La chose a donc été acceptée, et des deux côtés.

Le ministre de la Culture, en accord avec le maire d’Avignon, proposera le nom d’Olivier Py comme candidat à la succession du duo Hortense Archambault-Vincent Baudriller à la direction du Festival, à partir de 2013.

Si, rapporte-t-on de source sûre, la première réaction d’Olivier Py, au moment où il apprit la nouvelle, fut la déception – il ne pourrait pas, ne pourrait plus briguer un second mandat à la tête de l’Odéon -, il n’en demeurait pas moins impossible de refuser l’ouverture qui lui était faite.

Décliner l’offre eût été, non seulement trahir un de ses rêves les plus chers, plus ancien même que son aspiration à diriger l’Odéon, mais aussi, plus stratégiquement, prendre le risque de passer pour ingrat, voire capricieux.

Olivier Py eût ainsi pris le risque de ne pas servir le théâtre public français.

Que ses soutiens se rassurent, Avignon le verra arriver à sa tête dès 2013. Pour la première fois depuis Jean Vilar, un metteur en scène dirigera le Festival.
L’épopée promet d’être fascinante.

Mais à ce moment où la polémique semble achevée, il convient de jeter un regard au « projet » qu’Olivier Py et son équipe avaient porté: ce projet d’ouverture à tous les horizons, aussi bien géographiques, avec un printemps arabe monté il y a quatre ans, génériques, avec l’entrée en force de la philosophie, de la poésie et de la littérature, politiques, avec les assises de la prostitution, des colloques sur la construction européenne, et d’autres manifestations qui ont fait de l’Odéon un nouveau centre de la vie intellectuelle française.

Au fond, face à tant d’ouverture, on pense presque à Patrick Devedjian, disant, en 2007, que l’ouverture devait aller jusqu’aux sarkozystes : Olivier Py a poussé la définition de l’Europe jusqu’aux Français, dont on avait décidé jusque-là, explicitement mais non dans les faits, qu’ils n’étaient pas Européens au théâtre.

Ce projet s’arrêtera en mars 2012, pour laisser place à celui qu’aura élaboré d’ici là Luc Bondy.

La question qui se pose aujourd’hui consiste à savoir ce que fera ce dernier : tentera-t-il de proposer une nouvelle frontière théâtrale? Mais, après Olivier Py, laquelle?

Accueillant dans ses murs la résidence d’un artiste associé, Joël Pommerat, pour un an et demi de son propre mandat, choisira-t-il de s’inscrire dans la continuité de ce qu’aura fait la direction précédente?

Pour poser la question autrement : en nommant Luc Bondy à la succession d’Olivier Py, lui aura-t-on fait, à soixante-trois ans, le cadeau, magnifique autant qu’empoisonné, d’incarner l’héritage de son cadet de vingt ans?

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