Malgré la promesse faite par Barack Obama lors de son investiture en 2009, le centre de détention américain de Guantanamo fête aujourd’hui son 10ème anniversaire. Créé pour accueillir les détenus du conflit afghans, irakiens et de la guerre contre Al-Qaïda, cette prison – dans laquelle ont été incarcérées 779 personnes, sans inculpation ni jugement dans la plupart des cas – compte aujourd’hui encore 171 détenus. Le grand symbole du « gouvernement Bush », fondé le 11 janvier 2002 dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » est une réelle tache sur le tableau du président démocrate, Prix Nobel de la Paix – par anticipation – en 2009.

La promulgation de la National Defense Authorization Act (NDAA) le 31 décembre par Barack Obama, suite aux pressions du Congrès et des élus républicains, confirme l’impuissance du leader américain dans l’affaire Guantanamo. Cette nouvelle loi permet la détention militaire illimitée et sans procès de toute personne, aux Etats-Unis ou dans le monde, suspectée d’être en relation avec un réseau terroriste. La NDAA concerne bien entendu les prisonniers déjà sous le joug de l’armée américaine. Bref, la tristement célèbre prison de Guantanamo n’est pas prête de fermer ses portes. De quoi faire rugir bon nombre d’associations de défense des droits de l’homme.

A l’occasion de ce 10ème anniversaire, Amnesty International a d’ailleurs publié un rapport, Guantanamo, une décennie d’atteinte aux droits humains. L’ONG réclame, outre la fermeture du camp, la traduction des détenus devant des cours de districts fédérales, indépendantes et partiales, contrairement aux commissions militaires. Le rapport condamne également les mauvais traitements infligés aux prisonniers, et dénonce « la réticence de longue date des Etats-Unis à appliquer à eux-mêmes les principes internationaux des droits de l’Homme qu’ils attendent des autres ». Il juge que « l’échec du gouvernement américain à fermer le centre de détention de la baie de Guantanamo laisse un héritage toxique pour les droits de l’homme ». Et ce n’est pas nous qui allons les contredire.