Suite au fameux Tweet de la Première Dame. Toute ressemblance avec des personnages existants ne serait ni fortuite ni involontaire…

 

ACTE I

Un salon à l’Elysée.— Ameublement élégant.— La pièce est à pan coupé du côté gauche ; à angle droit du côté droit ; à gauche, deuxième plan, porte donnant sur la chambre à coucher du Président.— Au fond ; face au public, deux portes ; celle de gauche, presque au milieu, donnant sur la salle à manger (elle s’ouvre intérieurement) ; celle de droite ouvrant sur l’antichambre.— Au fond de l’antichambre, un porte-manteaux.— Au fond de la salle à manger, un buffet chargé de vaisselle.— Dans le pan coupé de gauche, une cheminée avec sa glace et sa garniture.— À droite, deuxième plan, autre porte. (Toutes ces portes sont à deux battants.)— À droite, premier plan, un piano adossé au mur, avec son tabouret.— À gauche, premier plan, une console surmontée d’un vase.— À droite près du piano, mais suffisamment éloigné de lui pour permettre de passer entre ces deux meubles, un canapé de biais, presque perpendiculairement à la scène et le dos tourné au piano.— À droite du canapé, c’est-à-dire au bout le plus rapproché du spectateur, un petit guéridon.— À l’autre bout du canapé, une chaise volante.— À gauche de la scène, peu éloignée de la console, et côté droit face au public, une table rectangulaire de moyenne grandeur ; chaise à droite, à gauche et au-dessus de la table.— Devant la cheminée, un pouf ou un tabouret ; à gauche de la cheminée et adossée au mur, une chaise.—Entre les deux portes du fond, un petit chiffonnier.— Bibelots un peu partout, vases sur la cheminée, etc. ; tableaux aux murs ; sur la table de gauche, un Figaro plié.


Scène première

Le Président, Ségolène

Au lever du rideau, Ségolène est debout, à la cheminée sur laquelle elle s’appuie de son bras droit, en tambourinant du bout des doigts comme une personne qui s’agace d’attendre ; pendant ce temps, dans le fond, le Président rentre avec un bouquet de fleurs.

Le Président, joyeux

Bonjour Ségolène ? Je peux te faire un bisou ?

Ségolène, furieuse et triturant le bouton droit du guéridon en laque chinoise

Pas question !

Le Président, décontenancé

Mais enfin qu’y a-t-il ? (il s’avance vers Ségolène)

Ségolène, parcourant la pièce de gauche à droite, circulairement

Qu’y a t-il ? Ah mais il me demande ce qu’il y a ! Ce qu’il y a ! Ah… Sapristi ! Quelle infâmie ! Je suis humiliée ! Je suis outragée ! Je suis violée ! Violée !

Le Président, entreprenant, s’avançant vers elle, toujours avec le bouquet de fleurs. Il dérange le vase chinois.

Ségolène, viens que je te dise bonjour, au moins ! Allons, allons ! Passembleu, je serai le Président des bisous ou je ne serai pas !

Ségolène, ruant

Quelle tragédie ! Quelle honte nationale !

Le Président fait quelques pas vers la table basse en acajou, Ségolène continue sa course sur le tapis de Ceylan. A gauche, dans la double-porte, près de l’horloge d’ébène, entre un huissier, sans que ni le Président ni Ségolène ne le voient. Le Président embrasse Ségolène, qui rumine, puis éclate.

Ségolène, folle de rage

Par tous les diables ! Je suis outragée ! Outragée !

L’huissier (à part)

Sapristi ! Est-ce donc Monsieur Strauss-Kahn qui est à l’Elysée ? Le voilà atteint de priapisme, ce Président Normal !

Le Président, courant

Ségolène, attend ! Je te nomme Ambassadrice à l’ONU !

Scène II

L’Huissier, le Général de Saint-Euverte, Monsieur de Rigadon

L’Huissier, catégorique

Comme je vous dis, Général, un acte d’infâmie ! Violée, outragée disait-elle. Ah ça, pardon, sauf votre respect, ce ne saurait me tromper, Monsieur le Général ! (en parlant, les autres se reculent, surpris par sa mauvaise haleine)

Le Général (avec un accent allemand)

Par tous les diables ! Gueu me chantez fou là ? (à part) Mon Dieu, comme cet huissier pue, achtung !

Monsieur de Rigadon sort de sa lecture du Figaro, air blasé.

Mais enfin, vous n’êtiez donc pas au courant ?

L’Huissier, le Général ensemble

De quoi donc ?

A ce moment, Valérie revient, pensive, par la coursive, en cherchant un parapluie oublié. Elle se place derrière le guéridon, puis s’arrête, sans bruits.

Monsieur de Rigadon

Mais enfin, tout Paris le sait ! J’étais encore chez Tortoni avec Monsieur de Montebourg et nous en parlions au vu et au su de toute la table ! Ah ça ! Il faudrait que le Figaro vous imprime que la terre est ronde pour que vous y croyâssiez !

Les autres, hébétés

Mais enfin !

Monsieur de Rigadon

Le Président est avec Ségolène !

Les autres, plus Valérie

Comment !

Le Général

Et lui qui se marie demain ! Mon Dieu ! Par les mille lunes de Brandebourg ! C’est un scandale à l’Elysée !

Le Général s’effondre, en plein sur le gâteau à la crème de l’acte II. L’huissier, machinalement, retourne vers la coursive, et tombe sur Valérie.

L’huissier

Ah ! vous ici ! Parsembleu !

Valérie

Oui ! Mais je viens juste d’arriver !

L’huissier

Alors vous n’avez rien entendu n’est-ce pas ?

Valérie

Rien entendu de quoi ?

L’huissier, pris de panique

De rien du tout ! De rien du tout !

Valérie, hagarde, se dirige vers le centre de la pièce, centre la chauffeuse et le fauteuil anglais. Les trois vases sont alors disposés en demi-cercle concentrique. Le général s’est endormi.

En fait j’ai oublié mon parapluie !

Scène III

Les mêmes, plus Valérie

Valérie se dirige vers le Général. Monsieur de Rigadon se lève, mal à l’aise

Valérie

Ne vous dérangez pas Monsieur de Rigadon ! Je ne fais que passer ! J’ai oublié mon parapluie ! Embêtant n’est-ce pas ?

Le Général, réveillé, Monsieur de Rigadon

Très ! Au plus haut point !

Valérie

Il pleut des cordes ! François fait pleuvoir, c’est inouï !

L’huissier

Mariage pluvieux, mariage heureux !

Silence. Tous, pris de gêne, vaquent soudain à leurs occupations précédentes : le Général examine les porcelaines chinoises, Monsieur de Rigodon se plonge dans le Figaro, Valérie, assise soigne les plis de sa robe. Le coucou sonne midi.

L’huissier

Et alors, ce parapluie ?

Tous

Ah ! Le parapluie !

L’huissier

Comment est-il, ce parapluie ?

De l’autre côté de la scène, près du paravent, le Président arrive sans que personne ne l’aperçoive. Il est suivi, sur les talons, par Ségolène. Impatience du Président. Carillon de la pendule. Le tapis persan est froissé.

Valérie, soudain lyrique

Ah ! Ce parapluie ? Mais c’est le plus beau ! le plus grand ! Je l’aime, je l’aimerai jusqu’à la pointe du jour ! Jamais je ne sors sans lui !

Le Président, arrêté net

Valérie ! Quelle belle déclaration ! Merci, je n’avais jamais douté ! Ah ! Je me sens de nouveau léger comme l’air !

L’huissier, le Général, Monsieur de Rigodon

Ah ! Par dieu ! Le Président ! Quelle catastrophe !

Pendant ce temps, Ségolène, prise de panique, cherche à se dissimuler ; sur le côté gauche, près de la table à manger, juste à côté de la liseuse, elle repère un grand buffet. L’huissier qui a tout vu, devient fou. Il saute sur le sofa en gesticulant.

L’huissier

Ce n’était pas un viol ! C’est un parapluie ! Un parapluie !

Le Président

Cet homme là n’est fichtre pas normal !

Ségolène, décidée, ouvre grand le buffet. A sa stupéfaction, en bondit Sarkozy ; au centre de la pièce, Sarkozy s’avance ; en demi cercle vers la gauche, c’est-à-dire à mi-distance du vaisselier et de la commode italienne, le Président, Valérie, l’huissier, le Général, Monsieur de Rigadon ouvrent de grands yeux.

Tous, moins Sarkozy

Il est revenu ! Il est revenu !

Sarkozy, fanfaron

Ca c’est un coup de théâtre, pas vrai !

Rideau, fin de l’acte III

2 Commentaires

  1. Par contre, au départ, c’est marqué « Acte 1 », et à la fin, « fin de l’acte 3 »! C’est normal? La pièce donne l’impression qu’il manque des morceaux…