pagaille, sans que l’on puisse établir avec certitude le risque auquel nous étions exposés : on parle d’abord de divulgations sur le mur (partie publique) de messages privés (inbox) envoyés entre 2007 et 2009. Puis, finalement, il n’y aurait pas de limites chronologiques… On nous dit qu’il s’agit de messages que l’on a envoyés, puis de messages que l’on a reçus (réciproquement, nos messages seraient publiés sur le mur des destinataires, démultipliant ainsi notre travail de surveillance…) Ces messages apparaitraient tout en haut de la timeline (nouvelle organisation de votre profil Facebook), avant que l’on apprenne qu’ils sont supposés se trouver dans la partie 2007-2009 (eh oui, un profil Facebook est désormais mieux organisé qu’une chronologie à la fin d’un bouquin d’histoire).

Panique générale

Face à la démesure de la tâche pour tenter d’endiguer ces révélations, une vague d’utilisateurs désemparés a cédé à la panique. Imaginez… 26 millions d’inscrits en France, dont 16 millions d’utilisateurs quotidiens, donc susceptibles d’être informés du bug, alimentant eux-mêmes le réseau social de statuts affolés.
La perspective que nos moments de relâchement dans le cadre d’un bavardage privé soient révélés au grand jour a formé le terreau propice à la panique générale, à la paranoïa collective.
Jusqu’à ce qu’enfin tombe la version officielle : Facebook France annonce à 20h qu’il s’agit uniquement d’anciennes publications qui remontraient tout en haut de la timeline. Ouf ! Nous sommes sauvés ! La confidentialité a été maintenue. Mais alors, nous voici terrifiés, seuls, face à une unique question : à l’heure de nos premiers émois facebookiens, avons-nous été capables de publier ouvertement des inanités pareilles ?

Perte des priorités

Alors que Chloé Delaume écrivit sa vie de Sims à Simscity, puis, dans un autre ouvrage, sa vie à l’intérieur d’une télévision, le 24 septembre 2012, nous avons pu pour la première fois frôler (ou subir de plein fouet pour les malchanceux) les conséquences d’une crise virtuelle sur la vie réelle : trahisons dévoilées, disputes conjugales, crises de nerfs, éventuels suicides chez les collégiennes les plus sensibles ? Et peut-être même pire… suppressions de comptes Facebook ?
Ne nous affolons pas tout de suite. La révélation de ces messages privés n’a certainement pas eu les conséquences redoutées… En effet, pauvres Narcisses que nous sommes, chacun était trop affairé à faire défiler son propre profil, guettant l’inbox fatal, pour avoir le temps de fouiner sur le profil des autres à la recherche de la pépite. Quelle perte de priorité : sous le coup de l’angoisse, nous avons oublié d’être voyeurs !

Le panneau

Les rumeurs (que dis-je, les prédictions !) parcouraient pourtant la toile depuis un long moment déjà : depuis l’apparition du « chat » Facebook, on murmurait au sujet d’une hypothétique publication de messages privés.
Cela nous pendait au nez et nous avons eu ce que nous méritions. Et il faut croire que l’on en redemande : à peine l’excitation d’être démasqués redescendue, nous étions repartis de plus belle, oubliant la frayeur que nous venions d’avoir.
Le bug n’a pas été assez dévastateur, la crise n’a pas été totale : ainsi les flots de conversations « privées » ont repris sur le réseau social, point de retenue au menu. Les désinscriptions ne furent que momentanées. Et l’on retombe dans le panneau.

Dans The Facebook Effect, David Kirkpatrick a déclaré que l’année 2012 représenterait l’âge d’or de Facebook, avant une lente chute aux oubliettes de l’internet, alliée à la fin du web 2.0 qui céderait sa place à un nouveau type d’internet, tout comme Myspace et MSN ont un jour laissé place à Twitter et Foursquare.
Les mayas avaient prédit la fin du monde pour le 21 décembre 2012. Avec un peu d’avance, nous avons connu le premier signe de la fin de l’ère 2.0.
En attendant le grand final, les amis, il nous reste 84 jours à combler de conversations fleuves sur les réseaux sociaux. Alors cliquons, partageons, likons, écrivons, parlons, et surtout : lisons.

Un commentaire

  1. La fin du monde ? Comme vous y allez fort !
    c’est la nouvelle interface du réseau social qui a rendu visibles certains messages postés il y a plusieurs années.
    Et puis c’est tout…