Cindy Leoni, 28 ans, a été élue présidente de l’association SOS Racisme ce samedi 7 juillet 2012, succédant à Dominique Sopo. Cette nomination marque un tournant dans la présidence de l’association fondée en 1984 : c’est en effet la première fois que le mandat est brigué par une femme.

L’engagement de la jeune femme d’origine sénégalaise se concrétise sur le terrain dès son plus jeune âge : en 1999, à seulement quinze ans, elle livre son premier combat contre la “réforme Allègre”, en tant que leader de la mobilisation dans son lycée de Brignolles, dans le Var. Alors responsable du syndicat lycéen FIDL, elle s’engage parallèlement pour SOS Racisme dès 1998, avant d’en devenir secrétaire générale nationale, puis vice-présidente.

Dominique Sopo quitte ainsi le poste qu’il a occupé pendant neuf ans, un record. Âgé de 35 ans, celui qui a ardemment lutté pour la protection des travailleurs sans-papiers, avait exprimé en juin dernier son intention de céder sa place, afin de permettre un renouvellement à la tête de l’association. Misant sur la jeunesse, Dominique Sopo s’est continuellement attaché à diversifier les modes d’action servant la lutte contre la discrimination, comme en témoigne notamment le succès du concert pour l’égalité organisé le 14 juillet 2011 sur le Champ de Mars à Paris, qui avait réuni plus d’un million de personnes.  Le mandat de Dominique Sopo a en outre été marqué par une lutte tenace contre la dérive droitière de la politique sarkozyste, dès 2007, par des actions telles que le lancement de la pétition “Touche pas à mon ADN”, en réaction à l’amendement Mariani visant à instaurer des tests ADN dans le cadre du regroupement familial (pétition signée par Carla Bruni).

Prenant la tête de l’association au moment où le Parti socialiste regagne le pouvoir, Cindy Leoni devra toutefois redoubler de vigilance face au renforcement d’un Front national banalisé. Irrémédiablement marquée par le 21 avril 2002 et originaire d’un département où le parti extrémiste a obtenu des scores élevés aux dernières élections, la nouvelle présidente entend livrer un combat sans relâche contre le parti de Marine Le Pen, sans pour autant limiter son champ d’action : « Nous avons un devoir d’impatience et d’exigence en matière d’égalité dans notre pays. Ce sera bien le rôle de SOS Racisme de faire avancer les choses en matière de laïcité, d’éducation, de féminisme, de lutte contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme, et sur les questions d’immigration. Cette égalité est à conquérir et vite », a-t-elle déclaré.

Pour plus d’informations sur l’association : www.sos-racisme.org

Un commentaire

  1. J’aborde la question du racisme en faisant de l’anticipation. Me projette dans le futur de notre société, là où les résidus de racialisme sont si infimes qu’ils ne nous menacent plus. Traite les racistes comme des arriérés, me permettant ainsi de repousser le sentiment d’écrasement que leur masse produit sur la mienne. En matière de testament culturel comme de patrimoine génétique, je marie l’unité avec la diversité. Comme en tout mariage, les conjoints doivent pouvoir continuer d’exister l’un sans l’autre. La plus symbiotique unité ne résisterait pas à l’étouffement de l’individualité. C’est la dialectique des histoires et de l’Histoire. La grande n’a d’existence qu’intuitive, j’allais dire, inductive. Chacun l’induit de la perception qu’il en eut. Mais pour ce faire, il est nécessaire que l’histoire personnelle ait été liée par un lien de viabilité aux histoires des autres personnes avec lesquelles une individualité s’est structurée, a développé sa propre structure jusqu’à en définir l’axe vital.
    Je ne sépare pas l’antisémitisme de la question racialiste. Être pris pour cible en tant que sémite, cela consiste essentiellement à faire l’objet d’une réduction ontologique à la portion congrue ou incongrue de sa propre généalogie. La stigmatisation génétique, la chasse au faciès, le délire théorique sur ladite race, les Juifs ont connu cela mieux que personne depuis l’antiquité jusqu’à en atteindre les sommets psychopathiques que l’on sait au cours des deux siècles passés. SOS-Racisme l’a senti passer de là où il recevait des millions d’émetteurs murmurants. Il a su aussi le faire passer par des gestes d’une grande portée symbolique. La vision de Sopo et Haddad accordant leurs consciences à l’unisson sur le no man’s land où la mémoire a bien failli s’éteindre est l’une de ces images qui prennent la valeur d’une parole de feu inscrite sur la page noire de l’a-temps. Bien sûr, je trouve au tréfonds de la haine antisémite, dont l’expression la plus répandue incite actuellement à un resserrement ethnique, une haine antijuive dont la qualification conviendrait mieux au racisme qui se fait jour au sein d’une Oumma idéologique situant ses sources spirituelles dans une Arabie elle-même sémitique. Mais bon. L’antisémitisme a une Histoire et une littérature trop édifiante pour que l’on puisse se permettre d’en effacer le mot. Shém appartient à la Bible. Ici sera sa judéité.
    Je n’en oublie pas pour autant l’essentiel. Ceux qui nous persécutent nous font passer la partie de notre vie que nous leur consacrons à côté de ce dernier (l’essentiel). Leur expliquer (à côté de l’essentiel) qu’ils sont nos frères et sœurs et non les gardiens du zoo où ils nous retiennent captifs, du moins mémoriellement. Ils nous obligent à nous focaliser sur un problème qui est tout entier le leur, en rien le nôtre, à nous improviser les psychiatres du quartier d’hôpital que devient avec eux une nation qui est celle de tous ceux qui l’aiment, nation inspiratrice du souffle moderne animant les lambeaux réunifiés de cet unique visage que constituaient sans le savoir les nations désunies. Je reviens au principal. Chacun de nous, là, j’anticipe le «nous» idéal incluant ceux qui s’amusent à zoanthropier leurs congénères sans leur consentement, chacun, dis-je, devrait s’assurer de la rectitude de sa propre voie de vie avant de s’attaquer aux dérivations des autres, puis aux amendes qu’ils ne paient pas. Évidemment, la rédemption d’une âme au sens laïque du terme inclut la rédemption de toutes les âmes, et s’occuper des âmes damnées, cela équivaut à s’occuper de son âme propre. On pourrait même aller plus loin. Celui qui n’a jamais cherché à sauver son persécuteur mérite pour l’égoïsme dont il fait montre d’en connaître le goût. Ce chemin de Croix que constitue l’antiracisme détiendrait donc cette essence, vertueuse entre toutes, de nous sauver tous, y compris du racisme réciproque auquel nous pousse le spécifisme dont nous faisons les frais.
    J’ai encore la vision de ces sœurs d’Omar Sy circulant dans une rue terreuse, chez elles, belles comme le jour où la nuit s’est figée dans le drap obscène où leur épanouissement si tangible a été en(roulé), celles avec toute une civilisation, toute une élévation aux épaules nues, au cou de cygne, d’elles une civilisation de petits canards désormais déclarés vilains sous l’ère féodale des islamo-mondialistes. Il m’arrive de me sentir coupable en pensant aux membres de ma famille, membres de nos familles internationales qui n’écoutant que leur instinct s’étaient faits embrigader, entraîner, embarquer à l’assaut de la coalition hitléro-franquiste. Le parallèle devrait être total devant la guerre totale que le Jihâd a déclaré à la totalité humaine. Total, cela veut dire, prendre les armes. Tirer sur celui qui me vise avant qu’il ait eu le temps d’appuyer sur sa propre gâchette. Faire couler le sang aussi longtemps que le mien court. Êtes-vous prêts à faire la guerre planétaire à la guerre planétaire? J’ai bien employé le verbe «faire». C’est une question qui risque un jour de se poser à l’ensemble des composantes de la nation humaine. Bien sûr, il est viable de vivre en Espagne sous Franco sans vivre pour autant sous l’Espagne de Franco. L’islamisme du régime iranien ne fait pas de la mère de Kourash d’Ansham une matrice rétrospective de l’Apocalypse. La femme à la nuque de cygne glisse toujours sur la rue tourmentée de Tombouctou. Elle observe ceux qui craignent que leur sexe se dresse à son passage. Elle les observe par la fente de sa meurtrière. Son bunker ambulant la protège de son meilleur ennemi. Mais un jour ou l’autre, elle fera ce que tout un chacun est censé faire depuis ce genre d’abri. Ce n’est qu’une question de temps. La liberté procède de l’égalité, or la liberté se confond avec la naissance, et la naissance est une essence à l’œuvre.
    La fraternité républicaine repose sur l’universalité du genre humain. Lorsqu’un islamiste encage une sœur malienne, la mission de l’antiracisme consiste aussi à faire ressentir au Français générique la fraternité qui l’unit au Malien générique, et à réagir comme il le ferait si l’on (quel que soit son sexe) venait à jeter ou laisser jeter au cachot sa mère, sa sœur, son épouse ou sa fille. Cette histoire de division raciale des fils allégoriens de Noah le Biblique nous plonge immédiatement au cœur d’une question globale, planétaire, transnationale. Aussi, le métissage singulier de la nouvelle présidente d’SOS-Racisme assure à lui seul la continuité de l’action magistralement menée par Dominique Sopo pour rappeler aux Français qui l’auraient oublié que la lutte contre l’antisémitisme était au nombre de ses prérogatives. Son petit côté Lisa Bonet a l’éloquence muette de ces paysages qui vous laissent sans voix. En ces temps de haine contagieuse, elle nous rappelle que Judéens et Africains ont pu aussi être faits pour s’aimer.