Depuis ce matin, les combats font rage dans le quartier de Salaheddine, le bastion des rebelles, selon Al-Jazira, l’offensive de l’armée régulière est bien lancée. Des bombardements ont eu lieu très tôt dans la matinée pour préparer une offensive terrestre, puis l’armée a envoyé ses tanks envahir certaines rues du quartier. Si en début de matinée, certains déclaraient que les rebelles se repliaient du quartier, l’Armée Syrienne Libre (ASL) a balayé ces annonces d’un revers de la main : il n’y aurait eu aucun repli, seulement une intensification des combats. « Les forces du régime ont avancé du côté de la rue al-Malaab avec des chars et des blindés, et des combats violents se déroulent actuellement dans cette zone » a déclaré, à l’AFP, Wassil Ayoub, commandant de la brigade Nour al-Haq de l’ASL. Le commandant a précisé que « la percée s’est faite d’ouest en est à partir du quartier mitoyen de Hamdaniyé ». Selon lui, les troupes du régime posséderaient seulement 15% du quartier de Salaheddine, cependant, des tireurs embusqués dans des immeubles empêcheraient toute contre-offensive de l’ASL. La possession de Salaheddine par l’ASL est bien confirmée par Al-Jazira, pour qui, si l’armée régulière a réussi à progresser dans le quartier, ce dernier n’a pas été abandonné par les rebelles, même si certaines unités se sont retirées. Martin Chulov, le correspondant du Guardian, assure également que le quartier est resté aux mains des rebelles.

Alep, la deuxième ville du pays, est le théâtre d’affrontements depuis le 20 juillet ; elle est bombardée quotidiennement par les tanks et les avions de chasse du régime. Ces dernières semaines, l’armée régulière a reçu des renforts et a achevé son déploiement. Les rebelles, entre 6000 et 8000 hommes, devraient donc affronter une troupe forte de 20 000 hommes. Cependant, si les insurgés sont sous-équipés, ils combattent avec une ferveur héroïque : aujourd’hui, ils auraient même réussi à détruire cinq tanks et un avion, selon Al-Jazira. Ce matin, un groupe de rebelles syriens a déclaré avoir tué un général russe du nom de Vladimir Petrovitch Kotchiev. Ce dernier était, selon ces rebelles, conseiller auprès du ministère de la Défense syrien. Pour le journaliste de la BBC Jon Williams, citant l’agence russe Interfax, le général « était bien un conseiller du ministère de la Défense mais avait été déchargé de ses fonctions et était retourné en Russie ». Cette information est confirmée par le journaliste de SKy News, Tim Marshall, qui indique qu’un général russe du même nom a tenu une conférence de presse à Moscou pour indiquer qu’il était bel et bien vivant.

En fin de matinée, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, a appelé, dans un communiqué, à « une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres ». Pour rappel, c’est l’action salutaire et décisive de l’ancien président qui avait sauvé la ville libyenne de Benghazi d’un massacre annoncé. L’intervention militaire occidentale avait ensuite permis au peuple libyen de faire chuter Kadhafi et de réaliser, par la suite, des élections législatives libres et démocratiques. Internationalement, la France, qui a pris la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU le premier août, organisera une réunion ministérielle au Conseil le 30. Cette dernière sera « essentiellement consacrée à l’examen de la situation humanitaire en Syrie et dans les pays voisins », a précisé le ministère des affaires étrangères.

Ces derniers jours

Lundi 6 août, le Premier ministre Syrien, Ryad Hijab, avait fait défection avec sa famille. Dans un communiqué, lu sur Al-Jazira par son porte-parole, Mohammed Otri, Ryad Hijab a déclaré : « J’annonce aujourd’hui que j’abandonne ce régime terroriste et criminel et que je rejoins les rangs de la révolution pour la liberté et la dignité. J’annonce aujourd’hui que je suis un soldat de la sainte révolution. »

Hier, mardi 7 août, Bachar Al-Assad a reçu l’émissaire iranien Saïd Jalili. Ce dernier a précisé que « l’Iran ne permettra jamais la destruction de l’axe de la résistance dont la Syrie est un pilier essentiel », jugeant que « la situation n’est pas une crise interne mais un conflit opposant l’axe de la résistance dans cette région à Israël et aux États-Unis. »Dans la nuit, le ministre des affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salehi, a demandé l’aide de l’ONU pour parvenir à la libération des 48 otages iraniens enlevés samedi 4 août en Syrie par la brigade Al-Baraa de l’ASL. M. Salehi a également admis que certains, parmi les otages, étaient d’anciens membres des Gardiens de la révolution, corps d’élite du régime iranien, et d’anciens militaires. Selon le Wall Street Journal, les 48 iraniens kidnappés ont réservé leur voyage via une agence appartenant aux Gardiens de la révolution et tous seraient soit membre de cette force, soit membre de la force paramilitaire Bassidj.