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Entretien France Culture du 15 janvier 2011. Arnaud Laporte invite Christine Angot et Maître Georges Kiejman.

Deux jours après la parution des Petits, le tout dernier roman de Christine Angot, Arnaud Laporte, animateur à France Culture, la reçoit en compagnie de Maître Georges Kiejman, éminent avocat qui se passe de présentations. Entretien donc, autour de la lecture d’un passage du roman, amenant Maître Kiejman et Christine Angot à soulever la question de cette « société qui estime, de plus en plus, qu’elle peut regarder par le trou de la serrure », qu’elle peut entrer dans quelque chose qui serait de l’ordre de la « privation de l’intime », et cela, quelques jours avant l’absurde procès intenté à l’écrivain. Georges Kiejman le souligne dans cet entretien : « Il existe une grosse différence entre littérature et média : il y a une manière grossière, indécente de s’emparer de l’intimité des autres et puis, il y a une manière (celle de la littérature) qui vous aide à partager cette intimité, à partager l’impartageable. Ce n’est pas du tout la même chose. »

V.G
Quelques phrases sorties :

 

« Je crois que [les procédures judiciaires contre des livres] sont des choses qui ont toujours existé. Il y a toujours eu des gens pour expliquer que leur vie leur appartenait et ne pouvait pas être réappropriée par des écrivains, malgré la distance qui naît précisément de l’écriture. » Maître Kiejman

 

« Ce n’est pas la justice qui regarde de plus en plus par le trou de la serrure – souvent d’ailleurs, elle n’y regarde pas assez, de telle sorte qu’elle n’a qu’une perception très partielle de la réalité – ce sont les médias qui considèrent que tout champ de connaissance leur est ouvert. Et cela est lié à une nouvelle société faite de moyens de communication très rapides qu’on ne peut même plus contrôler… » Maître Kiejman

 

« Cette question des médias, d’une société qui, de plus en plus, estime qu’elle peut regarder par le trou de la serrure, voire, qu’elle doit regarder par le trou de la serrure […] Il se passe une chose qui est de l’ordre de la privation de l’intime. Le travail de l’écrivain, c’est restituer l’intime dans ce qu’il a, justement, d’impartageable. » Christine Angot

 

« Le travail de l’écrivain fait quelque chose qui n’est pas de l’ordre du renseignement. Cette question du renseignement qui se pratique sur les vies privées, ça c’est une agression. La littérature ne fait pas du renseignement. » Christine Angot

 

« La littérature travaille contre les préjugés. Le préjugé n’est pas quelque chose qui s’embarrasse de complexité, de détails. Ce n’est pas quelque chose de méchant, mais quelque chose de simple, trop simple. » Christine Angot

 

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