Notre correspondant à Ramtha (frontière jordano-syrienne),

Au lendemain de la promesse d’un « dialogue national » et d’un cessez-le-feu de la part du gouvernement El Assad, l’opposition syrienne continue de compter ses morts. Trois jours après un nouveau « vendredi de la colère » qui a vu des milliers de Syriens défier leur président à travers l’ensemble du pays, les habitants de la ville de Deraa, berceau de la contestation, ont fait hier une macabre découverte. Au moins vingt corps ont été retrouvés enterrés dans une fosse commune sur la plaine Muhammad Al-Sarri, à l’ouest de la ville. « Après s’être emparés des corps, les soldats multiplient les arrestations aux domiciles des manifestants et tirent en l’air pour effrayer la population », affirme par téléphone Muhammad,  habitant cloîtrée chez lui. Parmi les corps figurent celui d’AbdolAziz Abazied, 68 ans et ceux de ses quatre enfants, touchés à la tête, vraisemblablement par des snipers embusqués.

« Les autorités syriennes ne nous rendent qu’une demi-douzaine de corps par jour qu’ils ne nous autorisent à enterrer qu’en petit comité pour éviter de nouvelles manifestations. Or le nombre de disparus à Deraa est légion », regrette pour sa part Hala, qui n’a plus de nouvelles de son père depuis deux semaines. « Il ne reste plus que des femmes à Deraa », soupire-t-elle maintenant.

Cette répression désormais quotidienne en Syrie n’a pas empêché hier la tenue de nouvelles manifestations dans les villes de Homs, Hama, Harak, Saqba et Al-Taybe, demandant à chaque fois la chute du Régime El-Assad.

Mais là encore, la réponse de l’armée ne s’est pas faite attendre, quitte à contredire les promesses gouvernementales. Hier, les chars ont encerclé les villes de Madaya, Al Ghaida, Nuwa, et Saraqib, tandis que des tirs et des bombardements ont été entendus à Tal-Kalikh et Homs. La ville d’Henkal ayant enregistré au moins 40 décès à la suite de son invasion mercredi dernier, un bilan encore plus lourd est désormais à craindre.

L’arrestation le 13 mars dernier à Deraa de seize enfants qui s’amusaient à reproduire dans la rue les scènes de la place Tahrir entrevues sur Al Jazeera a provoqué l’une des plus graves crises politiques jamais connues par la Syrie. Selon les organisations syriennes des droits de l’Homme, au moins 880 personnes ont été tuées, et 8 000 sont détenues ou portées disparues depuis deux mois.
Le charnier :
1ère partie

2ème :

3ème :


Les manifestations de lundi :

à Hama :

à Harak :


à Homs:

à Saqba :