Les insurgés libyens du Djebel Nefoussa sont désormais bien armés, encadrés et déterminés à marcher sur Tripoli, face à des forces kadhafistes contraintes de se battre sous la menace de « snipers » de leur propre camp, a déclaré dimanche à Reuters l’écrivain Bernard-Henri Lévy, de retour de cette zone.

L’essayiste français, engagé aux côtés de l’opposition libyenne depuis le début de la crise, a passé deux jours, vendredi et samedi, dans cette région de l’ouest de la Libye où semble se jouer le sort du régime de Mouammar Kadhafi.

Il a recueilli dans la ville de Zentane le récit de prisonniers, dont celui d’un artilleur libyen et de mercenaires africains, qui font état d’une démoralisation des kadhafistes.

Selon l’artilleur, blessé et détenu à l’hôpital de Zentane, leur moral, y compris dans la composante libyenne, « est très bas, leur détermination très faible et une partie d’entre eux ne tiennent que sous la menace », explique Bernard-Henri Lévy.

« Cet homme m’a dit que les éléments jugés peu sûrs de l’armée libyenne, qui, d’après lui, sont extrêmement nombreux, sont envoyés au front avec, en deuxième ligne, des tireurs prêts à les abattre en cas de tentative de défection. »

Cinq autres soldats libyens blessés et détenus au même endroit ont corroboré ses dires, a ajouté l’écrivain.

Les mercenaires constituaient la moitié de la cinquantaine de détenus dans une ancienne école coranique transformée en prison. Ils étaient originaires du Niger, du Mali, du Tchad et du Soudan et « en mauvaise condition physique ».

« L’expression chair à canon ne m’a jamais parue aussi vraie. Ce ne sont pas des soldats d’élite. On sent que les recruteurs de Kadhafi ont pris tout ce qu’ils trouvaient », souligne Bernard-Henri Lévy, selon qui « ces hommes, payés en moyenne 500 dollars la semaine, constituent une proportion non négligeable des troupes qui se trouvent en face des insurgés. »

L’écrivain, qui est allé plusieurs fois en Libye depuis le début de la crise, récuse l’idée que le conflit s’enlise.

« Les rebelles ont gagné 50 km en 15 jours et se préparent à prendre Al-Assabah, dernière étape avant Gariane, qui commande l’accès à Tripoli », explique-t-il.

Il évalue entre 1.500 et 2.000 le nombre de combattants engagés dans cette bataille du côté des insurgés.

Sa description diffère de celle que les autorités françaises faisaient en juin d’une population civile démunie, à laquelle la France parachutait des armes pour l’aider à se défendre.

« Ce sont des gens armés, encadrés, déterminés et ayant la rage de vaincre », souligne l’écrivain. « Leur idée est vraiment de prendre Tripoli et ils sont en position de le faire. »

Ces insurgés sont notamment encadrés par d’anciens militaires kadhafistes ralliés à la rébellion, dont un colonel Kawar Khalifa, commandant en second des opérations dans la zone de Zentane, précise-t-il. Il n’a en revanche pas confirmé la présence d’instructeurs arabes aux côtés des insurgés.

Bernard-Henri Lévy dit avoir vu des caisses de munitions, notamment des roquettes de lance-grenade de type RPG, qui font partie des 40 tonnes d’équipement parachutées par la France.

Selon l’écrivain, les frappes aériennes de la coalition internationale conduite par la France et le Royaume-Uni contre les forces kadhafistes aident effectivement les rebelles.

« Il y a une vraie coordination stratégique et tactique entre l’Otan et les insurgés », explique-t-il, tout en déplorant que la coalition n’ait pas encore bombardé trois localités d’où les troupes de Kadhafi tiennent sous leur feu le Djebel Nefoussa.

Il fait état d’une politique de la terre brûlée à laquelle se livrent les troupes Kadhafistes lors de leur retraite.

« Sur 50 km, entre Zentane et Goualich (à une centaine de kilomètres de Tripoli), tout a été brûlé, les maisons et les bêtes, avec une espèce de rage systématique », raconte-t-il.

Un conteneur cylindrique d’une cinquantaine de centimètres de haut laissé par les kadhafistes pourrait laisser penser, selon l’écrivain, qu’ils utilisent du napalm : une étiquette collée sur son flanc porte l’inscription « 1 Igniter for napalm bomb », sans toutefois d’autre indication sur son contenu.

Emmanuel Jarry, pour Reuters.

2 Commentaires

  1. Et si la fraternité des Infusen et des universalistes judéo-chrétiens n’était pas le fruit de la seule abstraction conceptuelle des Lumières psychiques. Et si nous nous souvenions de la longue traversée du désert consécutive à la destruction de la maison de IHVH. La voie des oasis parallèle à la voie maritime où les réchappés s’arrachent à la déportation babylonienne vers l’exil africain. Les Hébreux, un peuple entre désert et mer, entre expulsion et retour. Les voici à un moment de leur histoire errante. À la rencontre des Zénètes, qui ne mettent pas longtemps à se laisser envahir par l’Être du Dieu unique. Augustin d’Hippone rapporte qu’à la période où Rome décide de rompre avec la tolérance antique telle que la rendait possible le génie polythéiste, et sa hiérarchie asseyant la domination des uns sur la soumission de ceux dont il faut dans ce but préserver l’existence, elle va devoir convertir au christianisme des populations berbérophones à quatre-vingts pour cent judaïsées. L’islam se superposera sur ces quatre strates animique, polythéiste, monothéiste et monothéiste, dont il ne fait pas l’ombre d’un doute que le dernier chaînon ressent dès qu’il bouge une synapse la résistance des chaînons qui s’accrochent à elle. Est-ce à dire que les retrouvailles des Infusen avec des sectateurs de leurs anciens cultes sonnerait forcément la rétroversion après la conversion? Et pourquoi pas n’y voir que le fait qu’un être humain est avant tout un animal dont le libre arbitre précède l’appartenance religieuse, et mieux encore, l’appartenance ethnique? Si la souvenance de ce que nous fûmes entraînait inexorablement l’effacement de ce que nous sommes, seule l’amnésie viendrait à bout du vecteur de régression. Or l’effacement de la mémoire ne ferait pas la distinction entre aujourdui et hier, substituant au mythe du recommencement ou échappée belle, celui de l’annulation pure, et simple. Peut-être alors faut-il que nous n’ayons rien à craindre. L’identité des Libyens est belle autant que l’est l’identité des Français. Aussi complexe aussi. Nous sommes plusieurs choses à la fois, en longueur, en largeur et en profondeur. Plusieurs choses l’une après l’autre, plusieurs choses en même temps, le tout en un. La question qui désormais va se poser à nous réside dans le fait de savoir de quoi est fait cet «un», pouvant maintenir instantanément ce qui sans lui s’écroule à la même vitesse.

    • P.-S. : Bien sûr, par le «nous» de ce «que nous n’ayons rien à craindre», je me mets avec qui veut s’y mettre à la place des forces loyalistes auxquelles la notion de coexistence pacifique des cultes semble équivaloir aux noces forcées des ingrédients d’un cocktail Molotov géant.