L’écrivain Daniel Picouly sort un beau livre, manière de leçon d’histoire à l’ancienne avec des planches pédagogiques et des héros. Les nôtres.

Daniel Picouly était dernièrement à la librairie Martelle, à Amiens, où il a dédicacé son dernier livre Nos Histoires de France, un ouvrage magnifique publié aux éditions Hoëbeke (187 pages, 30 ¤). Rencontre avec cet écrivain très médiatique.

Pourquoi ce livre Nos Histoires de France ?

Dans le titre, il y a la réponse. Je considère qu’il n’y a pas une Histoire de France, mais des Histoires de France. Tout est dans la façon de ressentir nos Histoires. Quand on est enfant, pendant les cours d’Histoire, il y avait des personnages qui résonnaient plus que d’autres. Moi, grâce aux figurines que je trouvais dans les paquets de café Mokarex, je me suis passionné pour la Révolution. Ce livre, c’est un peu l’Histoire vue par le cancre que j’étais. Dans les planches, dans ces grandes gravures colorées, je voyais des choses que certains ne voyaient pas. Exemple : ce monsieur la tête coincée dans un carcan et l’indifférence des gens tout autour… Je me souviens aussi de Roland abandonné par les siens à Roncevaux. Cette image résonnait en moi. De même quand je voyais ce personnage à genou qui embrassait la robe de saint Louis ; je croyais qu’il se mouchait dedans. On regardait ces planches au travers de nos propres histoires. Jeanne d’Arc, ma mère la comparait à Coco Chanel ; elle disait que c’était une femme libre avec ses cheveux courts.

Est-ce que vous avez l’impression que vous avez plus facilement appris l’Histoire de France grâce à ces planches illustrées?

Elles m’ont bien sûr considérablement aidé car elles étaient belles. C’est notre instituteur, Monsieur Brulé qui nous montrait ces illustrations. Elles nous fascinaient. M. Brulé était un vrai pédagogue ; ces gravures suscitaient de l’intérêt. J’ai beaucoup appris grâce à ces planches. Elles correspondaient pour nous à un moment de calme ; elles nous faisaient rêver. Des moments d’émerveillement. Nous partions en rêverie. Notre instituteur devenait un conteur.

Est-ce que cet apprentissage de l’histoire était plus efficace que celui déployé aujourd’hui?

Je reviens d’une classe d’Amiens où j’ai rencontré des élèves. Ils utilisent des moyens modernes, des tableaux électroniques. Je ne pense pas qu’on puisse surprendre les enfants grâce à ces tableaux électroniques car les élèves d’aujourd’hui ont accès à toutes les technologies. En revanche, lorsque j’ai accroché sur le tableau, l’un des grandes gravures, ils ont tous été interpellés. Ils ne savaient pas que Marie-Antoinette avait été guillotinée. On a parlé du clergé, de la noblesse, des lettres de cachet. Je leur disais qu’avec un simple papier on pouvait enfermer quelqu’un.

Que pensez-vous des projets qui tentent de diminuer les cours d’histoire et de philosophie, voire de les supprimer?

Supprimer ces matières, c’est insensé ! Elles forment le citoyen. Qu’est-ce qu’on veut faire ? Il est pourtant nécessaire d’avoir un regard critique. L’histoire est faite de héros. J’y suis favorable. On peut partir du mythe pour arriver à la réalité.

Ne pensez-vous pas que ces gravures diffusaient une bonne dose de poésie qui contribuait à développer l’imaginaire et à faciliter l’apprentissage?

Bien sûr que oui. Quand je les contemplais, je voulais être chevalier. J’avais un frère qui se prénommait Roland, j’étais donc particulièrement sensible à Roland à Roncevaux et son épée Durandal. Mon père disait qu’elle était incassable car elle avait été fabriquée avec le métal utilisé pour construire les avions.

Parlez-nous de l’émission de télévision que vous animez sur France Ô.

Elle se nomme Le monde vu par ; elle dure 26 minutes. J’invite des personnalités qui expliquent comment leur engagement est né, parfois dans leur enfance.
Propos recueillis par

PHILIPPE LACOCHE

« Nos Histoires de France », Daniel Picouly, éditions Hoëbeke, 188 pages, 30 euros

Quatrième de couverture : « À l’heure de la leçon d’histoire dans les écoles d’autrefois, l’instituteur accrochait sur les murs de la classe des « planches pédagogiques » et un cortège de héros surgissait alors sur de belles images en couleurs…»