Joseph Durand, collégien actuellement en classe de 5ème.
Grand lecteur de Tolkien, de Mangas, de JK Rowling et de Jules Verne…
Pas de prétention mais juste la passion d’écrire d’un jeune adolescent. Publié pour la première fois dans La Règle du jeu en septembre 2007.

A la question d’entrée au collège : Qu’attendez-vous du programme de français? Il a répondu « Moins de français, plus de littérature ».

Voici quelques poèmes de notre plus jeune collaborateur…

La Sauterelle

Sous le soleil de minuit,
Sur le corps rond d’un nymphéa,
Derrière le murmure de la nuit,
Une sauterelle pleure tout en émoi.

Son petit chant cristallin,
Naviguait sur la rivière,
Et quand perça le doux matin,
Elle se cacha dans les fougères.

« Ô mère nature,
Trop longtemps oubliée,
Toi qui est si pure,
Laisse nous donc t’approcher. »

Une ombre s’allonge sur la plaine,
Et tourne autour d’une fraise mûre,
C’est notre sauterelle, l’âme en peine,
Qui pense à son destin obscur.

Notre amie la sauterelle,
Fut prise d’un puissant désarroi,
Car solitude laisse des séquelles,
Que seul le temps effacera.

Profondeurs

Je ne suis qu’une goutte,
Que vous faut-il de plus ?
Je ne suis qu’une goutte,
Je ne parle pas le russe.

Aucun don,
Aucun talent,
Tel un galion,
Sur l’Océan.

Dès qu’je m’échoue quelque part,
Sans attendre je repars,
Ballotté au bon vouloir,
D’une mer remplie de désespoir.

Et une baleine, en dérivant :
« Ô, immensité vermeille,
Dont la beauté sans pareil,
Envoûte vite le cœur des gens ! »

Puis l’Océan dans un murmure,
Aussi claire que l’Azur,
Contraignit la belle baleine,
À garder pour elle sa peine.

C’est son destin,
Rira la mort,
Car couleur vin,
Devient son corps.

J’irai sans peur,
Aux profondeurs,
Car l’on ne vit,
Que dans l’oubli.

Un Bruit paisible

J’entends le bruit paisible
D’une harpe invisible.

Gamins des rues et scélérats
Gâchent ce bruit d’amertume
Qu’est le clapotis de l’écume.

Aux injures et grossièretés
D’une nature ensevelie,
La tempête est impassible.

Ce bruit filou
Qui trompe les moutons
Et les emmène au loup.

Ce bruit insistant et rêveur
Qui nous abandonne à la peur
Resurgira-t-il des abîmes,
Tel un ami anonyme ?

Seul

Et voilà, c’est fini,
Ça n’a pas pu commencer,
Et pendant une nuit sans vie,
Je me suis mis à penser.

L’esprit errant,
Par-ci, par-là,
Indifférent,
Sans cœur ni joie.

L’âme fermée,
À tout passant,
Presque oublié,
Parmi les gens.

Est-ce un grand don ?
Est-ce un talent ?
Que de penser,
Différemment.

Je me sens seul,
Pris par la foule,
Des gens s’engueulent,
Ou bien se soulent.

Et c’est la nuit quand on pense,
Par d’ssus les cris du silence,
Qu’on entend rugir au loin,
Une bande de joyeux lycéens.

L’Errant

Un beau jour, dans la campagne,
Assis d’vant la belle église,
Un soldat, sans compagne,
Avait perdu toute sa mise.

Il s’trainait, par-ci par-là,
Dans de pauvres ruelles sombres,
Des familles passèrent par là,
Mais ne virent même pas son ombre.

Le soleil s’en alla,
Il fut pris au dépourvu,
Dévoré par le froid,
Il courut, il courut.

À la dérive

Mes yeux s’ouvrent, un beau matin,
Dans une chambre illuminée,
Je suis comme un vieux sapin,
A la dérive, le bois brisé.

Je me roule dans tous les sens,
Tel un chat nouveau-né,
Sans conscience, ni élégance,
Je me redresse sur mes deux pieds.

Je déambule un peu partout,
Sans croiser âme qui vive,
Je vais au loin, sans aucun sou,
Mes jambes faibles à la dérive.

12 Commentaires

  1. Joseph, petit frère, un conseil, un seul. Lis bien les réactions à ton art: celles-là t’en diront beaucoup du genre humain.
    Bon voyage, sauterelle !

  2. Mais comment est-ce possible. Il n’aurait que 12 ans?
    Qu’est-ce que j’aimerais écrire comme ça à mon âge… lol

  3. Bravo élève Durand !
    Du chemin vous ferez
    Si des bêtes et des méchants
    Jamais ne croisez !

    Pfiou et vous dîtes être un ado
    … avec autant de vécu derrière vos mots !

    • Hahaha… Un « élève de cinquième », lecteur de « manga ».
      Allez, avouez le truc. C’est un fake.
      Un enfant ne pourrait écrire qu’il est « à la dérive ». Il dirait « je m’ennuie ».
      Qu’en saurait-il sur un soldat qui a « perdu sa mise ». Ne dit-on que les enfants se croient le centre du monde? Comment celui-ci peut se dire qu’il n’est « qu’une goute » et qu’il tombera dans l »oubli ».
      Ce ne sont pas là les questionnements d’un enfant…

    • Superbe et touchant, on attend de lire la suite dans quelques annees.
      Merci a MarcMarc pour cette critique, elle renforce le genie du jeune Joseph. Heureusement que tous les ados ne sont pas ingrats et nombrilistes, cela donne un peu d’espoir!