La France, qui prend la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU le 1er août, a annoncé, aujourd’hui, lundi 30 juillet, qu’elle demandera une réunion d’urgence du Conseil de sécurité d’ici la fin de la semaine. Invité sur RTL, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a annoncé qu’il devrait présider cette réunion. Le but est « d’arrêter les massacres et […] préparer la transition politique » car « C’est un martyr que subit le peuple syrien et le bourreau s’appelle Bachar al-Assad ». Cependant, le chef de la diplomatie française a précisé qu’il n’y aurait pas de livraisons d’armes aux rebelles.

Ce matin, les combats entre les forces du régime et l’Armée syrienne libre (ASL) se poursuivaient dans Alep, la deuxième ville du pays. Notamment dans les quartiers d’Al-Zahira et de Salaheddine. Bastion de l’ASL, ce dernier aurait été en partie repris par l’armée syrienne. Cependant, les insurgés démentent avoir perdu du terrain. Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle d’Alep, cité par l’AFP, a indiqué que les soldats de l’armée régulière n’avaient « pas avancé d’un seul mètre », précisant que ces hommes avaient déjà repoussé plusieurs offensives. Les insurgés assurent contrôler entre 35 et 40% de la ville et auraient pris le poste de contrôle d’Anadan, proche de la frontière turque. Néanmoins, la violence des bombardements par les avions de chasse, les hélicoptères et l’artillerie lourde du régime auraient fait fuir environ 200 000 personnes en deux jours selon l’ONU. Démarrée le 20 juillet, la bataille pour Alep est vue comme décisive, elle a pris un tournant avec l’assaut de l’armée régulière, samedi 28.

Des bombardements auraient également lieu sur les villes de Deraa, Rastane, Homs et Idlib ainsi que dans la banlieue de Damas.

Selon le New York Times, les groupes islamistes jouent un rôle de plus en plus important en Syrie : « Les derniers mois ont vu l’émergence de groupe syriens djihadistes plus importants, plus organisés et mieux armés […] Et même les groupes de résistance moins zélés adoptent une posture islamique plus radicale afin d’attirer plus de financements ».

Dans la nuit, le chef de police adjoint (rang : Général de brigade) de la ville de Lattaquié a déserté avec 11 autres militaires, ils se sont réfugiés en Turquie.

En fin d’après-midi, le diplomate syrien Khaled al-Ayoubi a quitté son poste. Il était chargé d’affaires à l’ambassade de Londres.

Chronologiquement

Jeudi 19 juillet, le vote d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU menaçant de sanctions le régime syrien a été bloqué par la Russie et la Chine. C’est la troisième fois que ces deux membres permanents du Conseil opposent leur veto. Suite à cet échec, les États-Unis ont annoncé qu’ils voulaient désormais agir en dehors de l’ONU. De quelle manière ? « Que ce soit une assistance humanitaire, la fourniture d’équipement non létal aux rebelles, un durcissement des pressions économiques et des sanctions, ou un soutien politique à l’opposition » a indiqué Susan Rice, l’ambassadrice américaine aux Nations unies.

Lundi 23, le régime syrien a reconnu pour la première fois être en possession d’un arsenal chimique. Damas a précisé que ces armes pourraient être utilisées en cas d’agression extérieure, mais « jamais, […] contre nos citoyens, quelle que soit l’évolution de la crise ». Les réactions des pays occidentaux ont été claires : « Nous ferons en sorte qu’Assad et son entourage sachent que le monde les regarde, et qu’ils devront rendre des comptes devant la communauté internationale si jamais ils faisaient l’erreur tragique de les utiliser » a déclaré le président Barack Obama. L’Allemagne a qualifié la menace syrienne de « monstrueuse », et la France et la Grande-Bretagne, d’« inacceptable ». Selon l’ASL, « le régime a commencé depuis des mois à déplacer ses stocks d’armes de destruction massive […] dans le but de faire pression sur la région et sur la communauté internationale ».

Le même jour, la Ligue arabe a appelé Bachar al-Assad à renoncer au pouvoir en lui garantissant une sortie « sûre » pour lui et sa famille, s’il quittait le pouvoir. Ce plan de sortie a été rejeté par le régime qui a commencé, suite aux attaques rebelles de la fin de la semaine dernière (« bataille de Damas », attentat-suicide tuant quatre proches de Bachar), une contre-offensive. Suite à ce refus, et à l’échec au Conseil de sécurité jeudi dernier, l’Arabie Saoudite a indiqué qu’elle allait proposer à l’Assemblée générale de l’ONU d’adopter une résolution impliquant des sanctions contre la Syrie. Cette résolution fera aussi référence à la menace d’utilisation d’armes chimiques en cas d’intervention étrangère de Damas.

Mercredi 25 juillet, en France, deux ONG, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH), ont porté plainte contre la société française Qosmos. Les ONG accusent l’entreprise d’avoir fourni du matériel de surveillance informatique au régime Syrien.

Vendredi 27 juillet, les militants de France Syrie Démocratie ont hissé un drapeau syrien géant entaché de peinture rouge sur la Tour Eiffel pour dénoncer l’immobilité de la communauté internationale. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 40 personnes auraient été tués dans la journée. En Syrie, la députée représentant la province d’Alep, Ikhlas Al Badaoui, a fait défection en se réfugiant en Turquie. On a appris, en début de semaine, que trois diplomates syriens en poste aux Émirats arabes unis, à Chypre et au sultanat d’Oman avaient également quitté le régime.

En fin de semaine, les Kurdes ont pris le contrôle de leurs villes dans les zones du nord. Ces zones ont été abandonnées par les forces syriennes, lorsqu’elles ont été envoyées renforcer d’autres fronts (Damas, Alep). Les partis kurdes en ont donc profité pour créer une instance provisoire afin d’assurer leur sécurité. L’instance, qui ne fait pas partie de l’Armée Syrienne Libre (ASL), est composée du Conseil national kurde (KNC) et du Parti de l’union démocratique (PYD, proche du PKK). Les kurdes réclament une autonomie importante (similaire à leurs frères irakiens) qui leur permettrait, un jour peut-être, de recréer la République kurde. Bien que l’événement soit salutaire (abandon des zones du nord par le régime), il complexifie encore plus l’équation de l’après Assad.