Contrairement à l’attente générale, Hosni Moubarak ne démissionne pas.
Son discours annoncé pour 21h00 a finalement eu lieu à 21h30 et a déçu la foule qui attendait place Tahrir, au Caire.

Hosni Moubarak s’adresse aux Egyptiens:

« Je suis fier de vous, la jeune génération, qui rêvez l’avenir et faites l’avenir. Tous vos martyrs ne seront pas oubliés. »

Il promet des sanctions contre ceux qui ont fait des victimes dans le mouvement de contestation.

« Jour après jour, nous marchons sur le chemin de la transition d’ici septembre prochain ».
Les revendications du peuple « sont justes et légitimes » mais il rejette les « diktats venus de l’extérieur ».

Il répète qu’il ne se présentera pas à ce scrutin, comme il l’avait promis lors de son intervention télévisée, le jeudi précédent. Mais il veut « garantir la passation du pouvoir à celui qui sera choisi » pour lui succéder « en septembre prochain après des élections libres et transparentes ».

Le « dialogue constructif » avec les jeunes et l’opposition doit se poursuivre pour « passer des généralités à un calendrier précis. Jour après jour, nous marchons sur le chemin de la transition d’ici septembre prochain ».
Il annonce la transmission des pouvoirs présidentiels à son vice-président Omar Souleimane. Et s’en remet à la commission mise en place pour entreprendre des modifications de la Constitution. Ces réformes prioritaires selon lui concernent les conditions de candidature aux élections et la durée des mandats, ainsi que la question de l’état d’urgence.

« La priorité est de retrouver la confiance en notre économie et notre réputation internationale. L’Egypte traverse des temps difficile. Il ne faut pas que cela dure. Ces événements ont nui à l’économie et à la sphère sociale. La crise ne concerne pas Hosni Moubarak, mais l’Egypte dans son présent et son avenir. Nous sommes tous dans la même tranchée », poursuit-il.

« Je ne quitterai mon pays que pour la tombe », a-t-il conclu.

La place Tahrir crie encore: « Dégage, Moubarak! »

Les trois dernières semaines du gouvernement Moubarak :

25 janvier : inspirés par l’exemple tunisien, quelques milliers de jeunes égyptiens manifestent place Tahrir au Caire pour des réformes politiques et sociales, après un appel lancé par le biais de Facebook. ils vont, à partir de cette date, occupé la place Tahrir.

29 janvier: sous la pression de la rue, Hosni Moubarak nomme le lieutenant-général Omar Souleimane, responsable des services secrets, au poste de vice-président, une première depuis son le début de son « règne ».

30 janvier: l’ex-directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Mohamed ElBaradei, prend la tête de la Coalition nationale pour le changement, un rassemblement hétéroclite qui tente de donner un visage politique à la révolte populaire.

31 janvier: l’armée déclare que les revendications du peuple sont légitimes. Elle s’engage également à ne pas faire usage de la force.

1er février : le président égyptien annonce qu’il ne sera candidat pas à la présidentielle de septembre, dans un discours officiel retransmis à la télévision nationale.

2 février : de violents heurts éclatent au Caire, quand des miliciens pro-Moubarak sont envoyés sur la place Tahrir pour déloger les manifestants anti-Moubarak.

6 février : l’opposition et des personnalités indépendantes conviennent, avec le vice-président Omar Souleimane, de créer un comité pour préparer des amendements à la Constitution d’ici la première semaine de mars.

8 février : alors que la contestation semblait s’essoufler, la libération, la veille, du cyberactiviste Wael Ghonim lui donne un nouveau souffle. Les manifestants de la place Tahrir sont plus nombreux que jamais.

9 février: alors que la révolte s’étend, et que desmouvements de grèves se multiplient, notamment à Port-Saïd et à Suez, le ministre des Affaires étrangères avertit que l’armée pourrait intervenir en cas de « chaos » en Egypte.

10 février : Moubarak, à la tête de l’Egypte depuis près de 30 ans, annonce qu’il transfère ses pouvoirs au vice-président.