TEHERAN — L’Iran a libéré samedi deux journalistes allemands après quatre mois de détention, qui devaient regagner l’Allemagne dans la nuit de dimanche avec le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle venu spécialement les chercher.
Lors de sa visite de quelques heures, la première d’un ministre de l’UE en Iran depuis plusieurs années, M. Westerwelle a été reçu par le président Mahmoud Ahmadinejad et a eu des entretiens avec son homologue iranien Ali Akbar Salehi.
M. Ahmadinejad a notamment évoqué avec M. Westerwelle « les questions régionales, la situation en Afghanistan et la nécessité d’une coopération contre le terrorisme et le trafic de drogue », selon le site de la présidence iranienne.
Lors d’un bref point de presse commun avec M. Salehi, M. Westerwelle a indiqué que la rencontre entre les deux ministres avait permis « un « échange de vues et d’opinions », selon la traduction en direct faite par la chaîne de télévision iranienne en anglais Press-TV.
« C’était une rencontre pour faire connaissance », a-t-il ajouté en précisant qu’elle n’avait « pas été le moment de discuter des grandes questions ».
M. Salehi a affirmé pour sa part que la visite de M. Westerwelle à Téhéran visait à « renforcer les relations bilatérales », et que les deux ministres avaient « décidé d’autres rencontres déjà programmées dans le futur ».
Il a exprimé le souhait de l’Iran de « regarder vers le futur » dans ses relations avec l’Allemagne, estimant que les deux pays avaient « de nombreuses question à discuter ».
L’Iran est soumis depuis 2007 à des sanctions politiques et économiques sévères imposées par l’UE en raison de son programme nucléaire controversé, qui prohibent notamment les contacts bilatéraux de haut niveau avec Téhéran.
M. Westerwelle devait repartir pour l’Allemagne immédiatement après ces entretiens, en compagnie des deux journalistes libérés, Marcus Hellwig et Jens Koch, du journal Bild am Sonntag (BamS).
Les deux Allemands, détenus à Tabriz (nord-ouest) depuis le 10 octobre 2010, étaient arrivés par avion à Téhéran en début de soirée. « No comment », a répondu l’un d’eux aux journalistes qui leur posaient des questions.
Avant leur libération, ils ont été condamnés chacun à une peine de prison de 20 mois qui a été immédiatement transformée en une amende de 500 millions de rials (environ 50.000 dollars), selon l’autorité judiciaire qui expliqué qu’ils avaient été convaincus de « délit contre la sécurité nationale ».
Les deux journalistes avaient été arrêtés à Tabriz alors qu’ils interviewaient le fils et l’avocat de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une Iranienne condamnée à la lapidation dans une affaire de meurtre et d’adultère et en faveur de laquelle la communauté internationale s’est mobilisée.
Les autorités iraniennes leur reprochaient d’être entrés en Iran avec des visas de tourisme, sans avoir demandé l’autorisation spéciale et le visa de presse que les journalistes étrangers doivent obtenir pour pouvoir travailler en Iran.
L’Iranienne Sakineh Mohammadi-Ashtiani, emprisonnée à Tabriz, a été condamnée à mort par deux tribunaux en 2006 pour son implication dans le meurtre de son mari et adultères. Sa condamnation pour meurtre a été ramenée à 10 ans de prison en appel en 2007, mais sa condamnation à la lapidation pour adultères a été confirmée par une autre cour d’appel. La justice a décidé de réexaminer son dossier et n’a pas encore rendu son verdict final.
(Source AFP)