La ministre française de l’Économie, Christine Lagarde, a pris hier la tête du Fonds monétaire international (FMI). « Une victoire pour la France », selon l’Élysée. « Un honneur et une joie », selon la principale intéressée. À 55 ans, devenant la première femme à diriger cette institution, elle doit commencer le 5 juillet un mandat de cinq ans.

Le soutien apporté hier à la Française par les États-Unis avait achevé d’éliminer tout suspense, tandis que même le Brésil annonçait qu’il optait pour sa candidature. Ce dernier pays n’a donc pas fait jouer la solidarité de la région, alors que le candidat concurrent de Christine Lagarde était le Mexicain Agustín Carstens.

« Le talent exceptionnel et la vaste expérience de Mme Lagarde apporteront une direction incomparable à cette institution, indispensable, à un moment critique pour l’économie mondiale », a déclaré le ministre américain des Finances, Timothy Geithner, dans un communiqué, prolongeant la convention tacite selon laquelle, depuis 1946, la direction du FMI revient à l’Europe, et la présidence de la Banque mondiale aux États-Unis. Le conseil d’administration du FMI avait décidé en mai de choisir le successeur de Dominique Strauss-Kahn « par consensus », comme il l’a toujours fait.

Christine Lagarde avait gagné lundi un soutien de poids avec la Chine, et hier un autre avec la Russie. Cela portait à 12 le nombre d’administrateurs en sa faveur, en comptant les 7 représentants de l’Union européenne, plus un Égyptien et un Togolais.

Face à elle, Agustín Carstens pouvait se prévaloir de quatre soutiens : son compatriote mexicain et des administrateurs argentin, australien et canadien. Le Japon, pays dont l’administrateur a le plus de droits de vote après les États-Unis, avait gardé le silence.

Notons que, pour la première fois, deux candidats ont fait campagne dans le monde entier. Tous deux se sont attiré des éloges. Mais, par rapport au candidat mexicain, « le grand avantage de Christine Lagarde est de représenter une continuité dans la coopération entre le Fonds et la zone euro », affirme, sous couvert d’anonymat, une source proche du FMI.

Le déroulement de cette succession a beaucoup déçu ceux qui espéraient un changement. Vendredi, une trentaine d’organisations non gouvernementales ont appelé le Fonds à revoir entièrement sa copie. « La désignation imminente de Christine Lagarde à la tête du FMI a mis à nu l’hypocrisie d’une procédure de sélection qui n’a jamais été ni vraiment juste, ni ouverte, ni fondée sur le mérite », ont-elles estimé.