Marine Le Pen et la direction actuelle du Front National ont tenté d’imposer l’idée que le Front National a changé. Nombre de médias ont parlé d’une stratégie de « dédiabolisation », mais c’est prendre des prudences de style pour une réalité.

Le véritable changement ne se situe pas là. Il tient dans une évolution idéologique. Le Front National première manière, celui des années 1980 et 1990 avait conquis son influence électorale fondamentalement en attisant les ressentiments contre l’immigration et l’insécurité. Il y adjoignait une vision de l’économie et de la société, empruntée au néo-libéralisme dominant alors, dénonçant pêle-mêle l’Etat, les fonctionnaires, la fiscalité, les syndicats, l’assistanat, etc. Le tournant, déjà entamé en 2002, confirmé par Marine Le Pen ensuite a été de reprendre ce discours pour épouser les revendications sociales et défendre désormais les acquis sociaux mis à mal par la mondialisation et l’Union européenne. Les politologues parlent désormais d’un « national populisme ».

Est-ce à dire pour autant que la contradiction qui existait hier entre les promesses sociales et le discours néo-libéral, n’existe plus ? En fait, si elle est moins apparente dans les textes des programmes, elle est toujours là, et sans doute même plus forte, tant les promesses sociales se sont accrues. L’exercice, en effet, du chiffrage du programme du FN, présenté le 12 janvier, montre que le coût des mesures proposées par le Front National se situe environ entre 160 et 120 milliards d’euros. Or, les recettes viennent fondamentalement à deux postes, 115 milliards d’euros qui seraient trouvés dans les avantages amenés par la sortie de la zone euro et par le déploiement de mesures protectionnistes, et 41 milliards d’euros liés à la réduction de l’immigration. Or ce sont là des recettes parfaitement fictives. De telles mesures créeraient plutôt des coûts nouveaux : augmentation de la valeur de la dette, pertes fiscales pour l’Etat, reculs de parts de marché à l’exportation, pertes conséquentes d’emplois, diminution de contributions des travailleurs immigrés aux budgets publics…

Il ne faut donc pas prendre au sérieux le virage étatiste du Front National, c’est, en réalité, un programme de déclin économique et social qu’il propose, s’il était appliqué, dont les effets se retourneraient au premier chef contre les classes moyennes et modestes. Cela doit être dit et démontré avec constance. Même si l’influence du Front National, nouvelle comme ancienne manière, demeure fondé sur un nationalisme d’exclusion qui fait de l’immigration le bouc-émissaire des problèmes de la France, il vaut la peine de mener le combat politique également, en argumentant pied à pied pour montrer les inconséquences de son projet politique.

Campagne : Chaque jour une idée pour faire baisser le Front National

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