Après le lancement de trois procédures d’infraction par la Commission européenne à l’égard de la Hongrie, le chef du gouvernement hongrois, le très conservateur Viktor Orban, est venu hier s’expliquer devant le Parlement européen.

Cette triple procédure – qui concerne l’indépendance de la magistrature hongroise, de la banque nationale et de l’autorité de supervision du contrôle des données personnelles – est intervenue mardi, soit une semaine après l’admonestation envoyée par Bruxelle au premier ministre hongrois. Devant le Parlement européen, ce dernier s’est cette fois-ci montré très conciliant et a assuré que « Les problèmes pourraient facilement et rapidement être résolus »…

Le cas de la Hongrie a permis de faire apparaître une fois encore des dissensions au sein des députés européens. Les PPE – constitué des partis conservateurs, dont l’UMP –, les souverainistes et l’extrême droite ont majoritairement appuyé les réformes d’Orban. Le premier ministre polonais Donald Tusk a même proposé son soutien à la Hongrie : « Dans le contexte des initiatives de la Commission européenne et d’une atmosphère parfois hystérique au Parlement européen (…) et si le premier ministre Orban et la Hongrie sont intéressés, la Pologne offrira son soutien politique pour que ces réactions face à la situation en Hongrie ne soient pas exagérées ». Les députés de gauche se sont, quant à eux, montrés très hostiles à la politique du premier ministre hongrois. Daniel Cohn Bendit, coprésident des Verts, a accusé Viktor Orban d’aller « dans la direction » des dirigeants vénézuélien Hugo Chavez et cubain Fidel Castro, et de « tous les régimes totalitaires ». Il a également proposé l’envoi d’une délégation parlementaire en Hongrie afin de vérifier « pourquoi les sans-abri en Hongrie ont peur, pourquoi des intellectuels ont peur, pourquoi des gens de ma famille et des gens que je connais, des juifs en Hongrie ont peur aujourd’hui ».

Quoi qu’il en soit, l’argument économique devrait suffire à mettre un terme au débat. Le commissaire des Affaires économiques de la Commission européenne, Olli Rehn, a prévenu ce mardi que le crédit de 15 à 20 milliards d’euros sollicité par la Hongrie auprès de l’UE et du FMI ne pourrait être obtenu qu’à condition de la « pleine indépendance de la banque centrale ».