Nous assistons à une guerre. Une guerre menée par un gouvernement contre son propre peuple. Ce qui est à l’œuvre en Syrie n’est autre qu’un un terrorisme d’Etat. Pour l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la chose est très claire, ce dimanche aura été “l’une des journées les plus sanglantes”, depuis le début de la révolte en mars dernier.

Témoin de l’offensive de l’armée syrienne (on parle de villes prises littéralement d’assaut par des blindés !), un médecin raconte : “Les chars nous attaquent en provenance de quatre directions différentes. Leurs mitrailleuses tirent à l’aveugle et les chars détruisent les barricades érigées dans les rues par les habitants.” Un autre : “ Le bilan est lourd, il y a des corps dans les rues qui n’ont pas encore été ramassés”.

Pour la seule ville de Hama, on recense une centaine de civils tués.
A Deir le-Zor, dans l’est du pays, une vingtaine d’autre civils ont succombé à leurs blessures (la plupart touchés à la tête et à la poitrine).
6 à Harak. 5 autres à Homs. Selon la Ligue syrienne des droits de l’homme le nombre de victimes s’élèverait à 140 personnes.

La répression vise aujourd’hui toute la Syrie, y compris sa capitale où pas moins de 500 personnes ont été arrêtées vendredi dans une opération de ratissage dans le quartier de Qadam (on signale notamment l’enlèvement de nombreux intellectuels, dont Shadi Abou Fakher, chargé de production au sein de l’Office nationale du cinéma).

Malgré cette féroce répression, des manifestations ont lieu et auront lieu chaque soir, les insurgés étant fermement déterminés à ne pas arrêter leur mouvement. Comme le souligne un intellectuel syrien, “pendant le ramadan [lequel débutait aujourd’hui], c’est comme si chaque jour était un vendredi”, le jour de la prière hebdomadaire étant celui où la contestation s’exprime avec le plus de force. En outre, la contestation s’organise et coordonne ses actions. Elle a su éviter le piège du régime qui a tenté de monter une guerre confessionnelle à Homs entre sunnites et alaouites.

La pression de la communauté internationale s’est à nouveau accentuée contre le régime syrien. Le chef de la diplomatie britannique, Williame Hague, a réclamé “davantage de pression internationale”, tout en rejetant la possibilité d’une action militaire. Rome a quant elle réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, suivie, quelques heures plus tard, par l’Allemagne, qui préside le Conseil.
Barack Obama a promis que “les Etats-Unis continueront d’accentuer la pression sur le régime syrien et coopéreront avec d’autres pays à travers le monde pour isoler le gouvernement d’Assad et soutenir le peuple syrien”.

Assad a réaffirmé ce lundi, après avoir félicité l’armée “patriotique” syrienne, que la Syrie était, bien entendu, la cible d’une conspiration internationale visant à le démanteler…

Début juin, plusieurs pays européens, dont la France, avaient présenté un projet de résolution condamnant la répression menée par Damas. Depuis les discussion sont bloquées par la Chine et la Russie, qui menacent d’opposer leur veto à ce texte. D’autres pays membres du Conseil de sécurité comme le Brésil, l’Inde, le Liban et l’Afrique du Sud y sont également hostiles, arguant qu’une résolution qui condamnerait le régime de Bachar al-Assad pourrait être la première étape vers une intervention militaire occidentale.
Ce que dément formellement le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, expliquant que, de toute façon, “les conditions ne pas réunies” pour une intervention militaire sur le sol syrien contrairement à Libye, dit-il, où “nous menons une opération basée sur un mandat clair de l’ONU [et] nous avons le soutien des pays de la région”.

Le mouvement de contestation aurait fait 1634 morts selon un récent rapport de l’ONG Avaaz, qui avance également le nombre de 2918 disparus. Il y aurait eu en outre plus de 25000 personnes arrêtées dont la moitié serait toujours derrière les barreaux.