Eux vs nous. La lutte contre les discriminations donne souvent le sentiment qu’il y a « eux » d’un côté, et « nous » de l’autre ; les Français de souche, face aux immigrés ; la majorité, et la minorité. Le Front national a fait de cette opposition son fonds de commerce. Implicitement, mentalement, tout le monde s’y réfère, bien au-delà du FN. Or la réalité est tout autre. La vérité, c’est que 100% des Français sont discriminables. Le droit européen reconnaît plusieurs critères de discriminations comme le genre, l’orientation sexuelle, la religion, l’origine, le handicap, l’âge. En clair, cela signifie que 80% de la population française peut être discriminée. Les autres, c’est-à-dire le groupe majoritaire, sont en fait une minorité. Or, même eux, ont été jeunes, je suppose, et sont appelés à vieillir. Ils sont donc doublement discriminables, comme tout le monde d’ailleurs, au titre de l’âge. Ce qui signifie que la discrimination peut toucher tout le monde.
Le sujet ne concerne pas les minorités, et encore moins les gens « différents », il concerne tout le monde, car tout le monde peut être touché directement, d’une manière ou d’une autre, par la discrimination. C’est pourquoi, pour lutter contre ce fléau, et pour arriver à l’égalité, il faudrait un véritable ministère d’Etat.
De fait, l’égalité est au cœur de notre devise républicaine. Mais dans les gouvernements, elle est souvent traitée de manière incohérente et marginale. Ainsi, dans la configuration actuelle, il y a un secrétariat d’État à la jeunesse, et les dossiers liés aux personnes âgées sont dans un autre ministère. Dès lors, comment construire une politique intergénérationnelle ? Les banlieues sont prises en charge par un ministère dédié (mais presque sans ressource), donnant au monde rural le sentiment d’être délaissé, puisqu’il est noyé dans les attributions diverses du ministère de l’Agriculture. Dès lors, comment créer une solidarité entre les territoires ? La lutte contre le racisme est au ministère de l’Intérieur et de l’immigration. On est à la limite du conflit d’intérêt… Par ailleurs, elle se trouve aussi au Commissariat à la diversité et au ministère de la Politique de la ville, sans qu’on sache qui fait quoi. L’égalité hommes-femmes et le handicap sont réunis au ministère de la Cohésion sociale, mais la lutte contre l’homophobie n’est prise en charge par aucun ministère. Pourquoi ?
Bref, en l’état actuel des choses, les initiatives ministérielles qui existent parfois sont tout à fait illisibles, incohérentes et inefficaces. Le plus souvent, elles sont laissées à la bonne volonté des ministères, dont l’agenda est déjà chargé, et qui n’ont pas l’impression que ce soit là leur priorité. En réalité, ce qu’il faut, c’est un véritable ministère d’État, qui rassemble la lutte contre toutes les discriminations, afin que la promotion de la diversité et de l’égalité soit forte et cohérente. Ce ministère d’Etat devra avoir un budget conséquent, car ce souci du vivre ensemble n’est pas un supplément d’âme : c’est le préalable à toute politique. En 2012, dans le prochain gouvernement, il faudra un ministère d’État consacré à la diversité et à l’égalité. Ce sera, à n’en pas douter, une innovation démocratique remarquable. Ce sera un signal fort pour la France de demain.

Campagne : Chaque jour une idée pour faire baisser le Front National

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