Un an et quatre mois de révolte et force est de constater que le régime sanguinaire de Bachar al-Assad tient toujours. Pourtant, il y a eu des défections. Celle de l’ambassadeur syrien en Iraq, Nawaf Fares, fidèle du régime depuis plus de 20 ans qui a rejoint les rangs de l’opposition le 11 juillet. Celle de Manaf Tlass, général de la Garde républicaine et ami d’enfance du dictateur, le jeudi 5 juillet, décrite comme un coup dur pour le régime. Cependant, le président syrien se méfiait de Tlass. Il l’avait mis à l’écart depuis plus d’un an, suite au refus de ce dernier de reprendre Baba Amr. Ainsi, si ces désertions sont significatives, elle semblent être des cas isolés (on ne sait d’ailleurs pas si Tlass compte rejoindre l’opposition).

Car les hautes sphères sont cimentées autour d’un noyau dur. De ce cercle dirigeant, cerveau de la répression, certains sont membres de la famille ou de la même tribu que Bachar et beaucoup sont issus de l’empire du Renseignement syrien. Lequel est responsable de nombreuses tueries et de la mise en place d’un « archipel de la torture », décrit par l »ONG Human Rights Watch (HRW). Et si certains étaient des proches du père al-Assad, Hafez, tous ont en commun le gel de leurs avoirs et de leurs comptes bancaires par les États-Unis ou par l’Union Européenne.

Espérer que l’un de ces fidèles fasse défection semble peu probable tant que le rapport de force militaire ne sera pas plus défavorable à Bachar al-Assad. Car tous sont directement liés à la répression et à la guerre sans pitié menée contre les insurgés. Ils risquent donc, si la dictature venait à tomber, d’être inculpés pour crimes de guerre et/ou crimes contre l’humanité, et d’être déférés devant la Cour Pénale Internationale ou devant des tribunaux nationaux. Cependant, la  » solution  » d’un gouvernement de transition d’une durée de un an, proposée mercredi 11 juillet par Bachar al-Assad à l’émissaire des Nations Unies et de la Ligue Arabe, Kofi Annan, réduit les risques judiciaires. La sortie la plus lente et la moins radicale possible amènerait à un marchandage pour éviter des sanctions au noyau dur du régime. Les 17 000 morts syriens, au bas mot, attendent plus que ce genre de simulacres.

Maher-al-Assad_AFPMaher al-Assad, Commandant de la Garde républicaine

Plus jeune frère de Bachar, Maher est certainement le deuxième pilier du régime. Militaire de carrière, il est à la tête des forces d’élite les plus loyales, les mieux équipées et les plus entrainées de Syrie : la Garde républicaine et la Quatrième division blindée. Mais les ramifications de son pouvoir ne s’arrêtent pas là, Maher est aussi membre du Comité central, la deuxième plus haute sphère du parti Baas. Influent auprès de son frère, il fait partie de ceux qui ont persuadé Bachar de stopper l’ouverture politique du début de son règne, il l’est aussi au sein de la région. En 2005, le rapport préliminaire des enquêteurs de l’ONU sur l’assassinat du premier ministre libanais Rafik Hariri indique que Maher pourrait en être, avec Asef Shawkat, l’un des planificateurs… Lorsque les premières manifestations contre le régime ont commencé à Deraa, en mars 2011, la quatrième division blindée de Maher est envoyée pour écraser la révolte. Selon des militants pour les droits de l’homme, douze personnes ont été tuées. Dès lors, États-Unis et Europe ont pris des sanctions à son égard. Mais peu intimidé par ces mesures, Maher a continué son horrible boucherie. Une vidéo de mai 2011 le montre dans la banlieue de Damas en train de tirer sur des manifestants désarmés. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, déclarait un jour à des journalistes : « [Maher] n’a pas un comportement humain, il court après la sauvagerie ».

Asef-Shawkat_AfpAssef Shawkat, vice-ministre de la Défense

Né en 1950 à Tartous dans une famille alaouite de la classe moyenne, Asef Shawkat a rejoint l’armée à la fin des années 70. Gravissant peu à peu les échelons de la hiérarchie militaire, sa carrière décolle lorsqu’il se marie à Bushra, la fille d’Hafez al-Assad. Sa noce lui permet d’être dans les petits papiers du père et du fils (Bachar). Devenant rapidement le Responsable du Renseignement militaire officieux (il obtiendra le titre officiel en 2005), il fait la liaison avec les services du Renseignement américain et européen après les attentats du 11 septembre. Néanmoins, dès 2006, les États-Unis l’accusent « d’être une des clefs de la domination syrienne sur le Liban, mais aussi d’être l’un des principaux acteurs de la politique syrienne en matière de terrorisme ». À la mi-mai 2012, des militants de l’opposition le disent mort, empoisonné par les rebelles à Madhala. Mais alors qu’il se disait que d’autres hommes forts du régime (Hassan Turkomani, assistant du vice-président, Mohammed al-Shaar, ministre de l’Intérieur) avaient été tués avant de réapparaitre à la télévision, cela n’a jamais été le cas pour Shawkat. Apparemment toujours vivant, Shawkat aurait tué le 18 juillet à Damas par un attentat suicide de la rébellion, selon la télévision d’État. Le ministre de la défense, Daoul Rajha, aurait également été tué lors de l’attentat.

Rami_Makhlouf_AfpRami Makhlouf, homme d’affaires

Premier cousin de Bachar, Rami Makhlouf est aussi le premier homme d’affaires du pays. Figure incontournable de la Syrie despotique, il a une emprise énorme sur la vie économique et est l’un des responsables du clientélisme et de la corruption endémique du pays. Héritier du business de son père (le frère de la femme d’Hafez), Makhlouf voit son empire prospérer après l’arrivée de Bashar. Il est le propriétaire de l’entreprise de télécoms Syriatel, de deux banques, d’une compagnie aérienne, d’une entreprise de BTP ainsi que de deux chaînes de télévision. Il est également le vice-président de la plus grande entreprise privée de Syrie (Cham Holding) et détient des parts dans des compagnies pétrolières et gazières. Un communiqué du Trésor américain le décrit comme « manipulant le système judiciaire et usant des services du Renseignement pour intimider ses rivaux ». Les États-Unis finissent par geler ses avoirs et par interdire les entreprises américaines traitant avec lui.  À la suite de ces sanctions, Makhlouf déclarera à la BBC que cette décision était équivalente à « une médaille qu’on accroche sur sa poitrine »« Disons-le franchement, Rami Makhlouf nous vole » scandaient les manifestants à Deraa. Mais en plus de voler le peuple, Makhlouf finance et aide la répression. Sa société Syriatel aurait coupé le réseau téléphonique en amont d’attaques du régime et aurait enregistré des conversations mobiles pour le compte des services du Renseignement. Quant à sa récente « fondation caritative », elle est en fait utilisée pour recruter des mercenaires.

Ali Mamluk, responsable des Renseignements généraux (Idarat al-Amn al-Amm)

La sécurité intérieure est dirigée par le redoutable Ali Mamluk. Selon un télégramme diplomatique ayant fuité, il aurait déclaré, lors d’une réunion sur le terrorisme avec des diplomates américains en 2010, que la sécurité intérieure syrienne était plus efficace dans la lutte contre le terrorisme car « nous sommes plus pratiques que théoriques ». Glaçant. Connu pour sa politique de suppression de toute opposition et de surveillance généralisée des citoyens, il aurait, selon les États-Unis, reçu de l’aide de la part du ministère iranien de Renseignement et de la Sécurité (MOIS). Celle-ci inclurait des technologies et des formations de surveillance de l’Internet et des réseaux sociaux. Les services dirigés par Mamluk ont également été très impliqués dans la répression sanglante de la ville de Deraa.

Zuhair Hamad, responsable délégué des Renseignements généraux

Selon des militants des droits de l’homme, Zuhair Hamad aurait joué un rôle important dans les arrestations massives des membres de l’opposition. Auparavant, il a dirigé une unité spéciale du Renseignement avec laquelle il a surveillé la presse, les chaines de télévision et les sites internet qui couvraient la Syrie. N’hésitant pas à appeler des journalistes pour des « clarifications », selon l’opposition.

Hafez Makhlouf, responsable des Renseignements généraux dans le gouvernorat de Damas

Ami d’enfance et cousin maternel de Bachar al-Assad, Hafez Makhlouf est le frère de l’homme d’affaires Rami Makhlouf. Selon le Trésor américain, il a participé aux « efforts du régime Syrien pour miner la démocratie libanaise. »

Abdul Fatah Qudsiya, responsable du Renseignement militaire

Abdul Fatah Qudsiya, alaouite né en 1953, est à la tête d’une des institutions clefs du régime, le Renseignement militaire. Horriblement efficace, elle prend en charge la sécurité des dirigeants du régime et a pour mission de s’assurer de la loyauté de l’armée. Le rôle clef de Qudsiya dans la répression lui a valu d’être listé par les États-Unis et l’Union Européenne .

Jamil Hassan, chef du renseignement de l’Armée de l’air

Au sein de l’empire du Renseignement syrien, une agence est plus redoutée que les autres et c’est le bourreau Jamil Hassan qui en est à la tête. Le Renseignement de l’Armée de l’air doit son pouvoir à Hafez al-Assad qui en était le dirigeant jusqu’à son coup d’État. L’organisation est connue pour avoir traqué sans relâche l’opposition islamiste (notamment les Frères musulmans) et pour utiliser les tortures les plus atroces. Dès fin avril 2011, ses soldats ont tiré à balles réelles pour disperser des manifestations dans Damas ainsi que dans plusieurs villes du pays, tuant en une seule journée 43 personnes selon les États-Unis.

Mohammed Nasif Kheirbek, Vice-président délégué à la sécurité

Membre de la même tribu que Bachar al-Assad, Mohammed Nasif Kheirbek est un vieux (75 ans) fidèle du régime qui a été très proche de Hafez. Dans un télégramme diplomatique américain ayant fuité, il est désigné comme l’un des « hommes clés dans les relations du régime avec l’Iran. » Ce qui serait confirmé par son voyage à Téhéran en juin 2011, pendant lequel il aurait rencontré le général Qasem Soleimani, le commandant de la force Al-Qods, l’unité d’élite du régime iranien. Il y aurait été question de l’ouverture d’une route de ravitaillement pour acheminer du matériel militaire via l’aéroport de Lattaquié.

Hisham Bekhtyar, Directeur du Bureau de la sécurité nationale du parti Baas (NSB)

À la tête de l’organe du parti Baas qui coordonne le travail des agences de renseignement syrien et qui conseille le président, Hisham Ikhtiar est un vieil autocrate du gouvernement. Il a longtemps été l’instigateur de la politique de soutien à des organisations terroristes comme le Hezbollah et de la déstabilisation politique du Liban. Il est également l’un des responsables de la répression impitoyable du soulèvement des Frères musulmans de la ville de Deraa en 1982.

Mohammed Dib Zaitoun, responsable du Bureau de la sécurité politique (PSD)

Mohammed Dib Zaitoun est à la tête du Bureau de la sécurité politique, l’entité surveillant l’activité politique nationale.

Rustum Ghazali, responsable du Renseignement militaire dans le  gouvernorat de Damas

Partie prenante de la mainmise syrienne sur le Liban jusqu’au retrait des troupes en 2005, Rustum Ghazali aurait participé aux actions des troupes du régime à Deraa.

Dhu al-Himma Shalish, responsable de la sécurité présidentielle

Premier cousin de Bachar, Dhu al-Himma Shalish est en charge de sa sécurité. Il serait responsable de livraisons d’armement illégales au régime de Saddam Hussein et aurait participé à la répression du printemps syrien.

Merci à la BBC.

Un commentaire

  1. c’est quoi l’opposition?
    le quatar et l’arabie saoudite soutiennent qui?
    des procedures qui ne traite pas a egalité leur minorité,
    peut-on les nommées démocratiques?
    je me garderais d’émettre un jugement, en l’absence d’une opposion
    plurielle identifié,
    ce qui est loin d’etre le cas actuellement en syrie.
    les guerres, ou conflits politique ouvert, provoquent des morts,
    notament dans la population.
    la particularité des guerres sans « champ » de bataille, « (front contre front est en rase campagne) »,
    s’est l’integration des populations, des habitants comme élément participant contre leur gré a divers degré
    aux batailles sur ce champ moderne qu’est « la ville » par excellence.
    les zones urbaines et peuplés sont les champs de batailles adaptés a la théorie de Mao de la guerre populaire
    de partisan.
    pour Mao, qui connaissait bien les batailles napoléoniennes , » ne jamais attaqués un ennemi supérieur en nombre
    en lui offrant la plus grande surface de ses forces  » est au centre de ses ecrits militaires, tout ce qui peut concourir a étoffer cette théorie, notament l’exploitation de la ville habité qui depuis la « bataille » d’alger a montrer son efficacité , au diable la morale,
    quant la bannière chevauche la femme perd l’honneur disait l’adage d’avant, aujourd’hui elle perd toute humanité.