Le 15 février 2010, Village au Rajasthan

« Il pleut ». Les paons l’avaient prédit au coucher du soleil, leurs cris d’avertissement ont empli les montagnes. Il pleut. Les perroquets verts adorent ça et se lissent les plumes au sommet des arbres. C’est la pluie qu’en Afrique on nomme « la pluie des mangues », une petite douche interstitielle entre deux moussons et qui peaufine la saveur des fruits et des grains. Il pleut sur le sec Rajasthan et sur le nord de l’Inde, et c’est une bonne nouvelle : « Good for the crops », bon pour les récoltes, disent en chœur des millions d’Indiens, pour qui, Numérique ou pas, le vrai Premier ministre de l’Inde demeure la mousson.

Justement, cette année, elle a été bonne ; avec la pluie de février, on est sûr d’avoir du blé en quantité. Le Times of India en profite pour mettre à la Une un article alarmiste sur la mauvaise récolte de blé en Chine, doublé d’une rapide analyse sur les effets de la hausse des prix de la nourriture, cause majeure du renversement de Moubarak et des manifs actuelles à Oman, en Israël, en Jordanie, au Yémen, en Tunisie, en Algérie. Un autre article fait remarquer qu’en Inde, les prix du blé et du sucre diminuent spectaculairement depuis un an, mais l’homme de la rue, entendez sa rombière, devrait quand même trouver que la vie est chère, car les prix des fruits et légumes montent dans les mêmes proportions. Du coup, on ajuste celui de l’oignon, qui, comme la mousson, gouverne l’Inde.