Le président syrien Bachar El-Assad a annoncé hier, jeudi 21 avril, la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1963 et a promulgué des décrets censés alléger le dispositif sécuritaire (abolition de la Cour de sûreté de l’État, juridiction d’exception, et changement de la réglementation concernant les manifestations).

Les opposants demeurent sceptiques sur la portée de cette mesure, la jugeant insuffisante. Ils ont lancé aujourd’hui sur Facebook des appels à de nouvelles manifestations contre le régime. « Elle ne répond qu’à une partie des revendications du peuple », a déclaré Haitham Maleh, avocat des droits de l’Homme. Les manifestants réclamaient en effet, outre la levée de l’état d’urgence, que les détenus politiques soient libérés, les opposants en exil autorisés à rentrer et que les manifestations soient autorisées.

Cette concession, promise depuis longue date, qui est « un premier pas dans la bonne direction », selon les termes du ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, demeure purement symbolique, dans la mesure où restent en vigueur nombre de lois laissant aux forces de sécurité des pouvoirs toujours très étendus.

La Syrie est en effet en proie à une énorme contradiction interne, et sûrement volontaire. Bien que le gouvernement multiplie les signes de conciliation – levée de l’état d’urgence, annonce de réformes, notamment en ce qui concerne les manifestations, jusqu’alors souvent sanglantes… –, dans la réalité du peuple syrien, la répression est affreuse. La police, les services secrets font un maximum de dégâts et un blocus sur l’information est effectif au sein même du pays.

Selon Amnesty International, au moins 228 personnes ont été tuées depuis la montée du mouvement de contestation entamé le 15 mars en Syrie, et vendredi « sera un véritable test de la sincérité du gouvernement concernant l’application des réformes ».

Le doute nous est permis, étant donné qu’à Homs, devenu au fil des jours le haut lieu de contestation contre le régime d’Assad, ont pris place les forces de sécurité, armées de fusils d’assaut, déployées en prévision des manifestations de ce vendredi. Avec de fausses avancées, rien ne semble donc acquis, et le peuple Syrien devra encore se battre pour faire valoir ses revendications démocratiques.