On imagine sans peine le climat maussade qui doit régner à l’Elysée ces jours-ci. Après le grand succès démocratique des primaires socialistes qui a retenu l’attention d’une majorité de Français, le sondage réalisé hier par CSA pour BFM TV /RMC/20 minutes vient encore enfoncer le clou sur un flanc droit déjà fort mal en point. Parmi les sondés, François Hollande bénéficierait au second tour des présidentielles de pas moins de 62% des suffrages, quand Nicolas Sarkozy, pour sa part, ne serait crédité que de 38 malheureux pour-cents. Présage d’une victoire écrasante ? Ces intentions de vote recueillies hier témoignent quoi qu’il en soit d’une méfiance très marquée de l’électorat vis-à-vis du président sortant. Elles montrent également combien le parti socialiste sort renforcé des primaires. Et l’ensemble de la gauche par la même occasion. Si l’on comptabilise en effet le total des intentions de vote au premier tour pour des candidats de gauche (les verts y compris) et d’extrême gauche, on atteint les 44,5% contre 30% pour les partis de droite (FN exclus).
Enfin, selon le CSA, “l’ambition de Nicolas Sarkozy d’aborder en tête le second tour semble d’autant plus difficile à réaliser que 61% des Français excluent aujourd’hui de voter pour lui au 1er tour”.
Pente savonneuse donc pour la droite et qui promet de le rester.

3 Commentaires

  1. Hollande a une chance de conserver sa pole position. Il faut pour cela qu’il surprenne l’adversaire. Mais lorsqu’on a surpris une première fois, le perdant d’un jour a tout le temps de s’adapter à la nouvelle génération de jeu avant un deuxième match. Hollande doit donc produire la surprise à chacun de ses assauts. Il doit pour cela produire des idées sans tabou. Il doit pouvoir se surprendre lui-même, choquer les siens s’il souhaite soulever un vent de panique vers le camp des autres. Il est de ce fait fortement conseillé d’aller s’aventurer sur les terrains que d’autres charrues labourent déjà. Non seulement un sujet n’appartient à personne, mais il doit être arraché aux mains qui se le sont approprié. L’UMPS ne sera un concept opérant que si tout ce que touche Le Pen est aussitôt déclaré intouchable. À ce titre, la récente mise au point réclamée à Élisabeth Badinter sur son distanciement d’avec ses ennemis héréditaires après qu’elle s’était inquiétée de voir le thème de la laïcité confisqué par l’infréquentable qui s’en emparait, me semble suffisamment édifiant pour ne pas m’y catastropher plus longtemps. La supériorité de Sarkozy pendant quelques années fut d’avoir été une locomotive dont nous n’eûmes plus d’autre possibilité que de monter ou de sauter en marche des wagons qu’elle tractait. À en juger la réaction immature de l’UMP au lendemain des primaires socialistes, la gauche sait aujourd’hui que si elle ne craint pas de se montrer adroite, ce n’est pas elle qui sera la plus gauche. De quoi détourner tous les électorats vers soi!

    • P.-S. : Ne laissez pas les journalistes vous qualifier de hollandais! C’est une façon de dire aux Français que sur les deux candidats républicains prévus au second tour, il y en a un qui s’est trompé de pays.

  2. La gauche et la droite sont comme yin et yang. Une touche de yang dans le yin, une touche de yin dans le yang. On peut choisir de tourner le disque, face A : lumière de la nuit; face B : ombre du jour. C’est toujours un seul et même astre en révolution dédoublée. Qui tourne autour de ce qui l’attire, vers le découvrement, vers le recouvrement. Les idolâtres y voient un complot contre leurs deux royaumes de la nuit absolue et du jour éternel. Là-dessus, ils voient juste. À droite la liberté, à gauche l’égalité. Osez les mélanger, et vous obtiendrez cette couleur qu’aucun parti ne s’est jamais risqué à garantir, cette troisième couleur que nous ne connaissons pour l’instant que de nom.
    Le trouble de Dèmos provient de sa méprise à l’égard de la procession des choses. Bloqué sur le principe d’exclusion, il ne sent pas que l’enserre un autre cercle concentrique un peu plus grand que celui auquel il se raccroche comme à une bouée dans la tempête des perceptions. Là où il devrait observer l’un et l’autre, il semble ne pouvoir s’imposer en serviteur du suivant qu’après avoir conchié le précédent et disqualifié d’un même coup de bêche ceux qui le vénéraient. Mais c’est bien méconnaître la nature du fleuve principiel que de s’imaginer qu’il ne change ni de forme ni de fond jusqu’au tonneau où il se jette, ce sans d’un bout à l’autre cesser d’être soi. Il veut pouvoir jongler avec la nation et avec la population, avec l’évolution et avec la mutation, avec la protection et avec l’ouverture, avec l’unité et avec la pluralité, avec la majorité et avec la minorité, avec le genre et avec le sexe, avec la valeur et avec la couleur, avec la nature et avec la culture, avec l’histoire et avec le mythe, avec l’économique et avec le politique, avec l’effort et avec le soutien, avec la justice et avec le pardon, l’intelligence de ces principes résultant de leur tenue en respect réciproque, de leur condamnation à la perpétuité logique. La cathédrale a sa propre logique, Esmeralda a la sienne, Frollo et Trouillefou ont la leur, Quasimodo et Hugo en sont la somme. L’homme politique du futur aura surmonté la phobie des hétérogonismes jusqu’à l’antagone. Il se sera illustré par sa capacité à ne plus opposer les principes dont on se doit de célébrer la naissance gémellaire avec égalité. Par instinct de conservation. Par instinct de progression.